Vaccin anti-covid : Sothema aux manettes de l'essai clinique marocain

Le rôle du laboratoire marocain Sothema dans le projet de vaccin de Sinopharm se limite aux essais cliniques. Le volet production n'est pas inclus dans l'accord conclu en août dernier. Une potentielle fabrication de vaccin anti-covid se discute avec d'autres partenaires. 

Vaccin anti-covid : Sothema aux manettes de l'essai clinique marocain

Le 17 octobre 2020 à 16h17

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

Le rôle du laboratoire marocain Sothema dans le projet de vaccin de Sinopharm se limite aux essais cliniques. Le volet production n'est pas inclus dans l'accord conclu en août dernier. Une potentielle fabrication de vaccin anti-covid se discute avec d'autres partenaires. 

Le 20 août 2020, le Maroc a conclu avec le laboratoire chinois Sinopharm CNBG deux accords de coopération en matière d’essais cliniques du vaccin anti-Covid-19.

Parmi les signataires des accords, en plus du ministère de la Santé, on retrouve le laboratoire pharmaceutique Sothema et le groupe BMCE BOA. La contribution de ces groupes privés n'a pas été clairement expliquée.

Si le rôle de BMCE BOA ne peut être que sur le volet financier, notamment le financement de cette opération inédite au Maroc, le rôle joué par le laboratoire Sothema est quant à lui sujet à  des interrogations. Quel rôle joue Sothema dans ces essais cliniques ? Et puis surtout le laboratoire sera-t-il appelé à produire le vaccin au Maroc ? Cette dernière question s'impose d'autant plus que le ministre de la Santé a laissé entendre que le Maroc pourrait justement produire localement le vaccin anti-Covid.

Pour comprendre la contribution de Sothema et le rôle que le laboratoire joue dans ce chantier stratégique, Médias24 a contacté Lamia Tazi, PDG du Laboratoire qui a accepté de tirer au clair sa mission dans le cadre des essais cliniques du vaccin promu par la société chinoise Sinopharm.

Sothema coordonnateur des essais cliniques

« Sothema est promoteur de l’étude clinique. Nous accompagnons le ministère de la Santé dans la mise en place de l’essai clinique et sa réalisation », nous explique la PDG du Laboratoire. « Nous avons la responsabilité de coordonner l’ensemble des phases de l’étude. Nous avons participé avec le ministère de la Santé au choix des médecins et des sites qui accueillent l’essai. Nous avons veillé aux mises en place dans les centres, à la fourniture du matériel, à la fourniture de la documentation… », énumère Lamia Tazi.

Sinopharm a mis en place un protocole unique à appliquer partout où il a décidé de mener les études cliniques. « Donc le laboratoire chinois exige que ce protocole soit suivi à la lettre. C’est un travail colossal à mettre en place d’autant plus que c’est le premier essai clinique au Maroc », commente-t-elle.

« La réussite d’une étude clinique dépend de sa rigueur. À défaut d’une maîtrise totale de l’étude, on peut se tromper, on peut communiquer de fausses informations… Il faut donc s’assurer de toutes les procédures pour éviter qu’il y ait des erreurs ou de mauvaises interprétations du protocole », ajoute-t-elle.

« Dans ce cadre-là, Sinopharm a mis à la disposition des équipes marocaines une plateforme numérique. C’est la première étude clinique réalisée au Maroc et elle est digitalisée. C’est-à-dire que les données sont introduites dans la plateforme in-place. Elles sont ensuite analysées par les équipes de Sothema et des équipes externes de contrôle ».

À ce titre, Lamia Tazi explique que Sothema a contracté un CRO (Contract Research Organisation) pour veiller à la qualité des informations. « C’est une équipe spécialisée dans le suivi des études cliniques. Pour simplifier, c’est l’assurance qualité de ce genre d’étude. Son rôle est de contrôler tout ce qui rentre dans le système et de s’assurer de la cohérence des données. »

Les analyses sanguines se feront en Chine

En ce qui concerne le déroulement des études, Lamia Tazi a confirmé l’état d’avancement précédemment publié par Médias24. « Les essais sont en cours. Nous avançons bien. Nous avons effectué la première et la seconde immunisation. L’étape suivante est de procéder aux prises de sang pour analyse. Il s’agit des tests d’immunogénicité qui permettent d’analyser comment le corps a réagi au vaccin. Le prélèvement sanguin s’effectue le 50e jour après la première immunisation. Les derniers prélèvements se feront vers mi-novembre. La semaine suivante, ils seront envoyés en Chine pour analyse », explique-t-elle.

Sur ce dernier point et pour comprendre pourquoi les analyses sanguines ne se feront pas au Maroc, notre interlocutrice s’explique. « Elles se feront en Chine, car malheureusement, nous n’avons pas eu le temps de mettre en place les machines nécessaires pour effectuer les analyses et le contrôle. Ce sont des techniques d’analyse de sang que le Maroc ne fait pas ». 

« Il faut beaucoup de temps pour acheter les machines, les installer… Et comme il y a urgence, Sinopharm a préféré envoyer les prélèvements directement en Chine pour effectuer les analyses qu’il faut et nous retourner les résultats », nous avance-t-elle.

Quid alors de la fabrication locale de ce vaccin tant attendu ? Sothema se prépare-t-elle à fabriquer le vaccin ? À cette question, Lamia Tazi a été catégorique. « Nous n'avons pas eu de discussion avec Sinopharm sur le volet de fabrication locale. Sûrement, la porte est ouverte à cette optique, mais honnêtement, nous avons parlé d’études cliniques seulement. La fabrication n’a pas été évoquée », répond la patronne de Sothema.

Cela dit, le laboratoire marocain se dit prêt à relever ce challenge si l’opportunité se présente. « SOTHEMA a les compétences et la technologie requises pour la mise en forme pharmaceutique du vaccin. Notre expertise a été acquise dans la fabrication de la biotechnologie avec l’insuline et les anticancéreux biosimilaires ».

Des négociations se poursuivent avec d'autres producteurs de vaccins 

Il semble que la participation de Sothema aux essais cliniques et les insinuations du ministre de la Santé sur une potentielle fabrication locale ont donné de faux espoirs à l’opinion publique.

Pour tirer au clair ce point, une source sûre nous explique que « le ministère de la Santé a engagé dès le début de la pandémie des discussions avec un ensemble de laboratoires qui se sont positionnés dans la course aux vaccins. Ces discussions ont abouti à des accords avec deux laboratoires que sont Sinopharm et Astra Zeneca. Avec ces deux laboratoires, il n’y a pas de volet relatif à la fabrication. Néanmoins, le ministère poursuit ses négociations et discussions avec d’autres laboratoires où le volet de fabrication locale peut bien être présent ».

Notre source nous confie que « d’autres accords sont en cours de finalisation avec une forte chance qu’ils comprennent un aspect de transfert de technologie. Mais elles n’ont pas encore abouti ».

Sur la question de savoir s’il y a une chance que la campagne de vaccination puisse se faire avec un vaccin fabriqué localement, notre source répond que « le Maroc n’a jamais dit qu’il allait vacciner avec des produits fabriqués localement. En l’état actuel des choses, si une campagne de vaccination devait être entamée dans les mois à venir, cela se fera avec des vaccins importés. Même si le Maroc conclut un partenariat pour produire localement les vaccins, cela prendra du temps, car un transfert de technologie ne peut pas se faire en un mois ou deux… Ce n’est pas viable. Il doit prendre quelques mois parce que c’est une technologie qu’on nous apporte ».

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