Poissonnier d'Al Hoceima: il s'agit probablement d'un accident

La situation est restée marquée par une profonde tristesse à Al Hoceima pendant la journée de samedi, la population étant terriblement affectée par le décès tragique d’un marchand de poisson. Selon nos informations et nos observations, la thèse de l’accident est la plus probable.  

Poissonnier d'Al Hoceima: il s'agit probablement d'un accident

Le 30 octobre 2016 à 10h12

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

La situation est restée marquée par une profonde tristesse à Al Hoceima pendant la journée de samedi, la population étant terriblement affectée par le décès tragique d’un marchand de poisson. Selon nos informations et nos observations, la thèse de l’accident est la plus probable.  

La DGSN a démenti toute relation entre un fonctionnaire de police et le décès du marchand de poisson. Le procureur annonce l’ouverture d’une enquête confiée à la BNPJ, la Brigade nationale de la police judiciaire.

Ce que disent les premiers témoignages

Les éléments factuels sont au nombre de trois:

-les images diffusées sur les réseaux sociaux.

-Les témoignages de personnes se trouvant sur place.

-Les témoignages de personnes impliquées dans la tragédie, directement ou indirectement.

Médias24 a contacté par téléphone une personne fiable et neutre, qui se trouvait sur place au moment des faits. Reda (faux nom) nous relate ce qu’il a vu. Il s’exprime en choisissant ses mots et en essayant de rester le plus factuel possible:

“Il y avait plusieurs policiers sur place. Mais je n’ai ni vu ni entendu l’un d’entre eux donner au chiffonnier (c’est ainsi qu’il désigne le chauffeur du camion-benne) l’ordre de broyer le poissonnier.

“Il y avait trois personnes, le poissonnier et deux accompagnateurs. Ils se sont extraits de leur camionnette et sont montés à l’arrière du camion-benne pour empêcher la destruction de la marchandise.

“Le mécanisme du camion-benne était à l’arrêt. D’un seul coup, la trappe (probablement la pelle intérieure du camion, chargée du compactage) s’est mise à tourner. Les deux accompagnateurs ont rapidement sauté en bas du camion, mais Mohcine s’est trouvé happé car il s’était assis à cheval sur l’arrière du camion et n’a pu s’extraire à temps.

“Je suis incapable de dire qui a déclenché ce mécanisme, ni s’il s’agit d’un mécanisme qui se déclenche automatiquement. Mais je n’ai entendu personne donner un ordre. Le chiffonnier se trouvait dans la cabine du camion.

“Le lendemain, de nombreuses versions fantaisistes ont commencé à circuler“.

Ceci pour le premier témoignage. Reda travaille dans la communication. Médias24 considère qu’il est digne de confiance.

Une partie de l’enquête devra donc se concentrer sur le fonctionnement du camion-benne et recueillir le témoignage du chauffeur.

Ce camion a été appelé pour détruire la marchandise saisie. Selon des sources de la profession de la pêche, la marchandise saisie comportait au moins un espadon de grande taille (500 kilos) et était transportée dans des conditions insalubres, sans possibilité d’en tracer l’origine (absence de facture). Dans le cas d’une pêche interdite (l’espadon est une espèce protégée et le quota avait été atteint), la loi selon nos sources, prévoit la vente de la marchandise saisie, soit sa destruction. La destruction est opérée dans le cas d’absence de traçabilité.

Notre témoin Reda a eu des échanges avec les deux accompagnateurs du défunt et avec d’autres de ses camarades: selon ce qu’il a recueilli, le défunt était un marchand grossiste,  il n’était ni riche ni pauvre, la cargaison représentant un capital de 115.000 DH et était destinée à être revendue à Nador vers où se dirigeait la camionnette.

