Financement: Les messages de Mohamed Kettani au nom de la profession

Mohamed Kettani, en porte-parole de la profession, a délivré plusieurs messages clés pour défendre les banques à qui l'on reproche une frilosité dans le financement de l'économie, lors de la rencontre de la CGEM au sujet du PLF 2020. Verbatim.

Financement: Les messages de Mohamed Kettani au nom de la profession

Le 4 novembre 2019 à 17h35

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

Mohamed Kettani, en porte-parole de la profession, a délivré plusieurs messages clés pour défendre les banques à qui l'on reproche une frilosité dans le financement de l'économie, lors de la rencontre de la CGEM au sujet du PLF 2020. Verbatim.

Lors de la rencontre organisée par la CGEM ce lundi 4 novembre et consacrée aux débats autour du PLF 2020 "pour la consolidation de la confiance et la relance de l’investissement", les acteurs économiques ont eu l'occasion de présenter leurs doléances, questions ou observations devant un parterre d'hommes d'affaires et en présence des deux ministres de l'Intérieur et de l'Economie, des Finances, et de la réforme de l'administration. 

L'une des interventions les plus remarquées a été celle de Mohamed Kettani, PDG d'Attijariwafa bank . Ce dernier prend la parole au nom de sa profession en tant que vice-président délégué du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) pour délivrer quelques messages.

"J’ai vu dans différentes interventions que le secteur bancaire est interpelé. Je tiens à souligner que la profession bancaire a toujours été derrière l’entreprise et elle le sera encore plus après le discours royal du 11 octobre 2019", avance le vice-président du GPBM. 

Pour rappel, le Roi Mohammed VI avait consacré l'essentiel de son traditionnel discours à l'occasion de l'ouverture de la session parlementaire à la problématique du financement en exhortant le secteur bancaire à faciliter les procédures et les financements, notamment en faveur des jeunes, de l'auto-emploi, des PME exportatrices en Afrique. Il avait également appelé à faciliter l'accès aux services bancaires à tous les citoyens, en particulier les travailleurs du secteur informel.

Depuis, tous les regards sont tournés vers le secteur bancaire qui a brisé enfin le silence dans le cadre de cette rencontre.

95% des dépôts sont distribués 

"Le secteur bancaire est totalement et unanimement mobilisé derrière l’entreprise. Ça c’est le premier message et nous sommes mobilisés derrière Sa Majesté et le gouvernement", avance le porte-parole du GPBM. 

"Je crois que les mesures qui ont été annoncées par les deux ministres sont à même d’aller dans le sens de la consolidation de la confiance et de la relance de l’investissement. Et comme je sais que vous êtes des femmes et des hommes d’entreprises et que les chiffres vous parlent, permettez-moi de vous donner quelques chiffres très concrets pour situer la problématique", déclare-t-il

Le premier chiffre évoqué par Kettani est celui des dépôts. A fin septembre, les banques ont collecté 864 MMDH de dépôt. Sur ce montant, les banques ont distribué et consommé 819 MMDH.

"Nous sommes à un taux de transformation de nos dépôts de 95%. C’est l’un des ratios les plus élevés de toute la région MENA et de tout le continent africain", révèle-t-il. 

"Au sein de cette masse de capitaux déjà employée au niveau de l’économie marocaine, 24% sont alloués aux TPME. Le deuxième pays c’est le Liban (16%), le troisième c’est la Tunisie (15%), la Jordanie est à 10% et on tombe à 4% avec les Emirats arabes unis", ajoute le PDG d'Attijariwafa bank (AWB).

Pour ce dernier, ces chiffres qui émanent d'une "récente étude du la SFI" sont une preuve que "le Maroc est en pôle position dans le financement de la TPME en Afrique et dans la région Mena". 

65 MMDH bloqués auprès d'entreprises en difficultés

Un autre chiffre à retenir mentionné par le représentant du GPBM est le taux de contentialité. "La profession bancaire est à un taux de contentialité de 7,9%. 65 MMDH sont immobilisés auprès d’entreprises en difficultés. Si on additionne à ce taux, les crédits qui se sont transformés en actifs immobiliers à travers les dations en paiement, nous sommes à un taux de 10%", s'exclame le président d'AWB. 

La norme ou le point d’alerte est de 2%, rappelle-t-il. "Au-delà de 2%, une banque à l’échelon mondial commence à s’inquiéter sur le comportement de ses crédits. Dire que le secteur bancaire est frileux à l’égard de l’entreprise, on est loin de l’être… au contraire nous sommes fortement engagés dans le financement de l’économie".

