La flexibilité du dirham vue par les analystes du Crédit Agricole du Maroc

S.E.H. | Le 11/2/2019 à 14:51

Ils considèrent que la flexibilisation du dirham s'est faite sans incidents et soutiennent que la bande de fluctuation peut être élargie au vu des fondamentaux solides du dirham. Une nouvelle transition qui peut toutefois être porteuse de plusieurs risques. 

 

Dans une récente note de recherche, les analystes de la Banque de Financement et d’Investissement du Crédit Agricole du Maroc livrent un bilan de la première année de transition vers un régime de change plus flexible au Maroc.

La note stipule que la transition s'est faite sans incidents, et que le diagnostic après une année de l'entrée en vigueur de cette réforme a montré que la monnaie nationale est solide.

"Le Dirham est resté quasi-stable par rapport aux principales devises internationales après l’élargissement de sa bande de fluctuation" indiquent les analystes du GCAM.

Selon eux, cela signifie que le risque de volatilité inhérent à cette première phase de la réforme n'a pas eu lieu.

Des données qui rejoignent celles du FMI et ses recommandations pour un élargissement rapide de la bande en 2019. 

Les risques d'un dirham plus flexible

Le document de recherche note toutefois que le passage vers un Dirham plus flexible n'est pas sans risque: "cette transition pourrait être accompagné d’une entrée massive des capitaux étrangers, suite à des anticipations d’une appréciation de la monnaie domestique et du différentiel des taux d’intérêt", expliquent les analystes du GCAM. 

"Ceci conduirait à une surliquidité bancaire et une croissance excessive des réserves de change provoquant de plus grandes tensions inflationnistes et un accroissement des fragilités financières", ajoutent-ils.

Les auteurs de la note de recherche soutiennent que la dépréciation d'une monnaie par rapport à d'autres permet de soutenir les exportations. Ils soulignent néanmoins que l'impact de la baisse d'une monnaie sur sa compétitivité à l'export met du temps à germer tandis que les répercussions sur les prix à l'importation sont immédiates.

Dans cette optique, ils notent que le commerce extérieur est "l'un des points faibles de notre pays", avec des exportations qui croissent à une cadence moindre que les importations.

Les analystes du GCAM évoquent également le repli des réserves de change du pays, qu'ils imputent justement au creusement du déficit commercial et en particulier à des importations de plus en plus incompressibles.

" Néanmoins, ce solde négatif ne constitue nullement une menace, dans la mesure où ce dernier est compensé à travers une progression des recettes touristiques et des transferts des MRE", rassurent les auteurs de l'étude.

Les analystes du GCAM estiment in fine que même en tenant compte d'un éventuel creusement des importations, la flexibilisation du Dirham sera "le moyen le plus intéressant pour le Maroc pour accroître ses recettes en devises, booster ses exportations et faciliter l'intégration à l'économie mondiale".

Contrôler l'inflation : l'autre défi

D'une autre part, les analystes de la Banque d'Investissement et de Financement du GCAM notent qu'un taux de change flexible s'associe directement à un ciblage effectif de l'inflation.

"La pratique actuelle consiste à fixer le rythme de progression de la masse monétaire et d'injecter ou d'éponger la liquidité en fonction de l'objectif fixé", souligne le document, en rappelant que la composante alimentaire tire l'essentiel de la hausse des prix au Maroc.

Dans ce contexte, ce ciblage de l'inflation consiste à déterminer l'objectif de la hausse de l'indice des prix, "sans pour autant passer par l'objectif intermédiaire d'un agrégat monétaire qui pourrait éventuellement montrer ses limites sur le moyen et long terme".

Nos analystes expliquent que plusieurs données serviront de base pour déterminer le nouvel indice de mesure de l'inflation, comme l'état de l'offre et des capacités de production, l'évolution de la demande globale, la situation du marché de l'emploi, etc.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 2/5/2024 à 15:20

    En mars, l'encours des crédits progresse de 69 MMDH sur 12 mois glissants

    L'encours global des crédits en mars a progressé de près de 19 MMDH d'un mois sur l'autre. Les créances en souffrance progressent de 4,8 MMDH sur une année glissante. L'encours des crédits bancaires concernant la branche d'activité du BTP a fortement progressé de 16% à 96,6% au premier trimestre. Une hausse notable qui provient de la hausse des mises en chantiers des grands projets d'infrastructures.
  • | Le 2/5/2024 à 13:03

    La barre des 400 MMDH de cash en circulation a été franchie en mars (BAM)

    Le cash en circulation a atteint les 400 MMDH en mars 2024. En un mois, il a progressé de plus de 5 MMDH et de plus de 37 MMDH sur 12 mois glissants. Les dépôts bancaires progressent également en mars. En 12 mois, ils ont augmenté de près de 50 MMDH pour atteindre 1.177 MMDH.
  • | Le 2/5/2024 à 10:49

    Baisse de 5,1% des recettes touristiques à fin mars

    Les dépenses de voyages progressent bien plus fortement que les recettes à fin mars. Le solde de voyages recule de 17,6% à fin mars à 16 MMDH.
  • | Le 1/5/2024 à 16:30

    Inetum Maroc se renforce : “Il y a les talents, les conditions et la taille critique pour le faire” (PDG)

    Le géant des services numériques a annoncé vouloir tripler ses effecifs au Maroc d'ici 2027. Le PDG du groupe revient pour Médias24 sur les raisons de ce choix stratégique et sur l'évolution de l'activité du groupe depuis 20 ans d'implantation dans le royaume. Base offshore réputée dans l'Hexagone, le Maroc devient également de plus en plus attractif avec un marché local en fort développement. Entretien.
  • | Le 29/4/2024 à 14:30

    Le retrait des banques françaises du Maroc renforcera la compétition sur le marché

    Le Crédit Agricole et la Société Générale se sont désengagés du Maroc, et leur retrait aura, à terme, un impact sur la concurrence au sein du marché. Cette dernière se renforcera avec l'arrivée dans l'actionnariat d'acteurs locaux, plus indépendants, agiles, réactifs et déterminés à gagner des parts de marché.
  • | Le 26/4/2024 à 15:26

    Dislog Group clôt l'acquisition de CMB Plastique auprès de Mutandis

    La transaction a été bouclée pour un total de 330 MDH. L'objectif, à terme, est de changer le positionnement de CMB Plastique. L'usine de préformes deviendra une entité qui vendra aux clients de Dislog Group, in situ, des bouteilles fabriquées avec leurs bouchons et étiquettes, leur permettant ainsi de variabiliser leurs coûts de production.