Baisse des ventes de voitures neuves : quel impact sur Auto Hall ?

K.Y. | Le 5/7/2019 à 11:11

Les deux marques phares du groupe, Ford et Nissan, ont été particulièrement touchées part le repli du marché automobile sur le premier semestre de l’année. Quel impact sur les résultats du distributeur ? Comment se comportera le titre en Bourse ? Peut-on miser sur une reprise sur le reste de l’année ? Eléments de réponse. 

Le marché automobile a connu une forte chute sur les six premiers mois de l’année. Les ventes dans leur globalité ont baissé de 11%. Un repli qui concerne pratiquement toutes les marques et tous les segments de marché. 

Principal distributeur automobile coté, Auto Hall est particulièrement touché par cette tendance, surtout sur ses deux marques phares Ford et Nissan. 

Ford représente plus de 45% des ventes d’Auto Hall. Ses ventes sur le premier semestre ont chuté de 39,07% selon les chiffres de l’AIVAM. Auto Hall n’a pu en écouler que 3.136 unités aussi bien sur les véhicules particuliers qu’utilitaires. 

>>> Lire aussi : Des concessionnaires expliquent la chute des ventes de voitures neuves

Un double effet Fiesta-Focus 

Un analyste financier qui suit la valeur nous explique cette forte chute par :

-l’effet du salon (Auto Expo) qui a gonflé les chiffres du premier semestre de l’année 2018 

-le changement de stratégie de la marque mondiale sur le Maroc qui a touché de plein fouet les ventes des deux modèles phares de la marque : Fiesta et Focus. 

Sur le Fiesta, la baisse des ventes est due selon notre analyste au changement opéré au niveau de la politique de prix. Très agressive par le passé, avec des réductions qui pouvaient aller jusqu’à 20%, la politique de vente de la maison a désormais changé, avec un relèvement des prix à la vente. Ce qui n’a pas manqué d’impacter à la baisse les ventes, au vu de la forte concurrence sur ce segment de marché.

Idem pour le Focus où le groupe a décidé tout simplement, selon notre source, de ne pas commercialiser le nouveau modèle au Maroc. « Ford veut se positionner sur le SUV et sur un nouveau genre de véhicule d’ici 2021 selon les annonces de ses dirigeants. Ils n’ont pas précisé de quel genre de véhicule il s’agissait, mais nous pensons que ce sera de l’électrique et de l’hybride ». 

Autre marque phare du groupe : Nissan. Celle-ci a vu ses ventes chuter de 34,52% à 2.362 unités (véhicules particuliers et utilitaires). 

Le portefeuille du groupe compte également deux autres marques : Opel, qui vient d’intégrer le périmètre du distributeur et Mitsubishi. Ces deux marques ont signé des croissances à deux chiffres : 79,37% pour la marque allemande et 13,66% pour la japonaise. Mais les volumes de ventes (2.500 unités pour les deux marques) n’amortiront que légèrement le repli enregistré sur Ford et Nissan qui représentent l’essentiel du chiffre d’affaires du groupe.

Le groupe commercialise également la marque Dongfeng, mais ses ventes ne sont pas encore intégrées dans les statistiques du marché. On ne saura donc rien sur le comportement des ventes de cette marque. 

Les analystes vont revoir leurs prévisions à la baisse

En 2018, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 4,8 milliards de dirhams en baisse de 5%. Son résultat net a baissé également de 10% à 167 millions de dirhams. 

Le marché s’attendait à une reprise en 2019. Dans une note de recherche produite en février, CFG tablait pour 2019 sur une hausse du chiffre d’affaires de 3,6% à 4,8 milliards de dirhams.
Une prévision qui était appuyée par l’intégration d’Opel dans le portefeuille du groupe sur une année pleine. 

La banque d’affaires estimait également que la marge brute allait s’améliorer à 16,4% se traduisant par des marges d’EBITDA et d’EBIT de respectivement 9,2% et 6,6%. Ce qui produirait un RNPG de 148 millions de dirhams en croissance de 4,8%. 

CFG recommandait ainsi aux investisseurs de conserver le titre, avec une valorisation de 75 dirhams par action. 

En octobre 2018, Attijari Global Research (AGR) tenait à peu près la même opinion sur la valeur, recommandant aux investisseurs de la conserver dans les portefeuilles avec un cours cible de 85 dirhams. Son argumentaire se basait sur deux points : 

-la récente correction en bourse de l’action, qui a lâché pour rappel plus de 11% en 2018. L’équipe Attijari considérait donc que le titre était correctement valorisé. 

-l’effort d’investissement soutenu du groupe qui offre un effet de rattrapage sur le moyen terme. Attijari parle ici de l’investissement consenti dans l’ouverture de nouvelles succursales et l’acquisition de nouvelles cartes (Opel notamment).

Ces prévisions risquent désormais de changer selon une source chez CFG : « Nos prévisions intégraient déjà une baisse des ventes, mais elle s’est avérée finalement plus importante que prévu ». 

