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Secteur libéral, IPP, carte sanitaire, inégalités, la réforme commentée par Khalid Ait Taleb

Réorganisation du ministère de la santé, régionalisation, implication du privé, ressources humaines, médicament, ... Khalid Ait Taleb apporte de nouveaux éclairages sur la réforme du système de la santé.

Secteur libéral, IPP, carte sanitaire, inégalités, la réforme commentée par Khalid Ait Taleb

Le 31 juillet 2022 à 6h16

Modifié 5 septembre 2022 à 18h15

Réorganisation du ministère de la santé, régionalisation, implication du privé, ressources humaines, médicament, ... Khalid Ait Taleb apporte de nouveaux éclairages sur la réforme du système de la santé.

"Tous les piliers de cette réforme sont des pièces du puzzle et indissociables. On ne peut avoir une vision claire que lorsque toutes les actions sont enclenchées en même temps". Khalid Ait Taleb intervenait dans le cadre du colloque international sur la protection social organisé par l’Association des Membres de l’Inspection Générale des Finances (AMIF) et le Ministère de l’Economie et des Finances les 26 et 27 juillet 2022 à Skhirat.

En réponse à de multiples questions relatives à la réforme enclenchée, le ministre de la Santé et de la protection sociale se livre à un exposé où il explique les enjeux et surtout les plus importants changements attendues.

Une gouvernance renouvelée et décentralisée

Le premier pilier de la réforme concerne la gouvernance. "Sur ce point, il est question de créer une haute autorité de la santé qui a pour but de permettre aux actions de l’Etat de se poursuivre dans le temps ; à moyen terme et à long terme. On a beau tracer des stratégies, mais à chaque fois les stratégies changent en cours de route", explique le ministre.

Cette haute autorité de la santé "aura la latitude de réguler l’assurance maladie, d’évaluer les politiques de santé que ce soit dans le public ou le privé, d'accréditer, de normaliser le secteur".

Elle sera aussi dotée "d'une commission ou un conseil d'experts qui pourra recommander et conseiller pour permettre aux décideurs de prendre les bonnes décisions à même de garder le système de santé résilient".

Le ministre ajoute : "quand on a parlé de système de santé, on n’a jamais distingué entre public et privé. On a toujours parlé du système de santé dans son ensemble avec toutes ses composantes publiques et privées".

La révision de la gouvernance se traduit par une réorganisation du ministère de la santé. "Avec son actuelle organisation administrative, le ministère n'est pas à même d'accompagner les changements, ni de relever les défis du futur sur le plan technologique ou l'information de la donnée de la santé. Une information aujourd'hui prisée par pratiquement tout le monde", avance Khalid Ait Taleb.

Le secteur privé au cœur de la réforme

"Le système d'information fait partie des priorités. Nous allons créer des départements qui vont gérer cet aspect là. Il y aura également un département de gestion du secteur libéral et du partenariat public privé et de la coopération", confie le ministre. "Jamais le privé n'a été représenté au niveau du ministère. Désormais, il y aura une direction dédiée à la gestion du privé", révèle-t-il.

"Nous avons confiance dans le secteur privé. Nous allons travailler dans la complémentarité, nous allons optimiser nos ressources, mutualiser nos moyens et quand je parle du PPP, il ne s'agit pas seulement de construire un hôpital", dit-il.

L'objectif de la réforme est de réduire le reste à charge (Out of Pocket), ce qui sort de la poche du citoyen et des ménages marocains. "Aujourd'hui, cela représente 50%. Nous voulons le réduire à 25%. Nous avons constaté que dans cet out of Pocket, la majorité des dépenses sont inhérentes essentiellement au transport et à la nourriture et non pas l'achat de médicaments ou de soins", avance Ait Taleb.

