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Projets industriels: 258.000 emplois dans le pipe (Mezzour)

ENTRETIEN (III). Les exportations industrielles sont en hausse de 45% au 1er semestre. Un programme ambitieux et volontariste destiné à les booster davantage sera présenté en septembre. L'objectif est de les augmenter de 120 milliards de DH pour atteindre 500 MMDH. Parmi les innovations, la mise en place d'une garantie permettant aux clients étrangers de financer l'achat de produits marocains. On retiendra également que sur les 400.000 emplois prévus pour ce mandat, 258.000 sont dans le pipe à travers des conventions ou des MoU déjà signés.

Projets industriels: 258.000 emplois dans le pipe (Mezzour)

Le 12 août 2022 à 7h54

Modifié 12 août 2022 à 7h54

ENTRETIEN (III). Les exportations industrielles sont en hausse de 45% au 1er semestre. Un programme ambitieux et volontariste destiné à les booster davantage sera présenté en septembre. L'objectif est de les augmenter de 120 milliards de DH pour atteindre 500 MMDH. Parmi les innovations, la mise en place d'une garantie permettant aux clients étrangers de financer l'achat de produits marocains. On retiendra également que sur les 400.000 emplois prévus pour ce mandat, 258.000 sont dans le pipe à travers des conventions ou des MoU déjà signés.

Médias24: Le Maroc devient de plus en plus attractif, c’est ce que vous dites en fait.

Ryad Mezzour: Il ne le devient pas, il l’est déjà.

La plupart des investisseurs industriels ou autres ont déjà compris que c’est au Maroc que ça se passe. Y compris les Marocains.

Banque de projets: les objectif d'emplois ou de chiffres d'affaire dépassés

-Passons à cette fameuse banque de projets. Est-ce que vous atteignez vos objectifs ?

-On les a dépassés.

La banque de projets a été lancée en plein Covid, peu de gens y croyaient, les entreprises étaient en difficulté… Et ça a très bien pris.

Je vais vous donner quelques chiffres :

On était sur un objectif de 34 milliards de DH de substitution et de 17 milliards de DH d’exportations.

Ce qui a été d’ores et déjà identifié à ce jour dépasse les 67 milliards de DH de substitution et 72 milliards d’exportation. Au total, on est à un potentiel de 140 milliards au lieu de 51 milliards, initialement prévus au lancement de la Banque de projets.

Et j’ajoute que nous avons encore d’autres grands investissements en cours d’étude ou de discussion.

-Comment ça se passe en pratique pour cette banque de projets ? Je regarde la liste, un secteur ou un projet m’intéressent, je viens vous voir ?

-Vous regardez la liste, vous nous manifestez votre intérêt, on vous envoie les éléments que vous devez fournir par rapport à votre business plan, votre financement, votre technologie, etc. Nous effectuons alors une première évaluation de qualification, puis on regarde avec vous plus en détail votre business plan, ce que vous souhaitez faire ; on vous accompagne de bout en bout notamment sur le volet financier.

Il faut aussi préciser que 60% des projets de la Banque de Projets sont des extensions et cela montre à quel point notre pays est attractif.

-Lorsque vous signez une convention avec des investisseurs, elle comporte un engagement en matière d’emplois. Mais ce sont des promesses. Comment s’assurer de leur concrétisation ?

-Nous avons un historique quand même. On sait que les emplois existent réellement, on les évalue tous les mois, par les listings de la CNSS. Et ce, pour toutes les entreprises industrielles.

-Alors, combien on a d’emplois industriels aujourd’hui ?

-Le Maroc compte aujourd’hui environ un million d’emplois industriels..

-Durant ce mandat, le gouvernement s’est engagé à créer 1 million d’emplois, dont 400.000 dans l’industrie. Comment allez-vous faire ?

-Le gouvernement vient avec des objectifs clairs, chiffrés : il y a notamment un objectif qui consiste à créer 400.000 emplois nets dans l’industrie. L’objectif est donc à la fois de créer les emplois et de préserver ceux qui existent.

