Syrie: la Russie en accusation à l'ONU après un week-end meurtrier à Alep

Le 26 septembre 2016 à 9h50

Modifié 26 septembre 2016 à 9h50

Les pays occidentaux ont mis Moscou en accusation au Conseil de sécurité de l'ONU, réuni d'urgence à New York, alors qu'Alep continuait d'être bombardée sans relâche par les avions du régime syrien et de son allié russe.

Le Conseil s'est réuni dimanche 25 septembre à la demande des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France.

Ces pays veulent stopper l'offensive aérienne lancée vendredi par le régime et la Russie pour faire tomber les quartiers insurgés d'Alep, ce qui marquerait un coup d'éclat pour Damas dans le conflit.

L'ambassadrice américaine Samantha Power a eu des mots très durs pour Moscou, parrain avec Washington du processus diplomatique en Syrie actuellement dans l'impasse.

"Ce que la Russie soutient et fait (à Alep), ce n'est pas de la lutte anti-terrorisme, c'est de la barbarie", a-t-elle lancé, rejetant ainsi le principal argument russe.

Moscou "abuse du privilège historique" d'être membre permanent du Conseil avec droit de veto, a-t-elle affirmé. "L'histoire ne sera pas tendre avec les pays du Conseil qui restent silencieux face à ce carnage."

Son homologue russe Vitali Tchourkine a répété les conditions posées par Moscou, notamment la nécessité de séparer opposition modérée et groupes extrémistes comme le Front al-Nosra.

Il a rejeté la responsabilité de l'impasse sur la coalition internationale conduite par Washington: "des centaines de groupes ont été armés, le pays a été bombardé sans discernement", a-t-il dit. "Dans ces conditions ramener la paix est désormais une tâche presque impossible."

Mais il n'a pas fermé la porte à un rétablissement de la trêve; "c'est l'objectif de nous aimerions avoir, de même que la reprise de négociations". Mais à condition, a-t-il ajouté, qu'il s'agisse d'un effort "collectif" et pas seulement de la part de Moscou.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté les grandes puissances à redoubler d'efforts pour "mettre fin au cauchemar" en Syrie, dénonçant "de nouveaux niveaux de barbarie".

"Des crimes de guerre sont commis" à Alep et ils "ne peuvent pas rester impunis", a affirmé l'ambassadeur français François Delattre. Il a accusé Damas et Moscou de poursuivre une solution militaire en Syrie et de se servir des négociations comme d'un "écran de fumée".

L'ambassadeur britannique Matthew Rycroft a évoqué une saisine de la Cour pénale internationale, compétente pour les crimes de guerre. La dernière tentative du Conseil pour le faire s'était soldée par un veto russe.

"Scène horrible"

La pluie de bombes larguées depuis vendredi sur Alep a fait au moins 124 morts, dont 25 dimanche, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Parmi eux, figurent au moins 19 enfants ensevelis sous les ruines des immeubles détruits dans les raids.

Selon l'ONG Save the chidren, près de la moitié des patients dans les hôpitaux sont des enfants. "Les hôpitaux de campagne sont remplis de blessés et de morts, pour la plupart des femmes et des enfants", explique le Dr Abou Rajab. "Les patients sont allongés sur le sol (..) et les équipes médicales épuisées travaillent à la limite de la résistance humaine."

Ahmad Hajjar, un habitant du quartier rebelle d'Al-Kallassé, raconte à l'AFP que sa rue est jonchée de "bombes à sous-munition" qui n'ont pas explosé. "Un voisin a été tué par l'une d'entre elles. Je l'ai vu trébucher sur elle, elle a explosé et l'a déchiqueté. C'était une scène horrible."

Des habitants et militants ont aussi décrit l'utilisation d'un nouveau type de projectiles.

En s'abattant, ceux-ci font l'effet d'un tremblement de terre d'après eux, faisant s'écrouler un immeuble de plusieurs étages comme un château de cartes et détruisant également le sous-sol, utilisé comme abri par les habitants.

Les quelque 250.000 habitants des quartiers rebelles ne reçoivent plus d'aide de l'extérieur depuis pratiquement deux mois et sont privés depuis samedi d'eau, à cause des bombardements, selon l'Unicef.

"Inacceptable" d'armer les Kurdes syriens

La Russie a clairement été désignée comme la responsable de la reprise des combats dans un communiqué commun publié par l'Union européenne, les Etats-Unis et les ministres des Affaires étrangères de quatre pays de l'UE (France, Italie, Allemagne et Grande-Bretagne).

"Il appartient à la Russie de prouver qu'elle est disposée et qu'elle est capable de prendre des mesures exceptionnelles pour sauver les efforts diplomatiques", ont averti samedi les signataires.

La fragile trêve négociée par Washington et Moscou n'a tenu qu'une semaine, avant de prendre fin lundi dernier. Les efforts diplomatiques menés ensuite en marge de l'assemblée générale de l'ONU ont échoué.

Le président Recep Tayyip Erdogan a affirmé dimanche que la Turquie serait prête à participer à une opération menée par les Etats-Unis pour déloger les jihadistes du groupe Etat islamique de leur fief de Raqqa, à condition que les milices kurdes syriennes n'y participent pas.

Le plus haut gradé américain, le général Joseph Dunford, avait indiqué jeudi que Washington envisageait de fournir des armes aux Kurdes syriens qui participeraient à l'offensive pour reprendre Raqqa.

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a jugé "inacceptable" ce projet, dimanche sur la chaîne d'information en continu France 24.

La Turquie a lancé une offensive militaire "Bouclier de l'Euphrate" le 24 août pour chasser de sa frontière les jihadistes de Da'ech et les rebelles kurdes.

(Avec AFP)

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