L'urgence et les enjeux de la finance verte au Maroc, selon des experts
L’Institut CDG et CDG Capital ont organisé ce mardi 6 octobre un webinaire autour de la thématique : “La finance verte, un levier pour relancer la croissance économique ?”. Ce fut l'occasion de présenter les enjeux de la finance verte au Maroc ainsi que des moyens de transformer l'économie.
“Le profit n’est pas une fin, mais un moyen” a rappelé Bertrand Badre, président de Blue like an orange sustainable capital et ex-directeur général à la Banque Mondiale. C’est autour de ce principe que se sont articulés les arguments des différents interlocuteurs.
Dans ce sens, Hamid Tawfiki, directeur général CDG Capital explique qu’on est habitué à améliorer la performance. Toutefois, maximiser la rentabilité finira par tuer l’entreprise. Il rappelle que notre défis crucial au Maroc est la pénurie d'eau, on doit donc faire preuve de résilence et d'adaptation.
“La finance ne se dissocie pas de l’économie, la transformation de l’économie va entraîner la finance. La crise du Covid-19 nous apprend à passer de la performance à la résilience. Il ne faut pas s’arrêter à faire les choses, mais les faire bien. Les entreprises doivent se contenter d’un certain niveau de rentabilité pour assurer leur avancement.” ajoute la même source.
“Les entreprises doivent cocher la case durabilité, c’est une question de survie.” s’alarme, de son côté, Benoit Leguet, directeur général de l’Institut de l’économie pour le climat.
Selon lui, il faut de nouvelles régulations du système, des normes de rémunération, des normes comptables.. Et pour rattraper le temps perdu, il faut utiliser ce que nous a appris la crise sanitaire et économique en se basant sur l'Accord de Paris, premier accord universel sur le climat et le réchauffement climatique signé en 2016 à New York.
Concernant le Maroc, les enjeux sont différents, selon Mihoub Mezouaghi, directeur de l’Agence Française de développement (AFD) au Maroc :
- La région où se situe le Royaume connait une hausse des températures plus rapide que d’autres régions de la planète,
- L’UE, premier partenaire du Maroc, est en ligne avec la transformation verte. Ainsi, le maroc doit intégrer la notion du climat dans ses programmes de relance pour pouvoir s’aligner avec le marché européen,
- La décarbonation de l’économie marocaine doit se faire pour profiter de la délocalisation engendrée par la crise sanitaire,
- La régulation doit prendre en considération les risques climatiques.
D'autre part, selon Bertand Badre, le pouvoirs publics ont un rôle primordiale dans la transformation de l’économie ainsi que de la finance.
En face, Hamid Tawfiki trouve que ce n’est pas uniquement la responsabilité des institutions publiques. Il assume que la crédibilité de la finance verte nécessite qu’on se dote d’outils de mesures d’impact. Il faut voir les résultats et l’impact social de la transformation verte pour pouvoir maintenir son avancement.
Il ajoute que le secteur privé doit également participer, un rapprochement des flux des secteurs du public et du privé est nécessaire, avec un partage de risque, pour arriver à une union et aboutir à la transformation de la finance.
De son côté, Benoit Leguet explique qu’il ne faut pas se focaliser sur le secteur financier uniquement pour engendrer la transformation. Le secteur financier peut générer du capital vert mais il faut générer une demande aussi.
Pour ce faire, des incitations et des normes “vertes” doivent être imposées aux porteurs de projets pour créer la demande en capital vert. Il ne faut pas uniquement sensibiliser, conclut la même source.
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