Migrants: le Danemark adopte un projet décrié par la communauté internationale

Le Danemark a entériné mardi sa réforme controversée du droit des étrangers qui vise à décourager les candidats à l'asile de tenter leur chance dans le pays scandinave, au prix d'entorses aux conventions internationales.

Migrants: le Danemark adopte un projet décrié par la communauté internationale

Le 26 janvier 2016 à 15h22

Modifié le 26 janvier 2016 à 15h22

Le Danemark a entériné mardi sa réforme controversée du droit des étrangers qui vise à décourager les candidats à l'asile de tenter leur chance dans le pays scandinave, au prix d'entorses aux conventions internationales.

Le gouvernement minoritaire de droite, soutenu par les députés anti-immigration du Parti populaire danois, aura défendu de bout en bout cette réforme qualifiée par le Premier ministre Lars Løkke Rasmussen (Venstre, libéraux) de "projet de loi le plus mal compris de l'histoire du Danemark".

Accusé par le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) de nourrir "la peur et la xénophobie", le projet de loi prévoit de confisquer les effets de valeur des migrants, de diminuer leurs droits sociaux, et d'allonger les délais de regroupement familial et d'octroi du permis de séjour permanent.

Ces mesures font écho au raidissement d'un nombre croissant de pays européens aux prises avec la plus grave crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les parlementaires écologistes et d'extrême gauche ont livré un baroud d'honneur en se succédant à la tribune du Folketing, le Parlement monocaméral, pour fustiger le texte. Johanne Schmidt-Nielsen, jeune élue de la Liste de l'unité, a dénoncé la participation de son pays à "un concours européen de repli", qui l'expose aux fourches caudines de la justice européenne.

Le vote n'a été qu'une formalité car les sociaux-démocrates, premier parti d'opposition, et deux petites formations de droite se sont rangés derrière le gouvernement après avoir obtenu certains aménagements.

 Resserrement européen

Réprouvé par les Nations-Unies, l'Union européenne, l'OSCE et les organisations humanitaires, mais fort du soutien de son opinion publique, le gouvernement n'a pas plié, estimant n'avoir plus les moyens d'accueillir davantage de migrants après avoir enregistré 21.000 demandes d'asile en 2015.

"Tant que le monde ne s'unira pas et ne trouvera pas une solution commune, le Danemark doit agir", a justifié le député libéral Jakob Ellemann-Jensen.

"À ceux qui nous critiquent, ma question est la suivante: quelle est votre alternative? L'alternative c'est que nous continuions à être le pays le plus attractif d'Europe et finirons comme la Suède", a renchéri le social-démocrate Dan Jørgensen.

Copenhague pointe souvent du doigt son voisin suédois qui, en laissant sa porte grande ouverte jusqu'à récemment, a créé un énorme appel d'air. 163.000 réfugiés, dont une immense majorité ont transité par le territoire danois, ont déposé une demande d'asile en Suède l'an dernier, cinq fois plus qu'au Danemark, rapporté à leur population respective.

La Suède, le Danemark, mais aussi la France, l'Allemagne et l'Autriche, ont rétabli les contrôles à leurs frontières. Et le renforcement des contrôles aux portes de l'UE est au coeur des discussions entre ministres de l'Intérieur, réunis mardi à Amsterdam (Pays-Bas).

Certains États durcissent également leur politique d'accueil des migrants, à l'image de l'Autriche, dont le gouvernement a adopté mardi un projet de loi visant à limiter à trois ans la durée initiale du bénéfice du droit d'asile.

Délais au regroupement familial

S'agissant du Danemark, l'indignation des médias étrangers a surtout porté sur la confiscation des biens des migrants au-delà de 10.000 couronnes danoises (1.340 euros) aux fins de financer le coût de leur séjour pendant l'examen de leur demande d'asile.

Les bijoux, y compris les alliances ou bagues de fiançailles, devaient également être confisquées, mais le gouvernement a reculé devant les remous provoqués à l'étranger par cette disposition rapprochée par le Washington Post de la spoliation des juifs par les nazis.

Les organisations internationales déplorent aussi les restrictions imposées aux conditions de séjour, qui risquent notamment d'inciter "les réfugiés à emmener leurs enfants" dans leur périple depuis la Syrie ou l'Afghanistan, déplore Mette Gjerskov, l'une des trois députés du Parti social-démocrate opposés au texte, citée par le quotidien Berlingske. "Nous avons vu un grand nombre d'enfants dans des bateaux pneumatiques sur la Méditerranée".

"Le Danemark reste l'un des endroits les plus accueillants et protecteurs en matière d'asile", a martelé Marcus Knuth, chargé des questions d'intégration pour Venstre, interrogé par l'AFP.

Une fois votée, la réforme sera soumise à la signature de la reine Margrethe II, pour une entrée en vigueur début février.

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