Le financement des startups n'est pas l'affaire des banques commerciales 

L'intervention de Mohamed Kettani n'avait pas pour seul objectif de blanchir la réputation des banques chiffres à l'appui. Il a également évoqué plusieurs problématiques que rencontrent les banques. "Le taux de rotation d'une masse de crédit accordé à un secteur donné avait une vitesse de 3 ans max. Pas mal de secteurs sont passés de 3 à 6 ou 7 ans. Autrement dit, l’argent ne tourne pas à une vitesse économique qui permet justement une implication très forte du secteur bancaire derrière la TPME", explique Mohamed Kettani. 

Pour les délais de paiement dans le secteur privé, "il y a 450 MMDH bloqués inter-entreprises au sein du secteur privé. Je ne parle même pas de la dette publique", avance-t-il. 

Kettani s'est également attardé sur la problématique du financement des startups. Plusieurs reprochent aux banques de ne pas mettre la main à la poche pour soutenir les startups. Sur cette question, le porte-parole du GPBM n'a pas mâché ses mots et a présenté une position très claire du secteur bancaire. 

"J’ai entendu parler ces dernières semaines dans cette effervescence autour du secteur bancaire dans le financement de l’économie... du capital investissement et des startups... Il faut savoir qu’aucune banque commerciale américaine ne donne un dollar aux startups", lâche-t-il. 

"Les startups sont financées par des investisseurs institutionnels, des spéculateurs et les business-Angels. Ces derniers donnent des milliards de dollars dans des fonds qui s’impliquent aux côtés des investisseurs jeunes ou moins jeunes pour initier des startups. Malheureusement, ce marché est quasiment inexistant chez nous. Les banques commerciales ne peuvent pas prendre des dépôts et les placer dans des startups. C’est de quoi détruire le secteur bancaire et l’économie nationale en moins de trois ans", déclare-t-il.  

"Il va falloir que l’opinion publique sache que les startups sont financées par des modes de financement alternatifs et c’est pourquoi le ministère des Finances travaille avec les institutionnels financiers et le secteur bancaire pour approfondir le marché des capitaux et donner des financements alternatifs aux startups et aux PME à forte connotation technologiques et qui ont des fonds propres extrêmement limités", poursuit-il. 

"Les banques commerciales, c’est le cas de l’ensemble des banques membres du GPBM, ne peuvent pas financer (les startups). Elles collectent des dépôts qui ont une maturité inférieure à 6 mois et nous plaçons notre argent sur les opérations hôtelières ou minières sur des maturités de 15 ans.. On fait déjà une transformation très agressive". 

Réintégrer le cash dans le circuit bancaire

Le représentant du GPMB s'est ensuite attaqué à un sujet sensible. Celui de l'augmentation de la monnaie fiduciaire. "Je crois que nous sommes à la veille d’un déclic important si nous arrivons à mobiliser l'argent en monnaie fiduciaire qui a explosé ces deux dernières années", explique-t-il. Selon ce dernier, la croissance de la monnaie fiduciaire était de 3% par an alors qu'elle a enregistré une croissance de 7% l'année dernière. 

"Il y a 17 MMDH qui se sont additionnés en un an. Si on essaie d’extraire ce cash à travers des déclarations volontaires et des contributions volontaires, ça permettra de réanimer la machine du financement", ajoute-t-il.

Le président d'AWB a rappelé que les banques se sont réunies au lendemain du discours royal pour plancher sur de nouveaux dispositifs de financement. "Les équipes travaillent d’arrache-pied. Une seule action a été annoncé par le ministre pour le moment et c’est le fameux fonds des 6 MMDH dont 3 MMDH financés par le budget de Etat et les 3 autres par les banques", explique-t-il. 

"Il faut savoir que ce fonds, essentiellement un fonds de garantie, jouera le rôle de levier et donc on peut facilement imaginer un multiplicateur par 6 minimum qui donnera naissance à plusieurs milliards de dirhams de financement à travers le fonds et le secteur bancaire", avance-t-il.

Mais parallèlement, "les banques sont en train de finaliser des plans d’actions dans leur stratégies de financement des TPME avec un certain nombre d’actions multiformes qui vont venir sur le marché les semaines à venir. Il y aura des actions dont la créativité sera féconde car la concurrence fait loi dans notre activité. Je peux vous assurer que le marché sera surpris par les stratégies des uns et des autres dans l’accompagnement des TPME", promet le patron d'AWB. 

"Etant donné que la profession a été interpellée, mon message est le suivant : je peux vous assurer et vous rassurer que le secteur bancaire est à l’écoute et complètement mobilisé derrière cette action car il y va de la croissance économique de notre pays et de la création d’emplois", conclut-il. 

Lire aussi : Discours du Roi: les banques activeront le dispositif spécial dès janvier 2020

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