"Ces dépenses doivent être maîtrisée. Comment ? Par les soins de proximité. J'en viens donc à la vision territoriale de la réforme. Nous avons conçu notre système en groupements sanitaires territoriaux.  Demain, nous allons parler de cartes sanitaires régionale. Chaque région a ses spécificités et elle a une topographie et une cartographie de ses propres besoins en moyens humains, en investissements publics privés, en formation,... Tout va être adapté au niveau régional ; même les facultés de médecine et les écoles de formation vont adapter leur formation aux besoins propres de la régions où elles se trouvent", détaille le ministre.

Un statut plus attractif pour le personnel de santé

En ce qui concerne la problématique du déficit des ressources humaines, le gouvernement a une vision claire. "Nous mettrons en place une fonction sanitaire propre à l'hôpital. Il y aura une incitation pour le personnel basée sur la performance, sur l'activité. Celui qui travaillera plus, touchera plus", explique le ministre. Grâce à l'amélioration du statut et du revenu, "il y aura une rétention des compétences au niveau de l'hôpital public, j'en suis convaincu", ajoute-t-il.

"Nous travaillons sur un statut attractif qui retiendra les compétences chez nous", évitant l'hémorragie et la fuite des compétences existantes. Mais cela ne résout pas le problème. Comment combler le déficit ? "Nous avons signé sous la présidence du chef de gouvernement une convention qui permettra de revenir sur le déficit des ressources humaines à l'horizon 2025. Nous allons augmenter le nombre de centres de formation, et réduire le nombre d’années d’études de médecine à 6 ans. D’après nos calculs, cette projection nous permettra de passer d’un ratio de 17 professionnels pour pour 10.000 habitants actuellement à un ratio de 25/10.000 hab en 2025. La projection à 2030 fait ressortir un ratio de 45 pour 10.000 hab", explique Ait Taleb.

La maîtrise des dépenses, l'autre enjeu

Le ministre s'est également attardé sur le défi de l'équilibre financier de la couverture sociale. "Si nous voulons réussir le chantier de la protection sociale, il faut qu'il y ait des équilibres entre les ressources d'un côté qui ne seront pas suffisantes et qui devront être renforcées par des mécanismes de financement innovant, tout en essayant de l'autre côté de maîtriser les dépenses", explique le ministre. "Cet équilibre est précaire parce qu'il est très fragile. Nous sommes en train de voir comment le secteur libéral adhère à cette généralisation de la couverture".

"Nous sommes en train de travailler sur la révision de la nomenclature, la revalorisation de la tarification nationale de référence (TNR) pour permettre au secteur libéral d'adhérer et d'être conventionné fidèlement à ce qui est convenu avec les organismes gestionnaires".

"Nous voulons arrêter avec les pratiques anciennes : plus de chèque de garantie et plus de ticket modérateur important. C'est cela qui tue aujourd'hui l'assurance maladie. C'est quand les charges et le reste à payer par l'assuré deviennent de plus en plus élevés, impactés par le coût du médicament, par le surcoût technologique,... tout cela on ne peut plus l'accepter aujourd'hui".

Le ministre s'arrête sur le prix du médicament.  Il révèle qu'un bureau d'étude a été mandaté pour faire un benchmark et définir les pistes pour diminuer le coût des médicaments. "Nous avons quelques solutions. La crise de la Covid nous a appris beaucoup de choses. La demande pour le vaccin anti Covid a été un exemple dans l'inégalité d'accès. Ce qui pose la question de la souveraineté, sanitaire, médicamenteuse, vaccinale ! Quelle est la solution pour arriver à une certaine autonomie une certaine indépendance ? C'est essayer d'encourager l'industrie locale et la fabrication locale des médicaments", avance le ministre.

Il explique que des discussions ont été entamées avec les industriels qui sont prêts à accompagner l'Etat pour arriver à un certain degré de souveraineté et d'autonomie dans le domaine des médicaments.

"Egalement nous sommes en train de travailler sur la meilleure manière pour abaisser les prix et surtout avoir une panoplie de génériques qui touchent une gamme large de produits importants pour les programmes de santé publique", conclut-il.

 

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