Modernisation des réglementations de changes : le Maroc inspire la Mauritanie

Dans le cadre d'un échange international d'expertise, l'Office des changes a récemment accueilli une délégation de la Banque centrale de Mauritanie en visite de travail et d'étude au Maroc. Détails.

Modernisation des réglementations de changes : le Maroc inspire la Mauritanie

Le 26 avril 2024 à 13h04

Modifié 26 avril 2024 à 14h35

Dans le cadre d'un échange international d'expertise, l'Office des changes a récemment accueilli une délégation de la Banque centrale de Mauritanie en visite de travail et d'étude au Maroc. Détails.

Cette visite, débutée le 22 avril 2024 et se prolongeant jusqu’au 29 du même mois, vise à explorer l’expertise marocaine en matière de supervision des opérations de change.

Dans ce contexte, Médias24 a pris contact avec Abdoulaye Kouita, directeur de la Réglementation des changes à la Banque centrale de Mauritanie. Au cours de cette entrevue, M. Kouita a partagé avec nous les objectifs et les attentes de la délégation vis-à-vis de cette expérience d’échange.

Médias24 : Pouvez-vous nous expliquer le cadre de votre visite au Maroc et les objectifs spécifiques que vous espérez atteindre en termes d’échange d’expériences avec l’Office des changes ?

Abdoulay Kouita : En décembre 2023, nous avons effectué une transition majeure dans le cadre du marché des changes, en passant d'un marché domestique contrôlé par la Banque centrale à un marché interbancaire. Ce changement a immédiatement suscité le besoin d'aligner notre réglementation des changes sur les normes internationales. Dans cette perspective, nous avons entrepris une analyse comparative avec les pays de la sous-région afin de déterminer avec qui nous pourrions collaborer pour moderniser notre réglementation des changes. Le Maroc s'est distingué, non seulement en raison de sa proximité géographique, mais aussi de par ses performances en matière de régulation des changes.

Il est indéniable que le Maroc possède une riche tradition monétaire remontant à 1959, avec un Office des changes en fonction depuis 1944. Cette longue expérience représente un capital précieux sur lequel nous souhaitons nous appuyer pour optimiser notre propre régulation des changes. Ainsi, nous avons pris l'initiative d'établir un contact avec l'Office des changes marocain en vue d'un échange d'expertise.

Nous avons été chaleureusement accueillis par les cadres de l’Office des changes, qui ont présenté en détail les différentes composantes de leur institution. Nos objectifs et nos attentes à la suite de cette mission sont clairs : nous cherchons à tirer parti de l'expérience de l'Office des changes marocain pour moderniser nos textes réglementaires, afin qu'ils répondent aux spécificités de l'économie mauritanienne et aux exigences des normes internationales.

Nous aspirons à terme à atteindre le niveau d'excellence réglementaire observé au Maroc.

- En quoi pensez-vous que l'expérience marocaine en matière de supervision des opérations de changes pourrait apporter une valeur ajoutée à votre propre institution, la Banque centrale de Mauritanie ?

- Le rôle primordial de la Banque centrale de Mauritanie est de maintenir la stabilité de l’Ouguiya par rapport aux devises étrangères, ce qui requiert une gestion rigoureuse des réserves extérieures. Ces réserves, régulièrement évaluées et rapportées par le FMI ainsi que sur le site officiel de la Banque centrale, s'élèvent en moyenne à environ un milliard deux cents millions de dollars. Cependant, nos besoins annuels en importations dépassent considérablement ce montant, atteignant jusqu'à cinq milliards de dollars, principalement en raison des importations effectuées par nos opérateurs mauritaniens, qui fournissent également des biens aux pays voisins tels que le Sénégal, le Mali, la Côte d'Ivoire et même la Gambie.

Il convient de souligner que certaines exportations sont sous-déclarées, voire considérées comme de la contrebande en raison du manque de traçabilité de ces transactions. En conséquence, des avoirs étrangers non déclarés s'accumulent illégalement, échappant ainsi au contrôle.

Toutefois, les initiatives entreprises par la direction du contrôle et de la supervision au Maroc démontrent un potentiel solide à résoudre ces problèmes. Nous sommes encouragés par les pistes déjà identifiées, notamment en ce qui concerne l'amélioration de la gestion des opérations d'importation. Par exemple, le dispositif marocain de déclaration des importations constitue un outil pertinent que nous ne possédons pas.

En optimisant l'utilisation de telles ressources et en éliminant les doublons de déclaration, nous pourrions résoudre une partie, voire la totalité, de ce défi économique majeur.

- Envisagez-vous des collaborations futures avec l'Office des changes ou d'autres institutions marocaines dans le domaine de la supervision des opérations de change ?

- La Banque centrale de Mauritanie exprime vivement son désir de nouer une collaboration étroite avec l'Office des changes. Cette collaboration s'est concrétisée par cette visite, marquant ainsi le début d'une coopération prometteuse que nous envisageons sur le long terme. Nous sommes convaincus que cette initiative inaugure une collaboration fructueuse et qu'elle n'est que le prélude à des échanges plus approfondis et durables.

Formation, échange de cadres

Ainsi, nous avons sollicité l'autorisation de permettre la participation de deux cadres de notre institution à une formation dispensée par le département de contrôle et de supervision. De même, nous avons requis l'assistance de l'Office des changes pour mettre à disposition de la Banque centrale de Mauritanie un cadre du département réglementation et affaires juridiques afin d'accompagner notre institution dans l'élaboration d'un recueil de textes adaptés aux besoins spécifiques de l'économie mauritanienne.

Nous avons reçu toutes les assurances nécessaires de la part des dirigeants de l'Office des changes, qui se sont engagés à nous soutenir pleinement et à répondre à toutes nos sollicitations.

- Comment la Banque centrale de Mauritanie perçoit-elle les défis actuels en matière de supervision des opérations de change, et quelles stratégies envisage-t-elle pour les surmonter ?

- En Mauritanie, la supervision des opérations de change diffère de celle de l'Office des changes. Chez nous, cette supervision est déléguée aux banques, avec environ 300 transactions traitées quotidiennement.

Nous avons mis en place un système de reporting auquel les banques sont assujetties. Cependant, malgré l'existence de la technologie et des documents nécessaires, notre réglementation actuelle peut ne pas être parfaitement adaptée. Actuellement, nous tolérons certaines opérations qui ne sont pas conformes à notre réglementation en vigueur. Il est impératif d'adapter nos règlements pour refléter les pratiques courantes et répondre aux besoins du marché.

Il existe des opérations autorisées par notre réglementation actuelle que nous devrons revoir et modifier avec le temps. Notre vision de la supervision des opérations de change est qu'elle doit évoluer rapidement pour s'aligner sur les pratiques des économies plus avancées en la matière, telles que celle du Maroc, afin de maintenir notre compétitivité en constante évolution.

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