Covid : deux experts marocains commentent la situation épidémiologique

Le ministère de la Santé a alerté, mardi 14 décembre, sur une reprise du nombre de cas durant les deux dernières semaines. Les experts joints par nos soins pointent du doigt le non-respect des mesures barrières, la réticence à la vaccination, mais aussi la période hivernale propice à la circulation du Covid. Le Delta reste le variant prédominant au Maroc.

Covid : deux experts marocains commentent la situation épidémiologique

Le 15 décembre 2021 à 18h55

Modifié 16 décembre 2021 à 16h26

Le ministère de la Santé a alerté, mardi 14 décembre, sur une reprise du nombre de cas durant les deux dernières semaines. Les experts joints par nos soins pointent du doigt le non-respect des mesures barrières, la réticence à la vaccination, mais aussi la période hivernale propice à la circulation du Covid. Le Delta reste le variant prédominant au Maroc.

Le ministère de la Santé a mis en garde, mardi soir, contre une dégradation de la situation épidémiologique, après plusieurs semaines de stabilité, voire d’amélioration. Ce mercredi 15 décembre, en début d’après-midi, le premier cas du variant Omicron a été annoncé au Maroc, suscitant l’inquiétude générale.

Évolution des principaux chiffres relatifs au Covid au Maroc

En effet, le nombre de cas quotidiens, qui avait connu une baisse continue durant plusieurs semaines, est à la hausse depuis le 21 novembre dernier.

Au cours de la semaine du 15-21 novembre 2021, un total de 697 nouveaux cas avait été enregistré. Ce chiffre est passé à 809 cas la semaine d'après (22-28 novembre), à 859 cas entre le 29 novembre et le 5 décembre, puis à 891 cas entre le 6-12 décembre. Le nombre de cas quotidiens enregistrés durant les trois premiers jours de la semaine en cours est également légèrement élevé.

Le nombre de cas hebdomadaires a ainsi évolué de 28% entre la semaine du 15-21 novembre et celle du 6-12 décembre.

Le taux de positivité a aussi augmenté sur les trois dernières semaines, passant  d'une moyenne hebdomadaire de 1% (22-28 novembre) à 1,4% (6-12 décembre), alors que le nombre de tests a relativement baissé durant cette dernière semaine, avec 65.011 tests réalisés entre le 6 et le 12 décembre, contre 79.844 tests entre le 22 et le 28 novembre, et 83.423 tests entre le 29 novembre et le 5 décembre.

Par ailleurs, le nombre de cas actifs poursuit sa baisse, pour s’établir à 1.306 cas le 15 décembre. Le nombres de cas graves admis en 24 heures reste également stable, avec 45 nouveaux cas admis entre le 6 et le 12 décembre, 61 entre le 29 novembre et le 5 décembre, et 47 entre le 22 et le 28 novembre ; ainsi que le taux d’occupation des lits de réanimation, qui est resté autour de 2%.

"Le variant Delta toujours dominant"

Cette augmentation du nombre de cas est-elle due à d'éventuels cas d'Omicron qui se seraient propagés au Maroc puisque le premier cas vient d'être détecté ? Une source au ministère de la Santé nous confie que "jusqu'à présent, la veille génomique de routine révèle la persistance d'une prédominance du variant Delta". 

Cela signifie que la majorité des nouveaux cas détectés sont donc provoqués par le variant Delta.

Non-respect des mesures barrières et réticence à la vaccination

Joints par nos soins, le Dr Said Afif, membre du comité scientifique et technique de la vaccination et président de la Société marocaine des sciences médicales (SMSM), ainsi que le Dr Marhoum Filali Kamal, chef de services des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd de Casablanca, estiment que cette augmentation du nombre de cas est due à deux facteurs principaux : le non-respect des mesures barrières et la non-adhésion à la campagne de vaccination, notamment pour l’administration de la troisième dose.

"Une nouvelle étude réalisée en Angleterre, et publiée il y a deux semaines, a démontré que le port correct du masque et son changement toutes les quatre heures, ainsi que le lavage fréquent des mains avec du gel hydroalcoolique ou de l’eau et du savon, protègent à 90% contre l’infection au Covid", nous a confié le Dr Afif.

"D’autres études ont pour leur part démontré la protection des vaccins contre les formes graves du variant Omicron", a-t-il ajouté, "d’où le récent communiqué du ministère de la Santé incitant au respect des mesures barrières et à la vaccination".

"Ces éléments sont importants à connaître, et peuvent encourager les gens notamment à se faire vacciner, et à effectuer les 1e et 2e doses pour ceux qui ne sont pas encore vaccinés ou incomplètement vaccinés, ou encore la 3e dose", pour ceux ayant dépassé cinq mois après la deuxième.

