Les cinq piliers du Maroc post Covid-19 selon l’institut Amadeus

Dans un rapport, le think tank marocain propose cinq piliers autour desquels pourrait s’articuler le modèle de développement du Maroc post-Covid-19. L’enjeu est de préparer le royaume à l’après-Covid, avec toutes les transformations et évolutions que la pandémie a impulsées.

Les cinq piliers du Maroc post Covid-19 selon l’institut Amadeus

Le 19 août 2020 à 14h10

Modifié 11 avril 2021 à 2h47

Dans un rapport, le think tank marocain propose cinq piliers autour desquels pourrait s’articuler le modèle de développement du Maroc post-Covid-19. L’enjeu est de préparer le royaume à l’après-Covid, avec toutes les transformations et évolutions que la pandémie a impulsées.

La perspective d’un Maroc post Covid-19 ne se fera pas sans adaptation, innovation, agilité, créativité et efficacité. C’est le postulat émis par l’institut Amadeus, think tank marocain, dans un rapport de 150 pages publié lundi 18 août, relatif aux cinq piliers de la relance et de la construction du modèle de développement national post-Covid-19. 

Premier pilier donc : l’adaptation. Le think tank plaide en faveur de la mise en place d’une économie forte ''en encourageant la consommation et l’investissement''. Dans le cadre de la relance de l’économie à travers la consommation, le rapport propose d’injecter des liquidités dans l’économie à travers ''un endettement raisonnable et limité afin d’éviter une situation de non-solvabilité''. Une approche qui, selon le think tank, devrait permettre de ''relancer la consommation et par conséquent, augmenter la demande qui poussera les opérateurs marocains à produire plus''.

La consommation des produits locaux a également un rôle important à jouer dans la reprise de la production nationale : des subventions étatiques ciblées, directes ou indirectes, ainsi que des incitations fiscales liées à ces produits (à la production comme à l’achat), peuvent être instaurées afin de rendre ces produits plus accessibles aux consommateurs marocains. L’institut suggère par ailleurs de démultiplier les campagnes médiatiques, elles aussi subventionnées par des institutions publiques, afin de faire la promotion des produits locaux et de la production nationale.

De plus, ladaptation passera nécessairement par le fait de répertorier et de structurer le secteur informel, qui emploie au Maroc plus de 5 millions de personnes. Dans ce sens, le rapport recommande d’intégrer le Registre social unifié (RSU) au sein des outils permettant de répertorier les opérateurs du secteur informel. ''Le RSU (...) vise à assurer l’efficacité et la traçabilité des aides financières généralisées ainsi que de l’universalisation des prestations sociales. Au regard des conditions difficiles des opérateurs de l’informel, cet outil semble propice pour leur classification en vue de leur intégration à l’économie formelle'', indique le document.

S’affranchir de l’exportation et cibler les secteurs prometteurs

Deuxième pilier : l’innovation, et la nécessité de favoriser l'émergence d'une nouvelle forme de souveraineté industrielle. Comment ? En s’affranchissant progressivement de l’importation et en ciblant les secteurs à fort potentiel de développement, entre autres.

L’affranchissement progressif de l’importation peut être envisageable en substituant les produits provenant de l’extérieur par la production locale, ''lorsqu’elle est possible à qualité et à tarifs identiques'', afin de soutenir le développement des produits nationaux.

L’institut propose aussi de classifier les produits importés à travers la mise en place de trois critères communs : la nécessité du produit importé, le degré de besoin des consommateurs et la présence d’un produit local similaire. ''Il serait dès lors possible de substituer certains produits étrangers par des produits locaux tout en priorisant les importations les plus indispensables'', relève le think tank.

