Burkina Faso : plus de peur que de mal pour les Marocains

Même si le calme est encore précaire, plusieurs centaines de Marocains ont eu drôlement peur lors des émeutes de ces derniers jours. L’ambassadeur du Maroc a livré son témoignage à Médias 24.  

Burkina Faso : plus de peur que de mal pour les Marocains

Le 3 novembre 2014 à 14h34

Modifié le 3 novembre 2014 à 14h34

Même si le calme est encore précaire, plusieurs centaines de Marocains ont eu drôlement peur lors des émeutes de ces derniers jours. L’ambassadeur du Maroc a livré son témoignage à Médias 24.  

Dans un entretien par téléphone donné à Médias 24, l’ambassadeur du Maroc à Ouagadougou Farhat Bouazza nous livre son témoignage des événements de ces derniers jours.

« Dès que nous avons eu connaissance de la tournure qu’allaient prendre les événements, nous avons contacté tous les Marocains dont nous avions les coordonnées. Nous leur avons conseillé de limiter leurs déplacements, de rester chez eux et de faire des provisions afin de pouvoir rester à la maison plusieurs jours » explique l’ambassadeur.

Les Marocains qui résident dans le pays sont plusieurs centaines : 400 sont enregistrés auprès des autorités consulaires, auxquels il faut ajouter environ 300 ou 400 Marocains qui vivent tout ou partie de l’année dans le pays.

Dès que les heurts ont commencé, des Marocains résidant sur place ont contacté l’ambassade, ils étaient vraiment angoissés quant à la tournure des émeutes. On sait comment débute ce genre d’événements, mais ont ignore toujours comment cela va se terminer. Les événements similaires ces dernières années, en Côte d’Ivoire ou au Mali, sont dans toutes les têtes. Même si le Burkina Faso est un des pays les plus calmes de la région et que les troubles aussi violents ne sont pas arrivés de très longue date.

Les intérêts marocains n’ont jamais été visés par les émeutiers, selon l’ambassadeur. Ces intérêts sont pourtant nombreux : Bank of Africa (BMCE), Banque atlantique (Banque populaire), Saham ou l’Onatel (opérateur téléphonique historique filiale de Maroc Telecom). Selon la direction d’Attijariwafa bank, l’unique agence du pays a fermé ses portes la semaine dernière, mais a rouvert lundi 3 novembre. Les 15 salariés n’ont pas été inquiétés, et le plan de développement dans le pays n’est pas remis en cause.

Le site industriel de Ciments d’Afrique, ou plus loin de la capitale, celui du barrage de Samendeni, construit par SGTM, n’ont pas été visés, ni même les Marocains qui y travaillent. L’ambassadeur les a contacté et leur a conseillé de rester sur place en attendant le retour au calme.

En revanche, les deux membres du CNDH en mission sur place ont eu drôlement peur. Elles étaient bloquées dans un hôtel assiégé par les émeutiers, et l’ambassadeur a du organisé leur exfiltration dans des conditions plutôt délicates.

Ce dernier a envoyé son chauffeur sur une moto, seul véhicule capable de se déplacer dans la ville, afin de les faire venir en lieu sûr à la résidence. Effrayées, elles n’ont pas voulu le suivre, et ce n’est que plus tard, en voiture, qu’elles ont pu quitter l’établissement. « L’hôtel a ensuite été pris d’assaut par les émeutiers et mis à sac » raconte l’ambassadeur. Les deux dames sont restés à la résidence de l’ambassadeur jusqu’à dimanche, et ont pu alors prendre le vol de la RAM pour rentrer au Maroc. Un autre groupe de Marocains a aussi été hébergé à la résidence, en attendant que l’aéroport rouvre.

La situation est maintenant revenue au calme : les Burkinabais, « des gens formidables », ont organisé un grand nettoyage de la capitale, toute la population armée de balais n’est mis à effacer les traces des troubles, qui ne sont presque plus visibles, selon M. Bouazza.

Les écoles ont rouvert leurs portes, tout fonctionne normalement, et le couvre feu a été assoupli, désormais de minuit à 5 heures du matin.

 


 

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