L'Istiqlal se positionne comme l'alternative pour les élections de 2021

Depuis le début de la crise sanitaire, le secrétaire général de l’Istiqlal multiplie les sorties dans un champ politique peu audible voire mutique, avec des propositions qui le positionnent comme l’homme de l’alternative en 2021. Interrogé par Médias24, le vice-président de l’alliance des économistes du PI, Adnane Benchekroun, affirme que le dernier mémorandum pose les prémices de la campagne électorale.

L'Istiqlal se positionne comme l'alternative pour les élections de 2021

Le 8 juin 2020 à 15h40

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Depuis le début de la crise sanitaire, le secrétaire général de l’Istiqlal multiplie les sorties dans un champ politique peu audible voire mutique, avec des propositions qui le positionnent comme l’homme de l’alternative en 2021. Interrogé par Médias24, le vice-président de l’alliance des économistes du PI, Adnane Benchekroun, affirme que le dernier mémorandum pose les prémices de la campagne électorale.

Quatre jours après la publication d’un mémorandum adressé par le SG du PI au Chef du gouvernement, Médias24 a interrogé Adnane Benchekroun, vice-président de l'Alliance des économistes du parti, sur son timing et sur ses objectifs électoraux.

Les mesures du mémorandum constituent un canevas pré-électoral

Adnane Benchakroun reconnaît que ce document contient bien les grandes lignes autour desquelles s’articulera le futur programme électoral.

"Au regard de la proximité avec les élections de 2021, il est évident que tout ce que publie l'Istiqlal en 2020 concerne également l'horizon 2021 et futur.

"Le mémorandum est un package avec des éléments de court terme qui concernent la loi de finances rectificative et d'autres mesures que l'on aimerait voir incorporées dans la loi de finances 2021 pour la relance, sachant que la loi de finance rectificative doit quant à elle s'appuyer sur la sauvegarde.

"Poser le débat n'a pas été évident car il n'est pas facile de dévoiler ses cartes avant la campagne électorale mais le secrétaire général a préféré jouer la transparence avec des propositions sociales comme le revenu universel unifié, la couverture sanitaire universelle, le minimum vieillesse avec l'augmentation de la retraite jusqu'à 60% de couverture des retraités.

"Ssi Nizar a posé les termes de langage sur lesquels va se jouer l'offre socio-politique et en effet si l'on se focalise sur la campagne électorale, on peut en déduire qu'il s'agit de ses prémices", reconnaît Benchekroun.

Point de salut économique sans un endettement supplémentaire

Questionné sur une offre que certains pourraient qualifier de gauche, notre interlocuteur affirme que le leader de son parti a parlé un langage de vérité.

"Sachant qu’il n’est pas possible de traverser la crise actuelle sans augmenter l'endettement, notre secrétaire général n’a fait que dire et reconnaître que l'on ne pourra pas éviter de recourir à la dette.

"En effet, tout le débat politique doit porter sur le niveau d'endettement et sur l'arbitrage entre dette intérieure et dette extérieure. Notre secrétaire général a par ailleurs donné d'autres pistes comme la nécessité de créer huit fonds d'investissement pour soutenir l'économie et les entreprises.

"Pour cela, il a proposé plusieurs types de montages financiers sur 7 ans avec un taux d'intérêt nul pour entrer dans le capital.

"Partant du fait qu’il faudra sauver de nombreuses entreprises qui vont faire faillite et qu’il y aura beaucoup de chômage et de pauvreté, le mémorandum contient des pistes pour les entreprises et les ménages.

"C’est la raison pour laquelle il faudra minimiser les dégâts à travers des propositions spécifiques à la loi de finances rectificative et un plan de relance massif pour la prochaine loi de finances.

Des emprunts estimés à 150 milliards de DH

"Quand on parle de plan de relance, cela se conjugue en flux monétaires à savoir que le budget de l'État va manquer de nombreux milliards et qu’il va falloir savoir où nous allons les trouver.

