HCP: Défiance généralisée des Marocains à l’égard des institutions et de leurs concitoyens

L’enquête sur la perception de la qualité de vie des Marocains menée par le HCP en 2012 éclaire le ressenti des Marocains à l’égard des institutions et du respect de la loi. Le mot d’ordre: défiance généralisée.

HCP: Défiance généralisée des Marocains à l’égard des institutions et de leurs concitoyens

Le 24 avril 2015 à 14h59

Modifié 11 avril 2021 à 2h37

L’enquête sur la perception de la qualité de vie des Marocains menée par le HCP en 2012 éclaire le ressenti des Marocains à l’égard des institutions et du respect de la loi. Le mot d’ordre: défiance généralisée.

Le HCP vient de publier un travail inédit et qui fera date: les résultats de l’enquête, réalisée en 2012,  au sujet de la perception de la qualité de vie des ménages. En fait, ces résultats montrent deux choses essentielles et qui vont s’avérer corrélées:

-quels sont, aux yeux des Marocains, les éléments essentiels à leur bonheur, ceux dont l’absence ou la mauvaise qualité rend la vie quotidienne pénible? Et là, on avait découvert à quel point cette vie quotidienne est, justement, pénible.

-que les Marocains sont extrêmement méfiants et font montre d’une énorme défiance à l’égard de tout. Seuls le gouvernement et les ONG trouvent très partiellement grâce à leurs yeux.

Une défiance élevée signifie une confiance basse. Or, la faiblesse de la confiance des citoyens entraîne des coûts économiques importants. Plusieurs recherches, au cours des quarante dernières années, l’ont prouvé. Il existe une corrélation entre la confiance d’une part et d’autre part, l’investissement, les échanges commerciaux ou la croissance. En un mot, le développement économique.

Déjà, en 1972, le prix Nobel d’économie Kenneth Arrow écrivait: «On peut vraisemblablement soutenir qu’une grande part du retard de développement économique d’une société est due à l’absence de confiance réciproque entre ses citoyens».

Une société où la défiance est élevée est une société dont les membres ne coopèrent pas, ou pas suffisamment, ou pas pleinement. Cela commence par le piéton qui ne prend pas le passage clouté car il ne fait pas confiance à l’automobiliste. Jusqu’à l’investisseur qui préfère placer son argent à l’étranger. D’ailleurs, pour commenter le succès inespéré de l’amnistie des changes, plusieurs responsables de haut niveau n’ont pas hésité à parler de “retour de la confiance“.

De même qu’il y a une corrélation partout dans le monde entre confiance et développement, il y a également corrélation entre confiance et bien-être.

Le niveau élevé de défiance observé au Maroc, à l’occasion de cette enquête, ainsi que le faible niveau de bien-être, posent la question du modèle social marocain.

Les résultats de l’enquête sur le niveau de défiance des Marocains

En quelles institutions ont confiance les Marocains? Le gouvernement? Les partis politiques? La justice? Les forces de l’ordre? La presse? Les ONG? Les syndicats?

Il ressort de l’enquête sur les ménages qu’aucune de ces institutions ne jouit réellement de la confiance des Marocains.  De façon corollaire, ceux-ci considèrent que la loi est rarement appliquée. Quels enseignements peut-on tirer de cette enquête?

Représentation politique: le gouvernement tire son épingle du jeu

Partis politiques en tête, les Marocains expriment leur défiance envers leurs représentants politiques. Plus de la majorité d’entre eux déclarent ne pas avoir confiance envers les conseils locaux et le Parlement. Pour 38% des Marocains, le gouvernement non plus n’est pas digne de confiance.

On pourrait dire que cette enquête menée en 2012 est dépassée, et que les choses ont évolué en 3 ans sur la scène politique. Le parti de la majorité jouit d’une cote de popularité appréciable comme en atteste le sondage Tizi mené en début d’année, où 62% des sondés déclaraient leur confiance envers le chef du gouvernement.

Pourtant, les résultats de l’enquête ménages font écho au sondage Telquel-TNS réalisé en Novembre 2014 qui mettait en évidence le sentiment des Marocains de ne pas être représenté par leur parti politique (91% des sondés), leur député (93%) ou leur leader politique (94%).

Électoralement, ce déficit de confiance se ressent. Un scrutin aussi décisif que le référendum sur la constitution en 2011- censé entériner de grandes réformes sociétales- n’avait conduit que 45% des électeurs aux urnes.

Faible adhésion pour les contre-pouvoirs

Moins de la moitié des sondés adressent leur confiance à l’égard des syndicats et de la justice. Un peu plus d’un tiers la manifeste à l’égard de la presse et des ONG.

Cette méfiance généralisée freine le processus institutionnel: une société qui dit sa méfiante à l’égard de la justice n’y aura pas recours de façon systématique. Un autre enseignement de ce sondage qui en dit beaucoup sur la société marocaine: la société civile - représentée par les ONG - est l’institution qui suscite le plus d’adhésion: devant le Parlement, le gouvernement, la Justice ou les forces de l’ordre.

Le non-respect de la loi comme norme

De façon corollaire, les sondés considèrent que le code de la route (80% des sondés), les droits de l’homme(39%), les lois anti-corruption (66%) sont rarement ou jamais respectés par la société.

Ces chiffres sont évidemment une défaite pour l’Etat de droit. L’impression que les lois ne sont pas respectées par une grande partie des concitoyens n’incite pas à les respecter soi-même. Encore plus lorsque la société exprime ses doutes sur le rôle de la justice et des forces de l’ordre.

Une présentation et une synthèse de l’étude peuvent être téléchargées sur notre portail.

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