Al-Walid Ben Talal a été détenu à l'hôtel Ritz Carlton dans le cadre d'une campagne anti-corruption lancée le 4 novembre par le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS).

Ce mardi 20 mars, dans une interview avec Bloomberg, il revient sur sa détention, qui a duré près de trois mois. 

"Contrairement à ce qui a été dévoilé par plusieurs journaux, tels que The New York Times et CMBC, je n'ai jamais été torturé ni maltraité au Ritz-Carlton. Les informations relayées par ces médias ne sont que des rumeurs".

"Des journalistes de CBC prétendent également m'avoir rencontré à cet hôtel, ce qui est totalement faux. D'autres disent m'avoir eu sur Skype, alors que je n'utilise pas ce réseau social". "Je comprends mieux le président américain Donald Trump quand il parle de 'fake news'", déclare-t-il.

Des médias ont même parlé de bracelets électroniques, mais le prince n'en porte pas. 

"Au Ritz-Carlton, j'ai eu les meilleurs services, une très bonne nourriture, et les médecins venaient nous voir, deux à trois fois par jour".

Que s'est-il passé le jour de votre arrestation?

"J'ai reçu un appel vers 3h du matin de la part d'un responsable au sein du gouvernement, qui est d'ailleurs un de mes amis. Il m'a annoncé que le Prince Héritier MBS voudrait me voir au Palais royal".

"Je suis un membre de la famille royale, j'obéis aux ordres du gouvernement et du Roi".

"Je me suis rendu en voiture au Palais royal. A mon arrivée, on m'a demandé de partir au Ritz-Carlton pour des discussions avec le gouvernement saoudien. J’y suis allé".

"Je n’avais aucune idée sur ce que qui allait se passer. Toutefois, j’ai reçu un appel vers 3h du matin, et c’était inhabituel. Quand le Roi veut me voir ou me parler, c’est généralement tôt le soir."

"Bloomberg et d’autres médias ont révélé que plusieurs princes et ministres saoudiens sont détenus au Ritz-Carlton dans le cadre d’une compagne anti-corruption. Mon nom a également été cité. c'est à ce moment que j'ai compris ce qui se passait".

"Je suis très patriote. Quand j’étais au Ritz, je me sentais chez moi. Je n’ai jamais été mêlé à une affaire de corruption, donc j’étais tranquille".

"Je n'utilise d'ailleurs jamais le mot arrestation, parce que je n'ai pas été arrêté. C’était un honneur pour moi, et pour ceux qui étaient avec moi dans cet hôtel, d’être convoqué par MBS. J’ai été libéré quelques mois après, et je communique de manière continue avec le gouvernement saoudien. J’ai même assisté à un événement avec le Roi Salmane, je ne peux donc pas dire que j’ai été arrêté".

"Ce mot peut être utilisé quand une personne commet un crime, et ce n’est pas mon cas. Je dirais plutôt que c’est un malentendu avec le gouvernement, et avec le Roi d’Arabie Saoudite".

Qu'en est-il de l'arrangement financier avec les autorités saoudiennes?

"On a eu beaucoup de discussions et on a signé des documents. Je suis en Arabie Saoudite, je suis sur mon territoire et je suis content d'avoir conclu un arrangement avec les autorités saoudiennes".

Le prince refuse toutefois de divulguer les termes de sa libération. "C'est confidentiel" dit-il. Concernant les autres détenus, il explique que "des personnes que je connais très bien et qui sont impliquées dans des affaires de corruption ont dû payer des sommes d'argent au gouvernement saoudien".

Pourquoi alors être resté aussi longtemps au Ritz? "Il faut demander au gouvernement. Il y a eu de nombreux allers-retours, et beaucoup de discussions. Je ne suis pas une personne qui pardonne mais qui n'oublie pas. Je pardonne, et j'oublie en même temps".

A quoi ressemble le Ritz-Carlton?

"C'est un concurrent! Il est bien, mais il est loin de ressembler au Four seasons", dit-il avec ironie.

"Lors de ces trois mois j'ai réussi à m'occuper en faisant de la méditation, du sport, et en lisant les nouvelles. Je ne suis pas sorti de l'hôtel".

"Je n'avais pas non plus mon téléphone, ni mes bagages sur moi. Je les avais laissé dans la voiture". Concernant son bureau, "il fonctionnait normalement", dit-il.

S'exprimant sur sa relation avec le Roi d'Arabie Saoudite, Al-Walid explique qu'"après 24 heure de ma libération, tout est revenu comme avant". "Nous allons continuer à investir en Arabie Saoudite", indique-t-il.