Taux d’intérêt : une correction haussière de la partie longue de la courbe est attendue (Marogest)

| Le 27/1/2020 à 15:17

Stabilisation du cadre macroéconomique, évolution de la politique monétaire,… Voici les principaux facteurs qui se placent derrière la baisse des taux d’intérêt, relevés par la société de gestion Marogest qui anticipe une correction haussière de la partie moyenne et longue de la courbe des taux d’intérêt. 

La baisse des taux d’intérêt ne date pas d’hier. L’équipe de la société de gestion Marogest a analysé les facteurs qui sont à l’origine de la baisse des taux d’intérêt au Maroc à partir des années 90.

Deux types de facteurs ont été relevés. Les premiers tenant aux réformes majeures opérées pour encercler les déséquilibres économiques et financiers grandissant, et les seconds portent sur des éléments conjoncturels du marché.

Selon Marogest, les facteurs se rapportant aux réformes majeures opérées reposent sur trois principaux points : 

> Stabilisation du cadre macroéconomique :

Le Maroc a réalisé de réels progrès qui se traduisent à travers, entre autres, l’amélioration sensible de ses indicateurs économiques et financiers, le renforcement des règles du marché dans la régulation de la dynamique économique, et l’ouverture sur l’extérieur.

Ces signaux ont favorisé le retour de confiance des bailleurs de fonds internationaux et, aussi, la baisse de la prime de risque du Maroc. Cette baisse a permis de détendre les tensions sur le marché financier et d’entrainer les taux domestiques à la baisse. 

> Réforme du marché financier :

Les réformes profondes du marché financier ont contribué à la réduction des tensions sur les taux d’intérêt à travers une meilleure collecte de l’épargne et l’instauration des bases d’un secteur bancaire solide et plus compétitif

Ces réformes ont touché au secteur bancaire et des marchés de capitaux. La politique monétaire et de change a connu une modernisation de ses instruments permettant d’ouvrir le marché financier à l’international. 

Les règles du marché ont retrouvé une place centrale dans la régulation de l’activité et particulièrement dans l’évolution des taux d’intérêt qui interagissaient désormais avec les conditions macroéconomique et monétaire du pays, tout en désenflant à mesure que le système bancaire gagnait en maturité et compétitivité. 

> Politique monétaire : 

La banque centrale a agi sur les taux d’intérêt à travers le taux directeur. 

Bank Al-Maghrib (BAM) faisait en sorte que la masse monétaire soit en harmonie avec les besoins réels du pays en vue d'éviter, par une progression trop faible du stock de monnaie, une diminution de la croissance, ou encore par une expansion trop forte de cette masse, une surchauffe de l'inflation.

Depuis le temps, BAM a procédé à des baisses graduelles du taux directeur, le ramenant de 7% en 1996 à 2,25% en 2016. 

>>> Lire aussi : Bank Al-Maghrib maintient son taux directeur mais lâche un peu de liquidités

Les taux d’intérêts bancaires ainsi que ceux appliqués sur les différents instruments de placements « Bons du Trésor, Obligations, TCN,… », ont suivi l’évolution du taux directeur en enregistrant des baisses ayant dépassé les 500 pbs, mettant le loyer de l’argent à son plus bas niveau historique.

>>> Lire aussi : Les taux des bons du Trésor devraient poursuivre leur baisse en 2020

Les taux des Bons du Trésor ont connu des baisses comprises entre 700 pbs et 950 pbs selon les maturités. Le taux moyen pondéré (TMP) du marché interbancaire a, quant à lui, accusé un recul de 7,75% à 2,25% sur la même période. 

Après cette série de réformes majeures, des facteurs conjoncturels ont entériné le glissement baissier des taux. Ceux-là se déclinent comme suit : 

> Influence de la politique prudentielle des établissements de crédit :

Les banques se voient obligées de limiter leur offre de crédits, surtout avec l’application des normes IFRS 9. Face à cela, les mécanismes du marché plaident pour une remontée des taux puisqu’il y a une diminution de l’offre, mais c’est étrangement le scénario inverse qui se produit. 

Selon Marogest, cette évolution s’explique par la sélectivité qui s’opère en parallèle au niveau de l’offre de crédit bancaire

Autrement dit, pour concilier le besoin de croissance et la nécessité de maitriser le risque de crédit, les banques deviennent davantage sélectives en focalisant toutes leurs attentions sur les clients les plus solvables.Cela crée une rude concurrence entre les banques pour captiver les bons clients et se trouvent obligées de faire des concessions dans les offres de financement. 

Ainsi, les taux d’intérêt fléchissent continuellement au moment où l’offre globale de crédit ne cesse de ralentir. 

> Déséquilibre en faveur de la demande sur le marché des bons du Trésor :

Sur le marché des bons de Trésor, l’offre reste généralement maîtrisée alors que la demande ne cesse de progresser. Ainsi, ce déséquilibre entraine un enlisement continu des taux d’intérêt vers le bas. 

Grâce, entre autres, à la diversification des sources de financement du Trésor, la pression exercée par ce dernier sur le marché local a diminué.

Pour sa part, la demande importante sur les bons du Trésor résulte de la demande structurelle exercée par les institutionnels (Banques, Caisses de retraite et compagnies d’assurance…) que ce soit directement à travers l’acquisition des Bons du Trésor, ou indirectement par le biais de la souscription dans les OPCVM.

La vigueur de la demande exercée est, en effet, dictée par des obligations réglementaires et contraintes prudentielles.

> Mutation des placements financiers :

Marogest souligne qu’il a été constaté un basculement majeur s’opère des placements en produits bancaires classiques vers les placements en OPCVM Taux.

Ce basculement est motivé par la liquidité accrue qu’offrent les placements en OPCVM taux en comparaison avec les placements bancaires classiques, tout en permettant aux investisseurs de toucher à des rémunérations plus intéressantes. 

Cette évolution a été favorisée par la baisse de l’agressivité commerciale des banques dans la collecte des produits d’épargne classiques (Comptes à terme et Bons de caisse), suite à la diversification privilégiée des sources de financement (Intensification du recours aux émissions des obligations subordonnées, obligations perpétuelles, Green Bonds,…).

Une correction haussière est prévue de la courbe des taux (moyenne et longue) 

Marogest a également réalisé une analyse économétrique pour anticiper l’évolution de la courbe des taux sur un horizon de 12 mois. 

A l’issue de cette analyse, il a été déduit qu’un potentiel de glissement baissier de la courbe des taux subsiste encore sur la partie courte de la courbe

Par ailleurs, pour la partie moyenne et longue de la courbe, elle semble avoir consommé son potentiel baissier. Une correction haussière sur cette partie devrait s’opérer pour qu’elle soit en phase avec la configuration actuelle du cadre macroéconomique.

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