Nous travaillons dessus : la banque de projets, la stratégie, l’intégration, les objectifs… tout cela développe un potentiel d’emplois, dans chaque écosystème, chaque secteur, chaque sous-secteur.

Le nombre d’emplois créés sera systématiquement contrôlé au niveau de la CNSS.

Aujourd’hui, d’ores et déjà, nous avons identifié les secteurs porteurs et nous avons déjà de bons indicateurs.

Si je me réfère aux conventions et MoU signés depuis octobre 2021, 258.000 nouveaux emplois prévisionnels seront créés, en direct et indirect.

258.000 nouveaux emplois industriels dans le pipe

-Ces emplois sont de simples déclarations des investisseurs, vous les croyez ?

-Non seulement je les crois, mais je pense qu’elles pourraient être sous-estimées. Pourquoi ? Parce que le système de soutien de l’Etat est lié au nombre d’emplois créés et effectifs. Nous ne payons la dernière phase de soutien de l’Etat, c’est-à-dire 30% de la prime à l’investissement, que lorsque les bordereaux CNSS sont validés et vérifiés par nos services.

Nous avons donc 258.000 emplois prévisionnels déjà signés et nous avons identifié 168.000 postes directs et indirects dans le cadre des projets en cours d’études ou en cours de qualification que nous sommes en train d’accompagner. Nous devrions atteindre l’objectif de 400.000 emplois d’ici la fin de ce mandat gouvernemental inchallah.

 -On nous dit que les industriels souffrent, et aussi que le Maroc n’exporte pas suffisamment de produits industriels.

-Je ne nie en aucun cas la souffrance des industriels, c’est une difficulté réelle : l’approvisionnement n’est pas toujours aisé, les intrants sont de plus en plus rares ; les industriels font du bon boulot ; et aussi il y a un problème de liquidité parce que les prix sont plus élevés et donc ils n’ont pas forcément les crédits nécessaires pour pouvoir répondre à la demande qui elle, est très bonne. Mais ils répondent. Ils souffrent mais répondent.

On est assez fiers d’eux, fiers des résultats que font les industriels aujourd’hui et du positionnement qu’ils sont en train de prendre. Ils sont en train de transformer l’essai, de faire gagner des parts de marché à notre pays, de saisir les opportunités que leur offrent les nouveaux bouleversements de l’économie mondiale.

-Quel est le secret de la réussite de la stratégie industrielle actuelle ?

-C’est tout d’abord une vision claire de Sa Majesté : faire du Maroc un hub et mettre tous les moyens pour y parvenir. Cela s'est fait par un travail important, des sacrifices, beaucoup d’investissements dans les infrastructures mais aussi la signature de nombreux accords de libre-échanges, critiqués, mais qui ont eu le mérite d’ouvrir le marché et d’être un encouragement fort pour attirer les investissements étrangers et le transfert de technologie. C’est ce qui explique la forte attractivité du Maroc aujourd’hui et sa capacité à aller de l’avant

Au-delà de cela, il y a les atouts indéniables du Maroc que sont la stabilité politique et la stabilité macro-économique, fait assez rare dans la région. On est probablement le pays le plus attractif de la région.

-Vous dites « nous », lorsque vous parlez de politique industrielle. En fait, cela reste une industrie de délocalisation ou de sous-traitance même. Dans le domaine automobile ou aéronautique, les décisions sont prises par des entreprises étrangères. Des pays étrangers. La vraie industrie, c’est de concevoir avant de fabriquer. C’est d’avoir ses propres marques qui rayonnent régionalement.

-Il faut savoir que dans les 1.127 projets d’investissements identifiés dans la Banque de Projets, 88% sont issus du capital marocain.

Beaucoup de ces entreprises étrangères dont vous parlez font appel à des compétences marocaines. Ce sont des Marocains qui ont fait le design de l’AMI et nous avons beaucoup d’ingénieurs et designers marocains dont nous pouvons être fiers et qui feront les marques marocaines de demain. A ce titre, un dispositif de promotion de l’innovation sera présenté à la rentrée pour renforcer cette position.

