Changement climatique. Seuls 5% des fonds climat profitent à l’Afrique

A un mois et demi de la Cop22, Marrakech a abrité les travaux de l’Initiative AAA (Adaptation de l’agriculture africaine) lancée en avril 2016. Un autre événement de haut niveau traitant aussi du climat, sous un prisme purement agricole. 

Changement climatique. Seuls 5% des fonds climat profitent à l’Afrique

Le 3 octobre 2016 à 18h21

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

A un mois et demi de la Cop22, Marrakech a abrité les travaux de l’Initiative AAA (Adaptation de l’agriculture africaine) lancée en avril 2016. Un autre événement de haut niveau traitant aussi du climat, sous un prisme purement agricole. 

Vingt-trois ministres africains de l’Agriculture ou leurs représentants se sont entretenus pendant deux jours –les 29 et 30 septembre- sur des solutions techniques et des bonnes pratiques à mettre en place, afin de contrer l’impact du réchauffement climatique sur le secteur primaire, premier pourvoyeur d’emplois dans la quasi-majorité de ces pays.

Des représentants d’organisations mondiales telles que la Banque mondiale, la FAO…, des bailleurs de fonds, des patrons de grandes entreprises mondiales en relation avec l’agriculture, mais aussi des experts et scientifiques, comptant à leur actif des ouvrages de renom sur la question – cas du prix Nobel des sciences Rattan Lal) entre autres- ont fait le déplacement à Marrakech pour échanger sur la thématique de l’adaptation de l’agriculture africaine aux changements climatiques, "deux mondes que l’on pensait séparés", comme l’a souligné Aziz Akhannouch dans son allocution d’ouverture des travaux du sommet de l'Initiative AAA.  

Il faut savoir que l'Afrique est le continent le plus touché par les effets du changement climatique: augmentation de la température et réduction des précipitations, avec des événements extrêmes plus fréquents et plus longs, menaçant sérieusement la sécurité alimentaire. Pourtant, pendant longtemps, le continent a fait figure de mauvais élève lors des négociations climatiques, poussant les experts présents à appeler les décideurs africains à se positionner vite avec des projets concrets pour rattraper ce retard et pouvoir profiter des aides qui seront programmées incessamment.

L’Afrique en chiffres

Des données très éloquentes ont été rappelées pendant ces deux jours. On retient par exemple qu’en Afrique, 14% des émissions à effet de serre proviennent de l’agriculture. Six des 10 pays les plus touchés par le changement climatique sont africains.

L’Afrique, c’est aussi 65% des terres arables inexploitées de la planète. Si rien n’est fait, 2/3 des terres arables seront perdus d’ici 2050, selon Aziz Akhannouch.

Environ 66% des territoires africains se situent en zones arides ou semi-arides et souffrent du manque d'eau. Même les régions suffisamment pourvues en eau ne disposent pas de suffisamment d'infrastructures de mobilisation, de stockage et de distribution pour l'irrigation des terres. 

En Afrique, la part de la superficie cultivable irriguée n'est que de 5%, alors que le potentiel irrigable est de 25%.

En 2020, entre 75 millions et 80 millions de personnes seront exposées au stress hydrique. Ce chiffre pourrait attendre 400 millions en 2050.

L'Afrique est aussi l'une des régions au monde les moins bien préparées aux risques météorologiques résultant du changement climatiques: les 2/3 des pays africains ont peu ou pas de capacités de gestion de ces risques.

D’un point de vue qualitatif, les sols africains sont extrêmement fragilisés, souffrant de l'érosion, d’une dégradation à la fois chimique (perte de nutriments, salinisation, acidification,…) et physique (compaction des sols, ensablement…). 

Autant de problématiques à résoudre, avec en face très peu de moyens mobilisés effectivement. "L’agriculture a été dépriorisée au niveau du volet relatif au changement climatique. Le Maroc tient à rattraper les choses", a souligné pour sa part Salaheddine Mezouar, président de la Cop22.

Le financement, le nerf de la guerre

Selon une étude du Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE) datant de 2010, le coût économique du changement climatique pour l’Afrique pourrait représenter 1,5 à 3% du PIB, chaque année, jusqu’en 2030. Pour sa part, une étude de la BAD, citée par l’Initiative AAA, a conclu que les coûts d’adaptation en Afrique seraient d'environ 20 à 30 milliards de dollars.

De combien dispose l’Afrique? Dans la déclaration de clôture des travaux, l’accent a été mis sur l’insuffisance des flux réels. Le continent ne bénéficie que de 5% des fonds climat, les projets d'adaptation ne captent que 20% des fonds publics climat, alors qu’il en faudrait 50% pour une répartition équilibrée et l'agriculture ne reçoit que 4% de ces fonds.

Peu de moyens, mais aussi peu d’informations sur les fonds disponibles, les critères d’éligibilité, les projets à présenter….

Selon Nizar Baraka, président du comité scientifique de la Cop22, "le Maroc s’engage à présenter le 16 novembre toutes les données pour faire connaître ces fonds."

Que dit la déclaration de Marrakech?

Le 30 septembre, la déclaration de clôture des travaux a été lue et adoptée. Il a été décidé ce qui suit :

-Mettre l'agriculture au centre des négociations climat et appuyer le principe d'un financement climat plus important, plus efficace et plus efficient pour l'agriculture africaine;

-Contribuer au Plan mondial d'action pour le climat (Global Climate Action Agenda) et tout autre cadre pertinent, en mettant en avant des projets d'adaptation et bonnes pratiques agricoles en Afrique;

-Appuyer le principe d'un financement public et privé plus important, plus efficace et plus efficient et d'un suivi des fonds effectivement déboursés pour l'Adaptation, l'Agriculture et l'Afrique, ainsi qu'un accès facilité des projets africains aux fonds climat ;

-Contribuer à l'action et aux solutions à travers le Plan mondial d'action pour le climat (Global Climate Action Agenda) et tout autre cadre pertinent, en mettant en avant des projets et bonnes pratiques africaines;

-Positionner l'agriculture au centre des négociations climat;

-Œuvrer à un renforcement des capacités africaines en matière de politiques et de programmes agricoles, de montage et de gestion de projets agricoles durables et résilients face au climat.

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