Mehdi Tazi : “Bien que Marsh McLennan devienne majoritaire, je conserve la gestion de Marsh Maroc”

Dans cet entretien accordé à Médias24, Mehdi Tazi, président-directeur général de Beassur Marsh, revient sur la montée de Marsh McLennan dans le capital de Beassur Marsh, sur les défis du secteur du courtage et sur ses ambitions avec Axa Assistances.

Mehdi Tazi : “Bien que Marsh McLennan devienne majoritaire, je conserve la gestion de Marsh Maroc”

Le 19 septembre 2022 à 15h34

Modifié 19 septembre 2022 à 15h58

Dans cet entretien accordé à Médias24, Mehdi Tazi, président-directeur général de Beassur Marsh, revient sur la montée de Marsh McLennan dans le capital de Beassur Marsh, sur les défis du secteur du courtage et sur ses ambitions avec Axa Assistances.

Médias24: Le groupe Marsh McLennan compte acheter 35% supplémentaires de Beassur Marsh, lui permettant ainsi de détenir 70% du capital. Où en est la transaction ? 

Mehdi Tazi: Elle est en cours de finalisation. Nous attendons la non-objection du Conseil de la concurrence avant de pouvoir finaliser les dernières étapes administratives.

- Dans cette opération, vous cédez le contrôle de Beassur Marsh. Quelles en sont les raisons et motivations ? 

- Pour Marsh McLennan, cette opération est motivée par l’attractivité du marché marocain (de plus en plus de grands groupes, clients de Marsh au niveau mondial, opèrent au Maroc), par les performances que nous avons réalisées ces dernières années – nous enregistrons une croissance de plus de 30% par an depuis cinq ans, dans un marché qui croît en moyenne de 5 à 7% – et par la qualité des équipes marocaines et la confiance qu’elles ont su construire avec les équipes de Marsh.

Bien que Marsh McLennan devienne majoritaire, mes équipes et moi-même conservons la gestion de Marsh Maroc.

De notre côté, nous y trouvons également un intérêt certain. Marsh McLennan est de loin le leader mondial du courtage en assurance, avec un chiffre d’affaires de l’ordre de vingt milliards de dollars et une présence dans près de 130 pays. Être adossé à Marsh fait de nous l’assureur d’une grande partie des grands groupes présents au Maroc. Cela nous donne également accès aux meilleurs experts mondiaux dans chaque domaine d’activité de nos clients, et nous permet de bénéficier des toutes dernières innovations dans notre secteur.

Toutefois, bien que Marsh McLennan devienne majoritaire, mes équipes et moi-même conservons la gestion de Marsh Maroc. C’est d’ailleurs la reconnaissance de notre capacité à gérer aux meilleurs standards internationaux.

- S’agit-il d’une étape intermédiaire avant la cession totale de vos participations dans Beassur Marsh ?

- Absolument pas. Cette étape apporte, comme je l’ai expliqué, un bénéfice avéré aux deux parties. Au-delà de ça, cette association donne à notre entreprise les moyens de croître plus rapidement. Cette croissance peut se faire en investissant davantage dans nos équipes, mais aussi en croissance externe si nous trouvons des cibles à acquérir qui répondent à nos standards et à nos valeurs.

En façade, le marché du courtage se porte bien, mais cela cache certains défis qu’il convient d’adresser.

- Parlons un peu marché. Comment évolue le marché du courtage ?

- La croissance du marché du courtage suit la croissance du secteur de l’assurance non-vie qui, en 2022, devrait se situer autour de 5-7%. En façade, le marché se porte bien, mais cela cache certains défis qu’il convient d’adresser.

Tout d’abord le nombre d’intermédiaires, trop important au vu de la taille du marché. Près de 2.500 agents et 500 courtiers. Environ 95% des intermédiaires ont un chiffre d’affaires inférieur à trois millions de dirhams et dépendent souvent d’un ou deux clients, ce qui les met dans une situation précaire.

