A l'issue de l'audience d'examen des offres tenue le 9 octobre, le juge-commissaire a décidé d'écarter la candidature de Hamilton en vu du rachat de l'entreprise en liquidation. Ce groupe basé au Nigéria avait proposé un montant de 30 MMDH, soit l'offre la plus élevée. Mais la proposition étaient restée verbale, et n'était assortie d'aucune garantie de paiement.

Motif de la décision: "Défaut de production de la garantie bancaire dans les délais", selon cette source proche du dossier.  Abderrafii Bouhamria a par ailleurs "décidé de convoquer le soumissionnaire ayant fait une offre de 28 Milliards de Dirhams" tout en lui accordant "un délai de 8 jours pour lui permettre de préparer la garantie bancaire".

A défaut de présentation de la caution, le magistrat "prendra l’attache de l’offrant suivant", ajoute laconiquement notre interlocuteur. Après les multiples délais de grâce, donc, changement de formule dans le dossier la Samir. Le juge-commissaire procèdera par élimination. La fourchette des offres oscille entre 25 et 30 MMDH.

La prochaine réunion d'examen des offre aura lieu le 16 Octobre 2016, au tribunal de commerce de Casablanca.

Créé en1992, Hamilton Technologies Limited opère dans l'industrie du pétrole et du gaz. Le groupe nigérian a également fait ses marques dans la fabrication de produits chimiques de production, le forage, les fluides de forage et les services de méthanol.

Début octobre, les équipes de Hamilton s'étaient déplacées au tribunal de commerce pour une réunion avec le juge-commissaire. Nos sources avaient d'emblée fait le lien avec le mégaprojet de gazoduc liant le Maroc au Nigéria. Un rapprochement qui semblait possible, mais qui tombe aujourd'hui à l'eau.

Pour l'heure, Médias24 n'a pas pu identifier le candidat titulaire de l'offre à 28 MMDH. Plusieurs groupes sont associés à la short list arrêtée par le tribunal, mais leur classement selon les montants proposés n'a pas été communiqué. Et comme pour Hamilton, se risquer à un quelconque pronostic serait imprudent. Dans ce dossier la Samir, des faux sauveurs, il y en a eu un tas.

Des faux sauveurs

Le 30 mars 2017, Médias24 a reçu un message anonyme annonçant la vente imminente de la Samir à Continentoil, filiale pétrolière et gazière de MBI International. Fondée par le saoudien Mohamed Bin Issa Al Jaber, cette holding basée à Londres contrôle également une filiale hôtelière (JJW Hotels & Resorts) et une filiale immobilière (Jadawel International).

Pétrole, immobilier et hôtelier… la trinité correspond parfaitement à la nature des actifs de la Samir. Après enquête, nous apprenons que l'investisseur a procédé à une visite de site. La reprise par Continentoil semblait plausible. Mais elle ne s'est pas faite.

Aux alentours du 20 mars 2017, Cralyle dépose avec Glencore une offre conjointe pour le rachat de la Samir. Le couple est présenté comme le sauveur de la raffinerie. Seulement, dans l'offre déposée, le deux entreprises proposaient de convertir les créances des principaux créanciers, dont les leurs, celles de l’administration des douanes et celles des banques, en participation dans le capital social de la Samir. Cette proposition est rejetée d'office par le juge-commissaire.

Cas plus récent: le 19 septembre, un lobbyiste appelle Médias24 pour lui "annoncer le scoop de l'année": "Une société basée à Hongkong est sur le point de racheter la Samir. L'offre a été déposée et la cession sera actée le jour même." 

La même annonce sera faite à plusieurs médias. Des journalistes se déplaceront au Tribunal de commerce pour couvrir, en direct, le prononcé par le juge-commissaire de la vente. Résultat: salle d'audience vide. Journée ordinaire à Sidi Othmane.

Le "messie",  How Tai Fook, est un groupe chinois spécialisé dans la joaillerie. Mais qui investit sporadiquement dans l'énergie. Il soumettra effectivement une offre (30 MMDH), mais uniquement verbale et deux semaines plus tard. Après quoi il s'est désisté, pour des raisons que la raison ignore.

Dans ce dossier, beaucoup de candidats généreux, mais très peu de crédibilité. Inutile de rappeler le cas du cabinet Mazzenti & Partners ou celui d'Anglo Energy, qui avaient soit disant déposé des offres de 31 et de 31,5 MMDH.

Une lueur d'espoir

De par son profil, la société espagnole Cepsa pouvait se positionner comme un candidat sérieux à la reprise. Impliqué dans le secteur de l'énergie depuis 1929, ce mastodonte manifeste un intérêt certain pour la Samir, mais le montant offert le place en dehors des candidats retenus.

Se basant sur l'évaluation d'une banque d'affaires qu'elle a elle-même dépêchée, Cepsa a proposé 16 MMDH. On est en deçà de la valeur des actifs de la Samir telle qu'elle a été fixée par le tribunal. Et très loin de la fourchette des offres soumises par les candidats de la short list.

Aujourd'hui, la piste la plus sérieuse mène à un consortium sino-dubaïote. En mars dernier, ce tandem composé d'une part, de la société semi-gouvernementale chinoise Hainan Zhenron Energy et d'autre part, des fonds de Dubai appartenant à Al Shahen group a déposé une offre à 25 MMDH.

Parmi tous les candidats, il est le seul à avoir obtenu une caution, qu'il n'a pourtant pas déposée. Car une caution génère des coûts et au moment où le consortium s'est manifesté, il n'était pas encore dans les cartes du tribunal qui le mettait loin derrière les candidats aux 30, 28, 27 et 26 MMDH.

La nouvelle méthode du juge-commissaire, consistant à éliminer successivement les candidats ne disposant pas d'une garantie, pourrait bénéficier à ce consortium. Pourvu qu'il soit toujours intéressé. Ce qui n'est pas sûr.