Nous n’avons pas pu reconstituer avec certitude ce qui s’est passé au port ni sur la distance de 800 mètres séparant le port du lieu du drame. Ce qui est certain, c’est que le poisson dont la pêche est interdite a été acheté à l’intérieur d’un port fonctionnant normalement. Sur les réseaux sociaux, circulent des accusations qui évoquent des tentatives de corruption. Cela reste invérifiable et cela a été démenti par un communiqué de la DGSN (voir ci-dessous). Il faudra probablement attendre les résultats de l’enquête.

Revenons aux instants tragiques de la mort du poissonnier.

La vidéo peut être visionnée sur les réseaux sociaux. Attention, les images sont violentes. Elles corroborent le témoignage de Reda.

La question fondamentale est celle-ci: qui a actionné la pelle de compactage?

Les camions bennes sont des structures creuses, destinées à ramasser et transporter les ordures. Celles-ci sont déposées à l’arrière du véhicule, ensuite une pelle mécanique est actionnée : elle pousse les ordures vers l’intérieur du véhicule avant de les compacter.  C’est à ce moment que le malheureux poissonnier est décédé, dans des conditions atroces, probablement écrasé entre la pelle et le bas du véhicule.

Généralement et autant que nous ayons pu en juger, le mécanisme de la pelle est enclenché de l’extérieur du véhicule, en actionnant un bouton ou un levier. Voici un exemple de la manière dont le levier est actionné (à partir de 1’50), grâce à une manette latérale arrière.

Selon nos recherches, la cabine du chauffeur est dotée d’un bouton qui bloque la pelle. Ce point est important. Cela signifie que ce bouton de sécurité n’avait pas été actionné.

Les images relatives à l’extraction du corps du défunt du camion-benne, montrent clairement la présence d’un levier latéral qui a été probablement actionné accidentellement dans la bousculade. Une photo parlante est disponible ici, mais il y en a beaucoup d’autres.

Tout ceci doit être corroboré par l’enquête et les témoignages. Mais en travaillant sur les éléments disponibles, voici la conclusion de Médias24: tout indique qu’il s’agit d’un tragique accident. L'qnuête devra déterminer les réponses aux questions en suspens et notamment le trafic en matière de pêche et ce qui s'est passé entre le moment où le défunt a acheté son poisson et le moment où il s'est retrouvé dans la benne.

Le site ChoufTV a mis en ligne dimanche soir une vidéo qui valide la thèse de l'accident : http://chouftv.ma/tv/52130

Ce qu’en dit la DGSN

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) affirme que les informations relayées par les réseaux sociaux sur une présumée relation de fonctionnaires de la sûreté avec la mort d’un citoyen à Al Hoceima sont dénuées de tout fondement.
“Concernant l’affaire de la mort d’un citoyen dans la ville d'Al Hoceima, vendredi après-midi, de fausses informations ont été relayées par les réseaux sociaux, prétendant qu’un policier a réclamé une somme d’argent au conducteur d'un véhicule chargé de poissons, alors qu'un responsable sécuritaire a sommé le conducteur d’un camion de ramassage d'ordures de faire marcher la benne-tasseuse, ce qui a causé la mort du poissonnier“, indique samedi un communiqué de la DGSN.
“En vue d'éclairer l’opinion publique et de rectifier ces informations incorrectes, la DGSN affirme que la police judiciaire mène une enquête minutieuse et globale, sous la supervision du parquet général. S’agissant des allégations autour des fonctionnaires de police, la DGSN souligne que le conducteur du véhicule chargé de poisson a catégoriquement démenti tout chantage de la part des policiers“.
Selon la même source, “la DGSN dément toutes ces allégations et réaffirme que la Brigade nationale de la police judiciaire est en train de mener une enquête sur cette affaire, conformément aux dispositions de la loi et aux décisions du parquet général supervisant l’enquête“.

Le procureur général du Roi près la cour d'appel d'Al Hoceima avait ordonné dans la nuit de vendredi à samedi, l'ouverture d'une enquête.
Le ministre de l’intérieur avait également annoncé l’ouverture d’une enquête.

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