“En 1979, Juan Carlos était prêt à restituer Melilia”
Ces révélations ont été faites à Madrid jeudi soir lors de la présentation par Powell de son récent ouvrage. L’historien a à son actif trois ouvrages sur la monarchie dont il est considéré comme l’un des spécialistes en Espagne. Il est par ailleurs le directeur du think thank Elcano de Madrid.
Selon Powell, lors d’un entretien entre Juan Carlos –qui a volontairement abdiqué du trône espagnol en faveur de son fils Felipe en juin 2014- et l’envoyé spécial du président américain Jimmy Carter, le sénateur Ed Muskie, le Roi d’Espagne se montre prêt à rendre Melilia au Maroc et à mettre Sebta sous un statut de protectorat international comme Tanger l’était entre 1923 et 1956.
La différence de traitement envisagée tenait selon le Roi d’Espagne au fait que "seuls 10.000 Espagnols vivent à Melilia".
A l’époque, la population espagnole de Sebta était estimée à 60.000 personnes, quasiment le même chiffre qu’aujourd’hui près de 40 ans après ces déclarations du monarque espagnol, sur une population totale de 130.000 personnes.
Quelques mois après son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 1977, Jimmy Carter avait chargé Ed Muskie de rencontrer certains chefs d’Etat européens pour discuter et les sonder pour les problèmes communs les plus importants qu’Américains et Européens devaient affronter dans le monde à l’époque.
Ces informations sont contenues dans des télégrammes envoyés au département d’Etat par l’ambassadeur US à Madrid à l’Espagne Terence Todman qu’Europa Press a pu consulter.
Textuellement, selon Charles Powell qui cite le télégramme diplomatique de l’ambassadeur Terence Todman, Juan Carlos déclare que "le grand problème entre le Maroc et l’Espagne sont les deux enclaves espagnoles". Durant ce même entretien, le Roi d’Espagne aurait reconnu que "l’armée espagnole serait fâchée mais que cela durerait deux mois". Les échanges entre le Roi d’Espagne et les responsables datent d’avril 1979 soit moins de quatre ans après la Marche verte de novembre 1975.
Réactions
Ces révélations de l’auteur de l’ouvrage "le Roi et la démocratie" sur le sort envisagé un temps par Madrid à l’enclave de Mélilia a suscité de vives réactions dans l’enclave espagnole voisine de Nador rapporte la presse locale ce vendredi.
Le titre "Juan Carlos a envisagé l’option de rendre Mélilia au Maroc en 1979" barre la une du quotidien El Faro de Mélilia ce matin.
Les deux principales forces politiques locales la coalition Caballas et le Mouvement pour la dignité et la citoyenneté (MDyC) ont immédiatement réagi à ces révélations. Elles demandent dans un communiqué que "la Maison royale démente ou condamne" les propos attribués au monarque espagnol. Selon ces deux forces, "la souveraineté de Sebta et Mélilia ne peuvent faire l’objet de conversations privées; leurs populations se sentent espagnoles", indiquent-ils.
Le parti MDyC qui rejette avec fermeté "les supposées manœuvres de Juan Carlos" ne semble pas surpris outre mesure. Il rappelle que le fondateur du Parti populaire à l’époque, Fraga Iribarné, avait déjà écrit son un Livre blanc sur la réforme démocratie espagnole que "nous croyons qu’il ne reste à l’Espagne que l’option de négocier avec le Maroc au sujet de Sebta et de Mélilia".
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