Flexibilité du dirham : ce que révèlent les calculs du FMI

Sara El Hanafi | Le 30/1/2019 à 10:33

Selon la méthode des ARA metrics, les avoirs extérieurs du Maroc frôlent les exigences minimales nécessaires pour assurer un passage fluide vers une plus large fluctuation du dirham. Une donnée qui devrait, en théorie, pousser les pouvoirs publics à réfléchir à deux fois avant de sauter le pas de l'élargissement de la bande. 

A travers divers calculs et simulations, le Fonds monétaire international livre dans son dernier rapport sur le Maroc un diagnostic complet de l’état de l’économie marocaine et de ses perspectives, en passant par la situation des finances publiques et celle des réserves de change.

A l’issue de son évaluation, l’institution de Bretton Woods a jugé que le Maroc était prêt à franchir le cap d’un élargissement de la bande de fluctuation du Dirham.

Parmi les paramètres utilisés pour arriver à cette conclusion, notamment pour cerner l’adéquation des avoirs extérieurs et leur capacité à supporter les conséquences liées à une telle mesure, on trouve la méthode ARA et sa consœur la méthode ARA ajustée, utilisée dans le cas de l’existence de contrôle sur les capitaux comme pour le Maroc.

Ces deux méthodes permettent en effet de savoir si un pays dispose d’un niveau de réserves plus important que les exigences minimales. Leur calcul doit déboucher sur un ratio égal ou supérieur à 100%.

La Banque centrale avait introduit cet indicateur au public en 2017, lorsque celle-ci se préparait à franchir le pas de la flexibilité du Dirham.

Voici la formule de calcul des exigences minimales en réserves selon l'approche choisie :

Méthode ARA= 10%*(exportations) + 30%*(dette extérieure à court terme) + 10%*(masse monétaire)+ 20%*(engagements vers les non-résidents)

Méthode ARA ajustée (retenue dans le cas marocain) = 10%*(exportations) + 30%*(dette extérieure à court terme) + 5%*(masse monétaire)+ 20%*(engagements vers les non-résidents)

Dans son dernier rapport, le FMI montre à travers un histogramme basé sur les deux méthodes que les réserves de change du pays continuent à dépasser les exigences minimales de l'ARA ajustée (Adjusted Metric) qui tient compte du contrôle exercé sur les capitaux en vigueur au Maroc. Le FMI s'attend même à une amélioration globale des indicateurs utilisés à l'horizon 2021.

Source: FMI

La méthode ARA non ajustée (Standard Metric) révèle toutefois que les avoirs extérieurs du pays restent en deçà de ses exigences, et l’ont toujours été exception faite des années  2011, 2015 et 2016. Mais ce n'est pas très significatif eu égard au respect des exigences de l'Adjusted Metric qui correspond aux spécificités du Maroc.

Les ratios ont connu une forte baisse après 2011. On se souvient des années 2012 et 2013 marquées par un creusement du déficit budgétaire, de l'endettement et une baisse des réserves de change.

L’on remarque surtout, dans la conjoncture actuelle, que le ratio des avoirs extérieurs sur les exigences minimums selon la méthode ARA ajustée a régressé en 2018 par rapport à 2017 et 2016. En cause : alors que les exigences minimales (Adjusted metric) augmentent, les réserves du pays baissent. A fin 2018, celles-ci ne couvrent que 5 mois et quatre jours d’importations.

Une source avait expliqué à Médias 24 que les réserves de BAM baissent principalement à cause du remboursement des dettes extérieures de l’Etat et du tassement des recettes, dons et emprunts extérieurs.

En dépit de cette régression, le FMI persiste et signe que le Maroc remplit tous les critères nécessaires pour passer à l’étape suivante de la réforme de son régime de change. Mais il faut dire qu’avec une telle décélération d’un indicateur aussi parlant que l’ARA Metric, ajusté dans le cas du Maroc, les autorités gouvernementales et monétaires ont bien rasion de tempérer...

Alors que le niveau actuel des réserves n'offre pas un matelas assez confortable pour passer au second épisode de la flexiblité, les menaces qui planent actuellement sur l'économie marocaine ne facilitent pas la tâche.

En effet, la situation des finances publiques, marquée par un déficit budgétaire que les autorités peinent depuis des années à ramener à 3,5% du PIB; ainsi que le creusement du déficit commercial avec le renchérissement de la facture énergétique et une croissance continue des importations sont autant de variables qui poussent les décideurs à bien étudier l'équation d'un élargissement supplémentaire de la bande de fluctuation du Dirham.

Il faut dire que l'ensemble des indicateurs précités ne sont pas aussi encourageants que les niveaux qu'ils affichaient au moment où la première étape de la flexibilité a été actée. Toujours selon les ARA Metrics du FMI, les ratios resteraient les mêmes en 2019 et s'amélioreraient significativement en 2021.

Mais pour l'instant, ni le gouvernement ni la Banque centrale n'ont clairement indiqué s'ils franchiront le pas ou attendront de meilleurs jours.

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