"Nous devons donc faire des levées de fonds au niveau national et international avec par exemple un emprunt national sur 25 ou 30 ans et d’autres internationaux sur 35 ans, voire même 40 ans", explique l’économiste.

Sur le montant total nécessaire de ces deux types d’emprunt, notre interlocuteur évoque un minimum de 15 % du PIB soit 150 milliards de DH.

Une matrice perfectible en cours d’élaboration

"Sachant que sur ces questions, il y a des divergences au parti, nous sommes en train de faire tourner tous les modèles car il y a plusieurs inconnues, comme par exemple les éléments de la demande extérieure qui sera adressée au Maroc et les secteurs qui vont démarrer plus vite que d'autres.  

"Face à ces interrogations, il nous est donc très difficile d’avoir une convergence sur un modèle de simulation et une volumétrie de dette. C’est pourquoi, pour l'instant, nous sommes en phase d'élaboration d'une matrice qui sera corrigée par la suite.

Pour la création de nouveaux impôts de solidarité

"Pour ce qui est de la fiscalité, le parti a proposé la création d’un impôt de solidarité pendant une durée de 3 ans et une augmentation de l'impôt sur certaines sociétés qui ont un monopole de fait.

"Selon nous, ce ne sont pas des impôts de solidarité qui vont handicaper la reprise économique", avance notre interlocuteur.

Un mémorandum qui veut remédier au manque d’offre politique

Interrogé sur le timing des propositions du secrétaire général, Benchekroun explique que sa démarche procède d'une volonté de pallier un manque d’offre politique de la majorité et de l'opposition.

"Partant du fait que tout ce qu'on produit est destiné à aider le pays et le gouvernement, nous n'avons donc aucun problème à ce que l'exécutif reprenne toutes nos propositions voire se les approprie. En effet, un parti nationaliste comme l’Istiqlal ne veut pas jouer petit mais plutôt collectif.

"Que ce soit ce que nous avons déjà mis sur la table ou d’autres choses à venir qui concerneront la santé, l'enseignement ou l'industrie du textile, nous allons continuer à mobiliser une vingtaine de nos experts installés à Dubaï ou à Singapour qui vont sortir un document avec des propositions à forte valeur ajoutée", explique le vice-président de l’Alliance des économistes de l’Istiqlal.

L’Istiqlal veut arriver premier mais sans lignes rouges

A la question de savoir si le PI se positionnait dès aujourd’hui pour constituer une alternative au PJD, l’économiste confirme la volonté de cette formation d’arriver en tête au scrutin législatif pour appliquer son programme.

Sur son éventuelle proximité avec le parti de la lampe, notre interlocuteur affirme qu’il n’y a aucune ligne rouge avec toutes les formations qui se sentent à l'aise avec l’offre et le programme de l’Istiqlal.

Le SG ne s’est pas encore prononcé sur le maintien ou le report des élections de 2021

A la dernière question portant sur la position du secrétaire général concernant le maintien ou pas de la date des élections prévues courant 2021, Benchekroun déclare que le SG n'a pas encore pris de décision définitive.

"Ssi Nizar a dit que le sujet avait été retardé par la crise sanitaire mais que nous allons revenir autour de la table avec le ministre de l'Intérieur pour discuter des lois électorales. En fait, le seul critère important pour le PI, c'est de garantir les conditions pour une participation électorale importante.

"Sachant que la situation épidémique mondiale à venir est lestée d'incertitudes, nous aviserons en temps voulu avec les autres partis autour de la table car notre seule priorité est que les électeurs puissent se rendre en masse aux urnes.

 "Aujourd'hui, il y a une date constitutionnelle dont on tient compte, mais le SG n’a demandé ni le maintien ni le report des futurs scrutins car ce n'est pas encore d'actualité", conclut Benchekroun en ajoutant que le PI prendra position sur cette question en fonction du contexte post-pandémie.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

SOTHEMA : Résultat Annuel 2023 et Avis de Convocation à l'AGO du 22 mai 2024

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.

1er séminaire de dialogue sur les élections et la démocratie en Afrique - Séance d'ouverture