Matériaux de construction : Ciments du Maroc dope les résultats de son secteur

Mouna Ettazy | Le 11/4/2018 à 12:08

Le secteur du bâtiment et matériaux de construction traverse toujours une période difficile. Seule la non récurrence d'une provision de Ciments du Maroc a pu gonfler les résultats du secteur et donc de la cote dans son ensemble. Analyse.

Dans un contexte peu propice, les valeurs du secteur "Bâtiments et matériaux de construction" ont malgré tout conrtribué fortement à l’évolution positive des résultats globaux des sociétés cotées en 2017.

Néanmoins, il n’y a que les cimenteries qui arrivent à se démarquer parmi les sept valeurs qui composent le secteur.

En effet, selon le rapport des résultats de l’année 2017 des sociétés cotées élaboré par Upline, le secteur du BTP (bâtiments et travaux publics) a significativement contribué à la hausse de la masse bénéficiaire de la cote. "Avec une bonification de 60,6% de son RNPG, à 3,16 MMDH, le secteur BTP & Matériaux de Construction se distingue avec la plus importante contribution à l’évolution des résultats. Cette variation est à mettre à l’actif de Ciments du Maroc qui a vu son RNPG passer au vert à 979 MDH (contre -136,4 MDH en 2016, données proforma)", peut-on lire sur la note.

Selon la même source, la masse bénéficiaire de la cote (hors sociétés financières) a bondi de 13,4%, à 18,13 MMDH.

Dans le détail, d’après Upline, le premier contributeur à cette performance est le secteur du BTP. Celui-ci participe "à hauteur de 7,5 pts dans l’évolution globale du RNPG et ce, essentiellement en raison de la bonne performance financière de Ciments du Maroc qui contribue à elle seule à hauteur de 7 pts à l’évolution positive du RNPG global". 

Toutefois, la société de bourse rappelle que cette performance s’explique par la "non récurrence de la dotation de provision d’impairment de sa participation dans Suez Cement Company, constatée en 2016 à hauteur de 1,25 MMDH, elle-même induite par la forte dévaluation de la Livre égyptienne. Hors cette valeur, la croissance du RNPG du secteur non financier aurait été limitée à 6,3%’’.

Dans l'ensemble, le secteur du BTP & MC (matériaux de construction) connaît toujours des difficultés qui brident sa croissance, et ses perspectives d’évolution ne sont pas très prometteuses. 

Le BTP pénalisé par l’immobilier

Bien évidemment, le secteur des BTP & MC est fortement corrélé à celui de l’Immobilier. Celui-ci est morose depuis quelques années, ce qui impacte la performance des autres secteurs qui y sont directement liés.

Un analyste de la place, préférant s’exprimer sous couvert d’anonymat, nous a déclaré que "les résultats des valeurs constituant l’indice BTP & MC sont en ligne avec les estimations de notre société de bourse parce qu’il s’agit d’un secteur qui ne connaît pas de forte croissance, dans le sens où 60% à 90% de la production du ciment est destinée à l’immobilier. Celui-ci, notamment sur le segment social, n’affiche pas une bonne mine’’. 

Ainsi, comme nous l’a souligné notre interlocuteur, le secteur BTP & MC fait face à une conjoncture extrêmement difficile

Rappelons que la consommation de ciment a accusé une baisse de 2,5% au titre de l’exercice 2017, selon la note de conjoncture de la DTFE (Direction du trésor et des finances extérieurs). 

Cette baisse a été enregistrée spécifiquement lors du premier semestre de l’année écoulée ; période pendant laquelle les ventes de ciment ont reculé de 9,2%

Selon la même source, les ventes de ciment ont connu un redressement au cours du deuxième semestre de 2017, ramenant leur baisse depuis le début de l’année à 2,5% contre -0,7% en 2016.

Selon notre analyste, cela reflète la situation assez tendue que vivent les cimenteries, et dans son ensemble tout le secteur.

Hausse des prix des matières premières et détérioration des marges

> L’export du clinker tire les marges à la baisse

Face à la hausse des prix des matières premières et le ralentissement de la demande de ciment, "les cimenteries ont décidé d’augmenter leur export de clinker [la matière première principale du ciment, ndlr], nous souligne notre analyste en ajoutant que "le hic, c’est que l’export de clinker génère des marges très faibles, puisqu’il ne s’agit pas d’un produit à forte valeur ajoutée’’.

Les chiffres d'affaires des deux cimenteries sont plutôt constants. Dans le détail, "Ciment du Maroc affiche une légère hausse de son chiffre d’affaires, tiré par l’export du clinker mais aussi par la hausse des ventes du béton et du granulat. Tandis que LafargeHolcim n’a pas connu cette hausse de béton, elle a donc subi la baisse de la consommation du ciment’’, précise notre interlocuteur.

Par contre, ce qu’on retrouve chez les deux cimenteries, c’est la baisse de la marge opérationnelle. "Cela est expliqué par l’export du clinker qui génère des marges plus faibles que la vente du ciment'', souligne-t-il. 

En somme, les cimentiers essaient de maximiser leurs marges et de réduire leurs charges ainsi que leur dépendance au Petcock. Celui-ci représente une charge très importante pour eux. Du coup, "ils essaient de se retourner vers d’autres sources d’énergies avec des prix un peu moins volatils. Par exemple, l’utilisation de pneus déchiquetés au lieu du petcock, et ce afin de maintenir des marges stables, dans un contexte où la consommation du ciment n'augmente pas", estime notre interlocuteur. 

> Hausse des prix du Petcock

Pendant la période analysée, "il y a eu une hausse des prix du Petcock [dérivé du pétrole, utilisé dans la production du ciment, ndlr]. Notons que le prix du Petcock est très corrélé aux prix du Brent (pétrole de référence).

"Pendant l’année écoulée, le Petcock a augmenté d’à peu près 15%. Les opérateurs ont dû faire face à cette hausse, et cela s’est répercuté sur leurs charges qui ont augmenté et leurs marges qui ont diminué’’, souligne notre analyste. 

Perspectives de croissance pas très "réjouissantes"

Pour 2018, notre analyste estime que "la baisse du dollar va venir compenser la hausse du Petcock. Donc il ne devrait pas y avoir un impact majeur au niveau des marges. La hausse du Petcock devrait toutefois être légèrement supérieure à la baisse de la parité USD/MAD".

En somme, les perspectives de croissance du secteur du BTP & MC ne sont pas particulièrement réjouissantes, parce que le secteur immobilier reste relativement morose.

S'ajoute à cela le fait qu’il s’agit d’un secteur très concurrentiel. En effet, Il y a quatre principaux cimentiers. Hormis les deux cimenteries cotées, il y a Ciments de L’Atlass et Asment Témara. "Les parts de marché restent relativement stables pour ces quatre opérateurs. On ne devrait pas observer un changement majeur à l’horizon de ces deux prochaines années", précise-t-il. 

Il ajoute : "au niveau de notre société de bourse, on anticipe des chiffre d'affaires relativement stables avec une légère croissance pour les cimenteries cotées". Et de préciser : "En 2018, on anticipe une légère reprise du secteur cimentier de 1%. Cette reprise devrait être liée à l’économie et à la croissance démographique, qui vont être accompagnés par une légère augmentation de la consommation du ciment". 

De l’autre côté, "il y a la baisse de la production de logements sociaux qui tire le secteur vers le bas. Le secteur du ciment dépend également des changements du climat : durant les périodes de pluie les chantiers sont à l'arrêt", indique-t-il.
 

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