Les 28 pays membres de l’UE ont décidé lundi 18 mai de la mise en place d’une force navale chargée d’intercepter les embarcations et navires transportant des migrants vers les côtes européennes.

Confrontée à des arrivées massives de réfugiés syriens, afghans et africains sur les côtes italiennes principalement, l’Union européenne a décidé cette semaine de mettre en place une force navale baptisé EU Navfor Med.

Avec un commandement basé à Rome, cette force sera chargée d’intercepter embarcations et navires transportant des candidats à l’émigration en Europe.

EU Navfor Med

Le principal rôle de cette force navale sera d’opérer dans un premier au large de la Libye. L’opération est présentée comme devant « lutter contre les passeurs et les trafiquants d’êtres humains ». La force navale devrait être opérationnelle au mois de juin prochain, le temps d’un vote au conseil de sécurité des Nations Unies et de l’obtention d’accords avec les autorités libyennes.

Pour l’instant, les autorités libyennes installées à Tobrouk et considérées comme les plus légitimes refusent de cautionner des opérations militaires dans leurs eaux territoriales.

219.000 migrants ont atteint les côtes européennes en 2014, soit quatre fois plus qu’en 2013 selon un décompte onusien, et près de 60.000 durant les quatre premiers mois de cette année 2015. Depuis le début de l’année, 1.800 candidats à l’émigration sont morts en mer, dont plus de 800 pour le seul mois d’avril.

Les principaux lieux de départs vers l’Europe sont de très loin les côtes libyennes et égyptiennes 25 à 75.000 par trimestre en 2014, suivie d’une route orientale Turquie-Grèce entre 5 et 10.000 par trimestre. La route occidentale qui inclut Sebta, Melilia et la côte marocaine méditerranéenne vient très loin derrière, avec moins d’un millier par trimestre sauf pour l’été 2014.

Les principaux flux de migrants viennent actuellement de Syrie, d’Afghanistan, d’Erythrée, du Mali, de Gambie, du Nigéria, de Somalie, de Palestine et du Sénégal selon une compilation de statistiques de Frontex, d’Eurostat et du Haut comité des Nations unies pour les réfugiés publié par The Economist ce mardi 19 mai.

Leurs principales destinations en Europe sont l’Allemagne, la Suède, l’Italie, la Suisse et la France. Suivent les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et la Belgique.

Pression sur le Maroc, pression à Tanger

Cette nouvelle politique européenne devrait impacter la situation migratoire au Maroc en encourageant à court terme le choix de la route marocaine pour les candidats à l’émigration. La force navale de l’EU sera dans un premier temps déployée au large des côtes libyennes.

S’agissant des milliers de Subsahariens qui attendent du côté de Melilia, Nador, Tanger et Sebta de traverser la Méditerranée, ceux-ci devraient redoubler d’efforts et d’imagination pour traverser le détroit de Gibraltar et la Méditerranée. Depuis l’arrivée du printemps et du beau temps, les tentatives de traversée se sont multipliées ces dernières semaines.

Selon le ministère marocain de l’Intérieur, 95 candidats ont été arrêtés le 15 mai dernier alors qu’ils s’apprêtaient à quitter la côte tangéroise pour la côte espagnole à bord d’embarcations pneumatiques. Plus d’une centaine l’avaient été durant la première semaine de ce mois-ci.

Malgré l’opération de régularisation des migrants conduite au Maroc en 2014 et qui a concernée près de 18.000 personnes, 25 à 30.000 migrants subsahariens vivent sans papiers attendant l’occasion de traverser le détroit.

Cette situation est source de tensions sociales dans certains quartiers des villes marocaines, notamment à Tanger. Ainsi depuis le mois dernier, les habitants de Boukhalef se rassemblent tous les dimanches pour protester « contre l’absence de sécurité ».  Elle crée également des frictions entre Marocains et Subsahariens sur le marché des travaux pénibles comme le bâtiment et celui des travaux domestiques.