Accélérer la flexibilisation du dirham, une priorité selon le FMI
Dans son nouveau rapport sur le Maroc, achevé le 3 décembre, le FMI appelle les autorités du pays à accélérer la réforme du régime de change. Toutes les conditions sont réunies et l’élargissement de la bande de fluctuation du dirham aidera le pays à accélérer sa croissance et à renforcer sa compétitivité, insiste l’institution.
Ce n’est pas la première fois que le FMI appelle le Maroc à accélérer sa réforme du régime de changes en élargissant davantage la bande de fluctuation du dirham. Et la réponse des autorités marocaines a toujours été la même : « Les autorités prévoient de passer à la prochaine phase de la réforme au moment opportun. Il est essentiel de veiller à ce que les agents économiques, en particulier les PME, soient sensibilisés aux risques liés à de plus grandes fluctuations du dirham et soient en mesure d'utiliser les couvertures existantes », écrivent dans une lettre adressée à la directrice générale du FMI, le Wali de Bank Al Maghrib et le ministre de l’Economie et des Finances.
Cette lettre accompagne le nouveau rapport du FMI sur le Maroc, mis en ligne le 28 janvier 2020. Un rapport qui s’inscrit dans le cadre de la deuxième revue économique réalisée par les équipes du FMI suite au renouvellement de la ligne de précaution et de liquidité octroyée au Maroc en décembre 2018.
Cela étant dit, Abdellatif Jouahri et Mohamed Benchaaboun se disent conscients des effets positifs que peut avoir une plus grande flexibilité du taux change, comme ils l’écrivent dans la même lettre. « Cette transition aidera l'économie à absorber plus efficacement les chocs externes potentiels, préserver sa compétitivité et soutenir sa diversification et son intégration dans l’économie mondiale ».
Un attentisme qui contraste avec le ton utilisé par le staff du FMI qui considère la flexibilisation comme une « priorité », aux côté d’autres réformes comme celles de la fiscalité, de l’éducation, du marché du travail…
« La transition devrait se dérouler sans heurts »
Pour rassurer le gouvernement marocain, le FMI signale que cette transition devrait se faire sans gros risques, comme pour la première phase entamée en janvier 2018 avec l’élargissement de la bande de 0,3 à 2,5%.
« Cette réforme progresse avec succès et le dirham évolue dans sa bande de fluctuation sans aucune intervention de la Banque centrale depuis avril 2018. Ce changement s’est accompagné d’un renforcement des avoirs extérieurs des banques et d’un approfondissement du marché des changes », note le rapport du FMI.
Aussi, toutes les conditions sont réunies pour passer à la prochaine étape, signale le rapport. « La transition devrait se dérouler sans heurts, car les conditions préalables sont en place et le Maroc est dans une position de force, avec des tampons budgétaires et externes raisonnables, et des restrictions aux sorties de capitaux des résidents. Bien que les autorités n'aient pas fourni un calendrier précis, le personnel considère les conditions actuelles comme favorables et recommande d'accélérer le passage à la phase suivante », signale le staff du FMI.
Le FMI s’attend à une augmentation des réserves en devises
Parmi ces conditions préalables, le FMI cite la stabilité du taux de l’inflation qui n’a pas dépassé la barre des 2% ces dernières années et qui devrait évoluer dans cette même zone sur le moyen terme.
Le FMI cite également les tampons budgétaires qui restent « raisonnables », malgré le glissement du déficit budgétaire à 4% en 2019.
Idem pour la position extérieure du pays qui devrait légèrement s’améliorer selon les prévisions du FMI. Le déficit du compte courant devrait ainsi se réduire à 3,9% du PIB en 2020 et à 2,8% du PIB à moyen terme, selon les projections présentées dans le rapport. Et ce grâce à l'augmentation des exportations automobile (avec de nouvelles usines atteignant le stade d’exportation) et la baisse de la facture énergétique, consécutive à la baisse des prix du pétrole et à l’augmentation de la capacité de production nationale d'électricité.
Le FMI table aussi sur une stabilisation des flux des IDE et de capitaux (dette étrangère et investissements de portefeuille compris) autour de 1,8 et 1,5% du PIB, respectivement.
Dans ces conditions, les réserves internationales en devises devraient légèrement augmenter. D’un stock de 25,5 milliards de dollars à fin 2019, celles-ci couvrent déjà 5,2 mois d’importations. Un niveau jugé satisfaisant par le FMI
Ces préalables, couplés aux restrictions liés aux sorties de capitaux des résidents, devraient donc rassurer les autorités marocaines et les encourager à sauter le pas. « L'environnement économique favorable continue de fournir une fenêtre d'opportunité pour mener à bien cette réforme de manière séquentielle », déclare ainsi le directeur général adjoint du FMI, Mitsuhiro Furusawa.
L’objectif étant de permettre au pays de profiter de cette « fenêtre d’opportunité » pour renforcer sa capacité à absorber de futurs chocs externes. Mais surtout à créer les conditions pour une plus forte croissance et une amélioration de la compétitivité des opérateurs privés.
>>Lire aussi: Flexibilité du dirham : le gouvernement franchira-t-il un nouveau pas en 2020 ? Avis d'experts
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