La valorisation de l’action sera également revue à la baisse, mais rien ne dit pour l’instant que la recommandation des analystes passera « à la vente »

« Pour changer de recommandation, il faut un écart de valorisation de 15%. Nous allons introduire les nouvelles données dans notre modèle et émetterons une recommandation d’ici septembre », nous dit notre source.

Un titre « correctement valorisé »

En attendant, le titre continue sur sa chute en Bourse. Après la baisse de 11% accusée en 2018, l’action a perdu 11,6% depuis le début de l’année 2019, traitant désormais à 70,90 dirhams. Loin de son cours cible de 75 à 85 dirhams calculé par les analystes du marché. 

Risque-t-elle de baisser davantage sur le reste de l’année ? Pas forcément, estime un des analystes contactés par le Boursier : « le marché a déjà anticipé la baisse des ventes. Mais ne s’attendait pas à ce qu’elle soit de cette ampleur. Le titre va peut être continuer à baisser, mais une reprise est attendue en fin d’année », nous explique-t-il.

« Le premier semestre a été assez dur. Mais nous pensons que le marché va reprendre dans sa globalité sur le deuxième semestre pour finir à l’équilibre », ajoute notre analyste. 

Le titre Auto Hall devra profiter de cette reprise, selon lui, au vu de ses niveaux de valorisation. 

« Le titre traite avec un P/E de plus de 23 fois ses bénéfices futurs. Il semble cher à première vue, mais le P/E dans le cas d’Auto Hall n’est pas très représentatif, car la société est fortement endettée et ses charges sont gonflées par le volume des amortissements liés à l’effort d’investissement consenti par le groupe. C’est le ratio VE/Ebitda qui est le plus parlant. Il se situe entre 11 et 12 fois, ce qui est dans la moyenne mondiale du secteur », explique notre expert.

Mais au delà des péripéties cycliques du marché, la valeur Auto Hall reste il faut le dire une valeur de long terme

Dans un marché encore sous équipé en automobile (près de 60 véhicules particuliers pour 1.000 habitants, huit fois moins qu’en Europe), le groupe dispose d’un large réseau de distribution en propre avec une ambitieuse politique d’élargissement à 100 sites opérationnels à horizon 2020 contre 52 actuellement. Ce qui le renforce dans son positionnement de leader de l’importation automobile au Maroc et promet une belle percée en termes de parts de marché.

>>> Historique, résultats, actualités... Tous les détails sur l'action Auto Hall en Bourse

 

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 2/5/2024 à 15:20

    En mars, l'encours des crédits progresse de 69 MMDH sur 12 mois glissants

    L'encours global des crédits en mars a progressé de près de 19 MMDH d'un mois sur l'autre. Les créances en souffrance progressent de 4,8 MMDH sur une année glissante. L'encours des crédits bancaires concernant la branche d'activité du BTP a fortement progressé de 16% à 96,6% au premier trimestre. Une hausse notable qui provient de la hausse des mises en chantiers des grands projets d'infrastructures.
  • | Le 2/5/2024 à 13:03

    La barre des 400 MMDH de cash en circulation a été franchie en mars (BAM)

    Le cash en circulation a atteint les 400 MMDH en mars 2024. En un mois, il a progressé de plus de 5 MMDH et de plus de 37 MMDH sur 12 mois glissants. Les dépôts bancaires progressent également en mars. En 12 mois, ils ont augmenté de près de 50 MMDH pour atteindre 1.177 MMDH.
  • | Le 2/5/2024 à 10:49

    Baisse de 5,1% des recettes touristiques à fin mars

    Les dépenses de voyages progressent bien plus fortement que les recettes à fin mars. Le solde de voyages recule de 17,6% à fin mars à 16 MMDH.
  • | Le 1/5/2024 à 16:30

    Inetum Maroc se renforce : “Il y a les talents, les conditions et la taille critique pour le faire” (PDG)

    Le géant des services numériques a annoncé vouloir tripler ses effecifs au Maroc d'ici 2027. Le PDG du groupe revient pour Médias24 sur les raisons de ce choix stratégique et sur l'évolution de l'activité du groupe depuis 20 ans d'implantation dans le royaume. Base offshore réputée dans l'Hexagone, le Maroc devient également de plus en plus attractif avec un marché local en fort développement. Entretien.
  • | Le 29/4/2024 à 14:30

    Le retrait des banques françaises du Maroc renforcera la compétition sur le marché

    Le Crédit Agricole et la Société Générale se sont désengagés du Maroc, et leur retrait aura, à terme, un impact sur la concurrence au sein du marché. Cette dernière se renforcera avec l'arrivée dans l'actionnariat d'acteurs locaux, plus indépendants, agiles, réactifs et déterminés à gagner des parts de marché.
  • | Le 26/4/2024 à 15:26

    Dislog Group clôt l'acquisition de CMB Plastique auprès de Mutandis

    La transaction a été bouclée pour un total de 330 MDH. L'objectif, à terme, est de changer le positionnement de CMB Plastique. L'usine de préformes deviendra une entité qui vendra aux clients de Dislog Group, in situ, des bouteilles fabriquées avec leurs bouchons et étiquettes, leur permettant ainsi de variabiliser leurs coûts de production.