Le recouvrement est une autre difficulté à laquelle le marché fait face. En cette période de crise mondiale, et dont l’une des conséquences est la tension sur la trésorerie des entreprises, les courtiers ont vu leur encours client augmenter sensiblement, avec les contraintes que cela génère.

Par ailleurs, dans un avenir qui pourrait être proche, les entreprises qui sont encore assurées en santé auprès des compagnies d’assurance (au titre de l’article 114 de la loi sur l’Assurance maladie obligatoire) basculeront à l’AMO, et sortiront donc du périmètre des courtiers. L’impact serait d’environ 400 millions de dirhams pour le marché du courtage, qui sera en partie compensé par la commercialisation d’assurances maladies complémentaires à l’AMO auprès d’assureurs privés.

Enfin, la tendance des courtiers au niveau mondial est à la spécialisation des compétences humaines et à l’investissement dans le digital. Cela nécessite pour les courtiers d’avoir une taille suffisante pour pouvoir réaliser ces investissements et accompagner les clients.

Il est possible qu’au-delà du Maroc, nous allions sur d’autres pays du continent, mais rien n’est acté pour le moment.

- Quelle place occupe désormais Beassur Marsh sur le marché national ?

- Nous sommes aujourd’hui dans les quatre premiers courtiers du marché avec un volume de primes d’environ 800 millions de dirhams. Nous avons l’ambition de croître davantage pour en devenir le leader dans un avenir proche. Nous en avons les moyens.

- Comment comptez-vous concrétiser cette ambition ? Avez-vous un horizon ?

 Nous espérons réaliser cette ambition dans 3 à 5 ans. Pour y parvenir nous espérons d’une part croître à un rythme 2 fois supérieur à celui du marché – en faisant jouer pleinement les capacités de Marsh McLennan notamment en développant davantage le risk management et le placement en réassurance – et d’autre part en réalisant des croissances externes lorsque nous trouverons des cibles compatibles avec notre fonctionnement.

- Vous aviez des visées sur la région. Où en sont-elles ?

- Marsh McLennan a des ambitions claires et affichées sur l’Afrique. C’est un territoire en lequel le groupe croit et je m’en félicite. Il est possible qu’au-delà du Maroc, nous allions ensemble sur d’autres pays du continent, mais rien n’est acté pour le moment.

Au niveau de la holding ASK Capital* (ex Expanso), nous sommes bien en train de concrétiser notre ambition régionale à travers l’acquisition de AXA Assistance. Pour rappel, l’opération porte sur la compagnie marocaine et le portefeuille africain de AXA Assistance.

Je précise que cette opération n’a rien à voir avec Marsh Maroc, qui est une autre participation de ASK Capital.

- Justement, où en est l’opération AXA Assistance ?

- L’opération est en cours. Nous sommes en train de lever les conditions suspensives liées à l’opération, notamment l’obtention des autorisations réglementaires nécessaires, et le redéveloppement d’une partie des systèmes d’information qui ne sont pas compris dans le périmètre de l’opération.

Sous réserve d’obtention de ces autorisations, nous devrions finaliser la transaction fin octobre.

- Dans toutes vos précédentes prises de parole, vous n’avez jamais caché votre appétit pour la croissance externe. Des projets ou deals en cours ?

- Nous regardons en permanence des opportunités dans notre secteur en général, et sur notre territoire, l’Afrique.

Cela dit, avec la compagnie d’assistance que nous sommes en train d’acquérir, nous avons un challenge de taille. C’est un formidable outil de développement de produits d’assurance affinitaire. Notre ambition est de faire progresser cette compagnie sur le continent pour en faire une fintech leader des produits affinitaires.

Il ne faudrait pas qu’une ambition trop rapide ou non maîtrisée dilue nos priorités. Nous allons nous concentrer dans les mois à venir sur l’intégration et le développement d’AXA Assistance.


* ASK Capital (ex-Expanso) est la holding de Mehdi Tazi détenue à 100% par ce dernier. ASK Capital possède 65% de Marsh Maroc dont 35% seront cédés à Marsh McLennan. Elle détiendra post closing 80% de AXA Assistance.

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