Le Made in Morocco n’est plus un slogan mais une réalité !

Au 1er semestre, les exportations industrielles sont en hausse de 45%

-Les exportations marocaines ont bénéficié d'un effet prix très favorable.

-Oui, pour certaines d’entre elles, comme les fertilisants ou des produits agricoles.

En valeur et en volume aussi, on se débrouille très bien. Il y a un effet prix, mais en quantité aussi, on vend plus.

Au final, à fin juin 2022, les chiffres sont parlants : +62% sur l’aéronautique, 32% pour textiles et cuir, 30% pour l’automobile et l’agro-alimentaire. En tenant compte des dérivés de phosphates, le total export industriel est en hausse de 45%, ce qui est une vraie performance compte tenu du contexte économique mondial actuel.

A terme, les exportations industrielles vont atteindre 500 milliards de DH par an

-Quelle sera l’évolution future ? Vous avez certainement des objectifs et des projections.

-On a un plan qu’on est en train de tester et qui va augmenter la valeur de nos exportations de 120 milliards de DH. A terme, on va atteindre les 500 milliards de DH en exportations industrielles.

Sur les 120 milliards projetés, 70 milliards sont clairement identifiés en termes de couples produits-marchés.

-Quel est le degré de fiabilité de ces fiches projets ?

-Nous avons challengé toutes les idées, nous avons travaillé ensemble avec les fédérations sectorielles.

On se fixe les objectifs, on regarde les marchés cibles, on les analyse ensemble, on regarde comment on peut les pénétrer, qu’est-ce qu’il faut, quelle compétitivité, quels produits, qu’est-ce qu’il leur manque dans la chaîne, et on met en place ce qu’il faut pour que les opérateurs concernés puissent atteindre leurs objectifs.

C’est un programme ficelé avec 8 ou 9 dispositifs d’accompagnement qui vont du financement à la certification.

La certification est l’un des plus grands secrets de la réussite, et pas seulement pour l’agro-alimentaire. Dans l’aéronautique, une partie importante du travail consiste à accompagner la certification. Une fois certifiés chez un constructeur, les industriels peuvent commencer à livrer.

-Vous parlez de programme pour booster les exportations et de plusieurs dispositifs d’accompagnement. Quels sont les autres dispositifs hormis les couples produis-marchés ?

-Accompagnement en termes d’investissement pour adapter leurs produits ; accompagnement en termes d’études et d’évaluation du marché ; en termes de logistique ;  de financement de leurs propres clients : nous allons mettre en place des mécanismes de garantie de financement de l’achat du produit made in Morocco par nos clients étrangers ; ce sont des garanties soutenues par des organismes internationaux, ce qui n’avait jamais été fait au Maroc ; le Japon, la Corée, la Chine l’ont déjà fait à titre d’exemple.

-Vous défendez l’idée que l’hydrogène vert produit au Maroc sera extrêmement compétitif. Quels projets, quelles discussions, quels investisseurs ? Quoi de neuf dans ce domaine ? Y a-t-il une concrétisation en vue ?

-Compétitif, il l’est déjà.

Je précise que c’est de la production d’énergie, donc c’est la responsabilité d’un département en particulier. Nous en tant que département de l’industrie, on est des consommateurs et on accompagne aussi le processus industriel, au niveau de l’électrolyse, du stockage etc.

Le Maroc est l’un des spots les plus intéressants au monde pour produire l’hydrogène vert. Et probablement le seul spot de la région en termes de compétitivité.

Ça se traduit évidemment par énormément d’intérêt de la part des développeurs et des opérateurs.

D’une manière générale, il y a un très fort engouement pour le Maroc au niveau de la production d’hydrogène.

-Quand est-ce qu’on aura notre premier hydrogène vert ?

-Cela ne dépend pas de nous et il y a un Ministère en charge de la question.

-On va produire combien.

-C’est très compliqué à dire aujourd’hui.

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