Dans la publication de ses résultats semestriels, la BMCI a affiché, à l’instar de tout le secteur bancaire, des indicateurs. L’encours des crédits comme celui des dépôts n’ont que très peu évolué sur la période (respectivement 1,4% et 0,8%). Ils ont conduit le PNB à une légère hausse de 1,1% à 1,55 milliards de dirhams. Mais en face, le don de 85 millions de dirhams au fonds Covid-19 ainsi que l’augmentation considérable du coût du risque de 182% ont fait plonger le résultat net consolidé du groupe de 84% à 56 millions de dirhams.     

2020, une année à oublier

Les résultats semestriels et le contexte général induit par la pandémie de la Covid-19 ont amené Alpha Mena à revoir les perspectives de la banque. La société qui recommandait le titre à l’achat, le recommande désormais à l’accumulation dans les portefeuilles.

« Face aux craintes de Covid-19, nous sommes sceptiques sur les perspectives de croissance du secteur bancaire marocain et nous avons revu à la baisse les prévisions de BMCI. Nous optons pour une faible augmentation des encours de crédit de BMCI sur 2020, qui aurait un impact négatif sur les revenus de la banque. La qualité des actifs devrait également se dégrader entraînant une augmentation du coût du risque » explique Alpha Mena.

Le ralentissement des crédits et la conjoncture globale induits par le coronavirus sont les principales raisons de la recommandation à l’accumulation sur le court terme. Mais malgré la conjoncture médiocre, les perspectives de rebond sont bien présentes et Alpha Mena anticipe une hausse du cours de 15,7% dans les six prochains mois.

Valorisation à 650 dirhams l’action

Belhassen Achour, analyste à Alpa Mena contacté par Le Boursier, nuance la gravité de la chute de résultats de la BMCI. « Le résultat net de BMCI pendant le S1 2020 s’est effondré de 84% principalement à cause de contribution au fonds Covid-19. Hors cette contribution, le résultat s’établirait à 109 millions de dirhams, soit une baisse de seulement de 69%. Certes, il s’agit d’une baisse importante mais la banque reste tout de même capable de générer des profits et c’est ce qui nous importe en matière de valorisation future » explique-t-il.

Il poursuit, « d’ailleurs notre Discounted Cash-Flow (DCF) qui est la méthode de valorisation la plus pondérée selon notre approche affiche un potentiel significatif de 31%. De plus, nous sommes optimistes sur les années 2021 et 2022 ce qui a tiré vers le haut notre valorisation ». S'échangeant à 540 dirhams l’action le 28 septembre 2020, Alpha Mena anticipe un cours à 650 dirhams pour BMCI d’ici les 6 prochains mois. « Ce potentiel de 15,7% montre également que la banque est solide d’un point de vue fondamental malgré la pandémie » ajoute Belhassen Achour.

Trois raisons d’être optimiste

Un potentiel que BMCI peut aller chercher grâce à trois éléments principaux. L’amélioration de la conjoncture économique globale, l’appréciation de la marge nette de la société ainsi que la chute du coût du risque sur le marché. Sur le sujet, Belhassen Achour nous explique que « pour les années 2021 et 2022, nous sommes optimistes car on prévoit une reprise de l’économie mondiale qui favorisera donc la situation de liquidité. La structure des ressources de la banque (des coûts de dépôts contrôlés) ainsi que sa politique d’octroi de crédits à fort rendement amélioreront la marge d’intérêts de la banque ».

Une marge d’intérêt qui, déjà sur le premier semestre 2020, affichait une hausse de 2,4% par rapport au S1 2019. « In fine, cela impactera positivement sa capacité de génération de revenus » poursuit l’analyste. Pour les projections à fin décembre 2020, Alpha Mena table sur une Marge nette opérationnelle de 5,3%. Mais pour ce qui est de 2021 et 2022, elle serait en forte augmentation pour atteindre respectivement 16,8% et 19,1%. Côté résultats si Alpha Mena anticipe un résultat net ajusté à 249 millions de dirhams à fin 2020, en baisse de 59% par rapport à 2019, il repartirait à la hausse dès 2021. La société estime que les bénéfices atteindront 566 millions de dirhams en décembre 2021 et 708 millions de dirhams en 2022.

La diminution du coût du risque sur les années à venir pourrait également booster les performance de la société sur le long terme. « Cette baisse du coût du risque améliorera à son tour la capacité de génération de fonds propres de la banque » explique Belhassen Achour. La société de recherche estime qu’à fin 2020 le coût du risque sera de 981 millions de dirhams. En 2021, il diminuerait de 36% pour se situer à 622 millions de dirhams. Sur 2022 il est estimé qu’il chutera encore de 5,8% pour atteindre 586 millions de dirhams.