Production céréalière à 70 millions de quintaux, croissance du PIB à 4,8%, reprise des exportations... Que dit le budget 2021-2023

| Le 5/10/2020 à 14:07

Sur l'hypothèse d'une récolte céréalière de 70 millions de quintaux, d'une réouverture des frontières début 2021 et d'un PIB en croissance de 4,8% en 2021, le ministère de l'Economie, établit son budget préalable 2021-2023. La relance massive de l’économie post crise et l’optimisation des finances publiques sont les principales nouvelles orientations budgétaires sur la période marquée par la reprise de la croissance.

Dans ce document répondant à la programmation budgétaire triennale, le ministère fait le point sur les perspectives économiques, la gestion des finances publiques et les orientations et perspectives budgétaires 2021-2023. Pour ce faire, le ministère table sur une bonne récolte céréalières en 2021 et une reprise économique anticipée, contrastant avec les performances de 2020.

2020: Récession de 5,8% et chute des activités non agricoles de 6,4%

Sur ce sujet, concernant les projections économiques pour la fin de l'année 2020, le ministère table sur une récession de 5,8% du PIB. Dans un premier temps, le déficit pluviométrique atténué par le déploiement du plan anti sécheresse de 1,5 milliard de dirhams devrait faire diminuer la valeur ajoutée du secteur agricole pour la seconde année consécutive. Une baisse estimée par le ministère à 4,5% en 2020 après une chute de 5,8%  en 2019.

Avec les effets du confinement sur 2020 et notamment la chute des exportations et la rupture des chaines d’approvisionnement, le ministère de l’économie anticipe une contraction des activités non agricoles de 6,4% sur l’année 2020.

Au niveau de la demande sur 2020, elle s’est maintenue sur le plan intérieur explique le ministère « avec une bonne tenue de la consommation des administrations publiques en rapport avec les dépenses engagées par le fonds spécial Covid-19, cela devrait partiellement compenser le reflux de la compensation des ménages ». Concernant la  demande extérieure, naturellement impactée par les effets de la crise sanitaire, elle devrait fortement baisser sur 2020, impactant les principaux secteurs exportateurs que sont l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et le textile. Idem pour les investissements qui devraient connaître une baisse, similairement aux importations en biens d'équipement et les activités immobilières.

2021 : Croissance du PIB de 4,8% et hausse de 16,9% des exportations de biens et services

Au niveau national, les prévisions se basent sur l’hypothèse d’une production céréalière de 70 millions de quintaux en 2021 et de la mise en œuvre du plan de relance des différents secteurs de l’économie nationale. D’autres facteurs extra-économiques sont pris en compte tels que « la maitrise de l’épidémie ainsi que la réouverture des frontières à partir du premier trimestre 2021 » précise le document ministériel.

Sur la base de ces hypothèses, le ministère table sur une croissance du PIB de 4,8% sur l’année 2021, drivée en l’occurrence par une forte croissance de 11% de la valeur ajoutée agricole et de 3,8% de la valeur ajoutée non-agricole. Le PIB non agricole, d’ailleurs, devrait progresser de 4% en 2021, « tenant compte d’une évolution de 5,3% des impôts et taxes sur produits nets et subventions » précise le ministère. L'institution table également sur une progression de 2,9% des activités secondaires et de 4,3% sur les activités du secteur tertiaire sur l’année 2021.

Côté demande, elle devrait évoluer positivement sur l’année 2021, favorisée par les mesures de la loi de finances rectificative. Une croissance de 3,6% est attendue sur la demande finale intérieure. Concernant la demande extérieure, dans un contexte prévu sous le signe de la reprise économique mondiale, le ministère de l’économie anticipe une hausse de la demande étrangère adressée au Maroc de l’ordre de 12,6% en 2021 après une baisse de 22,4% sur l’année 2020. Les exportations des biens et services en volume devrait progresser de 16,9% en 2021.

Clôture du budget 2020 : Baisse des recettes et forte hausse du déficit

Les prévisions au titre de la LFR 2020, tablent sur un déficit budgétaire de 7,5% du PIB contre une prévision initiale de 3,5%, « soit une aggravation de 40 milliards de dirhams » précise le ministère.

Un déficit aggravé notamment par la baisse des recettes ordinaires de 40,7 milliards de dirhams, « attribuable principalement aux recettes fiscales aussi bien domestiques que douanières ». Le ministère pointe également une augmentation des crédits ouverts au titre des dépenses d’investissements de 7,5 milliards de dirhams, « traduisant une réorientation d’une part des crédits vers les dépenses découlant de la gestion de la pandémie, dont 15 milliards de dirhams sont destinés au financement du plan d’appui à la relance de l’économie nationale » explique le ministère.

Mais il prévoit également d’ici la fin de l’année, une baisse des dépenses ordinaires de 4,3 milliards de dirhams, dont 2,8 milliards concernant les charges de compensation et 1,9 milliard au titre de biens et services.