Le Dr Afif nous explique également que la période hivernale actuelle est propice à la contamination au Covid. "Comme l’a expliqué récemment l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Omicron est plus contagieux que Delta. Les personnes non vaccinées ou celles ayant des maladies chroniques, non ou incomplètement vaccinées, peuvent ainsi développer des formes graves de la maladie si elles sont atteintes par ce nouveau variant, surtout si elles font une co-infection à la grippe et au Covid. Celle-ci peut être grave, d’autant plus que la saison actuelle est propice à ces maladies. Cette année, le nombre de cas de bronchiolite est beaucoup plus élevé par rapport à l’année précédente, en particulier chez les enfants", au vu de la reprise de l’enseignement présentiel, le travail au bureau et l’assouplissement des restrictions.

"Le respect des mesures barrières et l’adhésion à la campagne de vaccination peuvent ainsi nous éviter un boom de l’épidémie, qui pourrait amener l’État à mettre en place plus de restrictions, hors personne n’en veut. Nous appelons ainsi à la responsabilité individuelle de chacun. Malheureusement, dans la rue on remarque un certain relâchement."

Ainsi, à côté du port correct du masque, du lavage fréquent des mains et de la distanciation, "la priorité actuelle est de vacciner les adultes, afin d’éviter leur contamination et le développement de formes graves".

"Sans la 3e dose, deux doses seront insuffisantes contre Omicron "

Même son de cloche auprès du Dr Marhoum. "Actuellementj la situation est vraiment instable", nous confie-t-il. "Les chiffres peuvent baisser, comme ils peuvent augmenter. Cela veut dire que nous n’avons pas encore gagné la partie."

"Il y a toujours un fonds de personnes malades au Maroc qui continue de propager la maladie, et il ne s’agit pas d’une dizaine ou d’une vingtaine d'individus. Ce sont plutôt plusieurs centaines qui continuent à disséminer le virus."

"Le problème actuel, et qui est répétitif, réside principalement dans le non-respect des mesures barrières. Le Maroc a fait des progrès extraordinaires dans la lutte contre cette pandémie, mais les gens ont de nouveau abandonné ces mesures, notamment le masque. Ce qui fait que lorsque quelqu’un est malade, même s’il est asymptomatique, il peut propager le virus, et d’autres personnes non protégées par un masque peuvent être contaminées."

"Il est vrai que la situation épidémiologique est relativement bonne au Maroc (à ce jour, NDLR) par rapport à d’autres pays, mais elle reste précaire. Il faut absolument respecter les mesures barrières et, malheureusement, le constat aujourd'hui est que les gens les ont abandonnées. Ils veulent revivre normalement", alors que la situation est loin d’être rentrée dans l’ordre.

"Le gouvernement a fermé les frontières marocaines, (depuis le 29 novembre dernier, suite à l’apparition du nouveau variant Omicron dans plusieurs pays étrangers, NDLR), mais cette mesure ne nous protègera pas complètement. On ne peut pas maintenir cette fermeture indéfiniment. Omicron est partout, et une fois le premier cas détecté, il se propagera rapidement."

"Ce variant risque de faire des dégâts", en particulier auprès des non-vaccinés, et ceux ayant dépassé les six mois après la 2e dose et n’ayant pas effectué la 3e de rappel, regrette notre interlocuteur.

"La priorité actuelle est d’inciter les gens qui doivent être vaccinés à compléter leurs doses, ne serait-ce qu’en raison de leur âge (au-delà de 60-65 ans). C’est la catégorie qui représente le plus de risque" face à Omicron. "Deux doses seront insuffisante pour se protéger contre ce variant, une 3e dose est très importante", conclut notre expert.

Notons que la campagne de vaccination avance au ralenti dans le Royaume, depuis plusieurs semaines. Sur les trois dernières semaines (du 28 novembre au 12 décembre), à peine 77.324 nouvelles doses D1 ont été administrées, contre 246.994 D2 et 377.420 D3.

Au 15 décembre, 24,5 millions de personnes sont primo-vaccinées, 22,8 millions le sont complètement et 2,16 millions ont effectué la 3e dose. Si l’on prend en considération la population totale marocaine, qui s’élève à plus de 36,5 millions de personnes, le taux de couverture pour la D1 s’élève à 67,15%, contre 62,56% pour la D2. 

Notons également que la propagation du variant Omicron au Maroc pourrait exercer une pression sur le système de santé. Le pays dispose actuellement de 12 hôpitaux de campagne, avec une capacité litière de 1.400 lits de réanimation et de soins intensifs. Le nombre de lits d’hospitalisation s'élève quant à lui à 28.300 lits, contre 5.236 lits de réanimation.

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