Parallèlement à la réduction des importations, le ciblage des secteurs à fort potentiel de développement est lui aussi recommandé, au vu de l’évolution des modes de consommation impulsée par la pandémie. Pour cela, le think tank suggère la création d’une Agence de développement industriel (ADI). Son rôle ? Mobiliser l’ensemble des acteurs publics et privés, ainsi que les partenaires sociaux, les groupements professionnels et les associations de consommateurs, pour procéder à ce ciblage, en préconisant des recommandations pour l’élaboration de mesures visant à encourager l’investissement dans ces nouveaux secteurs.

Investir auprès des partenaires africains du Maroc

L’agilité, c’est le troisième axe de développement du Maroc post-Covid-19.

Faire preuve d’agilité, c’est investir dans l’intégration africaine et diversifier les partenariats. ''Dans le cadre de la redéfinition de nouvelles chaînes de valeur et d’approvisionnement, et dans une logique de diversification des partenariats, il serait pertinent de développer de nouvelles voies d’approvisionnement entre pays du Sud ou africains. Le Maroc aurait tout intérêt à fortement s’engager dans cette dynamique, pour réduire sa dépendance vis-à-vis de l’Europe et pour favoriser, dans le cadre de la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine, NDLR), une meilleure intégration économique avec son continent d’appartenance, tout en accélérant le développement de son tissu productif national'', estime l’institut Amadeus.

L’agilité, cest aussi construire et façonner le label Maroc, notamment à travers la création de l’Agence de la ''Marque Maroc'' qui aurait vocation à porter et à coordonner toutes les stratégies et les initiatives liées au ''Label Maroc''. Objectif : mettre en avant les avantages concurrentiels et comparatifs du Maroc, tout en exploitant les atouts du capital immatériel du royaume et les perspectives de déploiement de son ''soft-power''.

Favoriser la créativité et enrayer la fuite des cerveaux

Encore faudra-t-il ''libérer le capital humain'', ainsi que le suggère le rapport à travers son quatrième pilier qu’est la créativité. Pour cela, le positionnement du marché du travail au cœur de l’enseignement est absolument nécessaire, estime l’institut Amadeus.

Le marché du travail doit en effet s’insérer directement dans l’enseignement afin de limiter la fuite des cerveaux, des talents, sous d’autres cieux. Le rapport propose de développer un dispositif institutionnel afin d’encourager les jeunes talents à rester au Maroc. Pour ce faire, ''des stratégies transverses les poussant à rester au pays pour faire profiter le Royaume de leurs talents et expertises'' peuvent être mises en place.

Un dispositif qui pourrait s’organiser sous forme d’outils institutionnels aidant les jeunes à l’orientation, à la recherche d’emploi et à la représentation, afin de faire valoir leurs besoins et de favoriser leur épanouissement professionnel. ''Ce mécanisme devrait également permettre la valorisation de ces profils, y compris à travers des incitations financières, au sein des entreprises pendant les premières années de leur vie professionnelle'', suggère aussi le think tank.

Un service public pleinement à disposition des citoyens

Cinquième et dernier pilier : l’efficacité. L’institut revendique la nécessité de faire émerger un ''État social'' : ''La pandémie accentue la nécessité de généraliser et de renforcer les filets sociaux qui sont, in fine, les principaux outils de ''sécurité'' indispensables pour faire face à une crise de l’envergure de celle que nous vivons actuellement.''

Faire émerger un ''État social'', c’est donc coordonner plus efficacement l’action associative. Le rapport rappelle que le Maroc compte plus de 300.000 associations qui interviennent dans des secteurs très rapprochés. ''Dans ce cadre, l’État pourrait repérer les associations à forte utilité publique dans une logique de partenariat avec la société civile, afin d’intégrer celles-ci à l’action sociale de l’État et de maximiser ainsi ses efforts pour le développement humain''.

Il est aussi question de simplifier l’accès à la carte Ramed en permettant, dans le cadre de la généralisation de la couverture sociale, l’accès à cette carte aux individus et non pas uniquement aux chefs de famille. Ce processus pourrait ainsi faciliter l’obtention de cette carte par les femmes divorcées et veuves vivant généralement dans des conditions très précaires.

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