La baisse des prix des médicaments a-t-elle réellement profité aux malades?

La valse des baisses des prix des médicaments a démarré en 2014, avec la publication fin 2013 du décret relatif aux conditions et aux modalités de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés… La toute dernière baisse date du 3 juillet, portant à 3.600 le nombre des médicaments concernés par la révision de la tarification. Ces baisses ont-elles eu l’effet escompté, à savoir permettre une meilleure accessibilité des Marocains aux médicaments? 

La baisse des prix des médicaments a-t-elle réellement profité aux malades?

Le 12 juillet 2017 à 17h31

Modifié 11 avril 2021 à 2h42

La valse des baisses des prix des médicaments a démarré en 2014, avec la publication fin 2013 du décret relatif aux conditions et aux modalités de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés… La toute dernière baisse date du 3 juillet, portant à 3.600 le nombre des médicaments concernés par la révision de la tarification. Ces baisses ont-elles eu l’effet escompté, à savoir permettre une meilleure accessibilité des Marocains aux médicaments? 

Au niveau du ministère de la Santé, aucune étude officielle n’a été réalisée pour mesurer l’impact réel de la nouvelle politique de réduction des prix des médicaments.

Nous avons essayé à plusieurs reprises de prendre attache avec El Houcine Louardi, ministre de la Santé, ou avec le directeur du médicament au ministère, en vain.

Direction donc: les professionnels.

Le médicament représente en moyenne 20% de la prise en charge totale

"Le principe est-il louable? Oui. S’agit-il d’une mesure populiste? Oui. Ces baisses ont-elles permis une meilleure accessibilité au médicament? Non. Ont-elles amélioré la performance des hôpitaux? Non. C’est tout le paradoxe du champ politique", répond d’emblée Jaâfar Haikel, professeur de médecine et expert en management sanitaire.

"La part du médicament dans la prise en charge totale ne représente qu’entre 15 à 30%, avec une moyenne de 20%, sauf le cas particulier du cancer", ajoute-t-il.

De l’avis de nombreuses sources contactées, c’est le suivi biologique, radiologique, la consultation du médecin et l’hospitalisation qui coûtent le plus.

"Si on veut vraiment améliorer les choses, c’est au niveau de la couverture sanitaire et de l’élargissement du tiers payant qu’il faudra agir. Le médicament n’est qu’un élément faisant partie du facteur moyen, lui-même un des déterminants dans l’accessibilité aux services de santé. L’impact n’est donc que de 5 à 6%", ajoute Pr. Haikel.  

Ces déterminants sont au nombre de cinq: la confiance dans le système de santé, l’accessibilité économique, l’accessibilité géographique, l’accessibilité en moyens, technologie… et enfin les barrières culturelles, religieuses, psychologiques…

Et 20% en moins pour les officines

"Depuis 2014, l’activité a baissé de 20%", note Nacer Abdelhamid, président de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc. 

Normal que le chiffre d’affaires baisse avec la baisse des prix, mais cela signifie-t-il que la marge a aussi baissé?

"Dans le secteur des officines, la marge du pharmacien est de 30% sur les produits dont les prix sont inférieurs à 1.000 DH. Elle passe à 300 DH entre 1.000 et 2.000 DH.  Au-delà, cette marge est fixée à 400 DH. Or, le pharmacien fait 98% de son chiffre d’affaires sur des produits dont les prix sont inférieurs à 300 DH. La quasi-totalité de la marge du pharmacien est donc calculée en pourcentage du chiffre d’affaires", précise Nacer Abdelhamid.  

"Lorsque nous avons cédé lors du processus de révision des prix, nous savions que nos bénéfices seraient impactés, mais nous avons eu des promesses fermes de la part du ministère de procéder à des mesures de compensation. Parmi lesquelles, les dispositifs médicaux stériles dont la vente devrait passer exclusivement dans le giron des officines", souligne la même source.

La loi existe, il ne manque que le décret de la pharmacopée pour officialiser cette exclusivité et mettre fin à l’anarchie dans cette branche.

"Il s’agit également des droits de substitution pour que le pharmacien ait la possibilité de changer un médicament et profiter d’une marge de promotion payée par le laboratoire", poursuit le président de la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc.

Autrement dit, pouvoir délivrer un médicament générique à la place de celui initialement prescrit par le médecin traitant. "Une mesure légale sous d’autres cieux". En France, elle a par exemple été introduite en 1999.

Et les laboratoires pharmaceutiques ?  

Même son de cloche du côté des laboratoires pharmaceutiques.  

"La décision de revoir les prix a été prise d’un commun accord entre le gouvernement et les industriels pharmaceutiques, en choisissant des pays à législation et niveaux de prix similaires. Quand le décret a été publié, 2.700 produits  sur les 4.000 commercialisés au Maroc étaient déjà vendus à un prix inférieur au benchmark", tient à préciser Leila Sentissi, directrice exécutive de l’Amip (Association marocaine de l’industrie pharmaceutique).

Le benchmark est constitué de six pays (Arabie Saoudite, Belgique, Espagne, France, Turquie et Portugal) et les pays d’origine. 

"Lors des négociations, le ministre s’était engagé à revoir le prix de certains médicaments essentiels dont les prix étaient excessivement bas. La dernière rencontre à ce sujet a eu lieu le 8 mai et nous attendons qu’il y ait du nouveau et qu’il tienne ses engagements", ajoute-t-elle. 

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