Orientations budgétaires 2021 : Plan de relance économique et efficience de la dépense publique

Désormais les regards se tournent vers la préparation du PLF 2021 et les prévisions budgétaires pour préparer les années à venir. Le ministère de l’économie annonce les 3 grandes priorités pour le budget 2021.

Premièrement, un plan de relance économique estimé à 120 milliards de dirhams, en accord avec les orientations royales. Cela passera par « un pacte pour la relance économique et l’emploi » ayant pour but d’assurer la conservation des emploi et la formalisation de l’économie. « Le plan de relance économique visera l’accompagnement des entreprises et notamment les TPME et les PME » détaille le ministère, précisant que dans ce cadre, un Fonds d’Investissement Stratégique sera mis en œuvre. Ce dernier « donnera priorité au secteurs industriels orientés à l’export, à l’agriculture, au tourisme, à l’immobilier ainsi qu’aux projets d’investissements dans les secteurs stratégiques prometteurs pour le développement humain » poursuit le ministère. Concernant le secteur du tourisme, largement impacté par la crise, un contrat programme pour la relance du secteur post covid-19 sera mis en place pour couvrir la période 2020-2022 pour accompagner la relance sectoriel et la préservation d'emplois.

Second grand axe des orientations budgétaires, la généralisation de la couverture sociale. Ce chantier connaitre une application progressive sur 5 ans (2021-2025) impliquant des reformes et des mesures d’accompagnement. Cela permettra une généralisation et une unification du cadre légal de l’Assurance Maladie Obligatoire et de faire bénéficier les indépendants et les non-salariés de prestations sociales telles les allocations familiales.

Le troisième axe concerne la réforme en profondeur du secteur public et le déséquilibre structurel des Etablissements et des entreprises publics (EEP). L’objectif étant de parvenir à une meilleure efficience financière au sein de ces derniers. Pour ce faire, le ministère annonce qu’une « agence nationale sera créée, dont la mission sera de gérer stratégiquement les participations de l’Etat aux différents EEP et d’évaluer les performances des institutions publiques ». Visant une meilleure efficience de la dépense publique, le ministère annonce « la suppression de certaines entreprises ou de leurs filiales dont l’existence ne cadre plus avec les objectifs de leur création, ainsi que le regroupement, dans de grands pôles, des établissements et entreprises œuvrant dans un secteur similaire ».

Toujours dans l’optique de rationalisation de la dépense publique, le ministère explique « au niveau des dépenses du personnel, il s’agit de limiter les demandes aux besoins minimes qui tendent à améliorer la qualité des services adressés aux citoyens ». Concernant les dépenses d’investissements dans le PLF 2021, la priorité sera au renforcement des engagements des investissements en cours de réalisation, « précisément les investissements qui découlent des conventions nationales et internationales signée devant le roi ou celles conclues avec des institutions internationales ou des pays donateurs » précise le ministère.

Perspectives budgétaires 2021-2023

Elles concernent tant les ministères que les EEP et sont présentées de façon triennale, dans le cadre de la Loi Organique relative à la Loi de Finances n°130.13 visant à un renforcement de la discipline budgétaire globale. Concernant le budget 2021-2023, les prévisions ont été établies par le ministère dans le but de restaurer un équilibre macroéconomique. Le budget préalable se veut rigoureux et porté sur les dépenses prioritaires. Le rapport du ministère indique qu’hormis les secteurs prioritaires tels que la santé, l’intérieur (sécurité de l’état) et l’éducation, « aucun nouveau poste budgétaire ne devrait être créé, particulièrement sur l’année 2021 ».

Sur les trois prochaines années, les dépenses du budget général sont estimées comme suit :

L'institution informe que « les ministères et les EEP sont appelés à se limiter aux priorités et urgences en raison du contexte imposé par la crise sanitaire et des contraintes budgétaires accentuées par la baisse des recettes de l’Etat ». D'ailleurs, les budgets des ministères se sont vu diminués par rapport au budget initial 2020. Pour 2021, le budget serait de 47,69 milliards de dirhams soit 13,3% de moins que le budget initial 2020. Le budget triennal table également sur une baisse progressive des charges communes.

Dans le cas des dépenses d’investissements, la priorité est donnée aux projets en cours et à ceux concernant des conventions signées devant le souverain ou bénéficiant d’investissements étrangers.

Concernant les indicateurs macroéconomiques, la reprise anticipée sur 2021, se poursuivrait sur les deux années suivantes avec des croissances économiques estimées à 4,2% et 4,6%. Pour la valeur ajoutée agricole, elle connaitrait un boom à 11% sur l’année prochaine avant de retrouver un rythme de croisière sur 2022 et 2023 à 4% et 4,7%. De son côté, la valeur ajoutée non agricole retrouverait en 2021, son niveau de 2019. Il devrait croître à 4,1% et 4,7% sur 2022 et 2023.

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