Taux directeur : un statu quo est anticipé pour le reste de l'année
Une stabilité du taux directeur de Bank Al-Maghrib est anticipée par les investisseurs pour le 2ème semestre 2020, selon une enquête menée par Attijari Global Research. Le taux directeur est jugé suffisamment bas par un opérateur du marché qui anticipe lui aussi une stabilité du taux pour le reste de cette année. Il souligne par ailleurs que l’économie a besoin d’autres instruments pour être relancée.
Dans une note de recherche, Attijari Global Research (AGR) souligne qu’une stabilité du taux directeur de Bank Al-Maghrib est anticipée par des investisseurs financiers au Maroc pour le reste de cette année.
Elle précise que ce constat émane d’un sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 34 investisseurs considérés parmi les plus influents du marché boursier marocain.
Plus en détails, 66% des investisseurs sondés anticipent un statu quo du taux directeur au deuxième semestre 2020. À l’opposé, 34% prévoient une baisse supplémentaire du taux directeur d’ici la fin de l’année 2020.
Par catégorie d’investisseurs, à savoir les institutionnels locaux et les acteurs de référence, Attijari constate que :
> 75% des investisseurs Institutionnels sondés n’anticipent pas un changement du taux directeur de Bank Al-Maghrib au S2-20 contre 25% qui prévoient une baisse supplémentaire ;
> 56% des Acteurs de Référence sondés n’anticipent pas un changement du taux directeur au S2-20 contre 44% qui s’attendent à une baisse supplémentaire.
A noter que les acteurs de référence représentent les personnes ayant suffisamment de recul sur le marché financier marocain leur permettant de retranscrire de manière relativement fidèle l’état d’esprit des investisseurs sans pour autant intervenir directement sur le marché.
La baisse du taux directeur n’est pas suffisante pour la relance économique
Contacté par LeBoursier, un gestionnaire de fonds de la place estime que le niveau actuel du taux directeur est suffisamment bas.
« Je ne pense pas qu’il va y avoir une nouvelle baisse du taux directeur au cours du deuxième semestre. La Banque centrale a procédé à deux baisses cette année avec une libération de la réserve monétaire obligatoire au profit des banques. C’est une action de politique monétaire qui est énorme. La Banque aura besoin d’un temps d’observation avant d’acter une nouvelle décision. Elle a besoin de temps pour observer l’orientation du cadre macroéconomique et de ses indicateurs, notamment le crédit, le chômage, etc », pense-t-il.
Et d’ajouter : « Il faut savoir que l'impact des actions de politique monétaires n'est pas instantané. Elles ne sont toujours pas totalement transmises à l’économie réelle. Leurs effets ne peuvent pas être analysés en une courte durée. Même les taux débiteurs n’ont toujours pas connu une baisse ».
«Les deux baisses du taux directeur ont eu lieu en mars et en juin. C’était la période du confinement qui a pris fin en juin. La situation économique était plus critique qu’elle ne l’est maintenant. Le cadre macroéconomique est en mutation. On a observé une période d’arrêt pratiquement total de l’économie. Maintenant, on observe un petit redémarrage qui reste timide. Certaines activités ont pu être relancées. C’est pour cela qu’il faut encore du temps pour analyser l’impact de la baisse du taux sur l’économie », explique notre interlocuteur.
A rappeler que BAM a baissé à deux reprises le taux directeur au cours de cette année. Le taux a été réduit de 25 points de base, mardi 17 mars, pour se situer à 2%. La deuxième baisse a eu lieu mardi 16 juin. Le Conseil de BAM avait décidé de réduire de 50 points de base le taux directeur qui est passé à 1,5%. Ces baisses ont été effectuées à fin de contribuer à l’atténuation de l’impact de la pandémie et à soutenir la relance de l’économie et de l’emploi.
Avec le niveau actuel du taux directeur, la question du coût de l’argent ne se pose quasiment plus comme étant un instrument sur lequel il faut agir en ce moment afin de relancer le crédit, la consommation et, ainsi, l’investissement.
« Il n’y a pas que la politique monétaire qui figure dans l’équation de la relance économique. Il n'y a pas que le coût du crédit pour relancer la consommation et l’investissement. Il faut qu’il y ait d’abord la confiance des investisseurs. Il faut à la base des idées d’investissement. Et un cadre qui soutient l’investisseur privé », pense notre interlocuteur.
« Un autre facteur est important aussi. Il s’agit des réformes menées par l’Etat afin de soutenir les secteurs impactés par la crise et relancer l’emploi », continue-t-il.
« Le volet risque est aussi très déterminant dans cette équation. Avec la crise actuelle, le coût du risque va grimper à cause des défauts de paiement. Avec cette montée prévisionnelle du coût du risque, dans un contexte de taux bas, est-ce que les banques seraient aptes à débloquer de l’argent ? C’est la question qui se pose actuellement », conclut notre source.
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