Dans un rapport auquel Médias 24 a pu avoir accès, l’Overseas Security Advisory Council (Osac) s’inquiète que des milliers de personnes, dont de nombreux Marocains, franchissent chaque jour les passages frontaliers de Sebta et Melilia, et que de nombreux Marocains du Nord viennent grossir les rangs des jihadistes en Syrie et en Irak.

L’Osac est un organisme de veille sur la sécurité à l’étranger des citoyens et des entreprises américains (écoles, fondations, centres de recherches, Peace Corps) qui dépend des services de la diplomatie américaine.

Dans un tweet mis en ligne le7 octobre dernier, l’organisme avertissait des risques courus en Espagne et au Maroc par les citoyens et les entreprises américaines. En cause : l’importance des réseaux de recrutement de jihadistes présents à, et autour  de Sebta et de Melilia.

After @USEmbMorocco warned of #ISIL/#ISIS, what can we expect, and how capable is #Morocco to respond to the #threat? http://t.co/5WRsKclYb2

— OSAC (@OSACState) 7 Octobre 2014

Les craintes américaines proviennent du fait que de nombreuses cellules jihadistes intégrant des Marocains et des Espagnols ont été démantelées au cours des derniers mois.  Le cas le plus récent remonte au 26 septembre avec le cas d’une cellule opérant à cheval sur l’enclave espagnole de Melilia et la ville de Nador.

Cette collaboration entre réseaux terroristes espagnols et marocains a entraîné un regain sans précédent de la collaboration entre les services de sécurité de Rabat et de Madrid. « Les policiers espagnols spécialisés dans la lutte anti-terroriste assurent que leurs collègues marocains n’ont jamais autant collaboré qu’aujourd’hui » souligne le quotidien madrilène El Mundo du 19 octobre.

Outre les passerelles entre les cellules jihadistes de l’enclave de Melilia, d’Espagne et de Nador, un schéma identique existe du côté de Sebta, Fnideq et Tétouan. Médias 24 a pu apprendre de bonnes sources que des exercices de prévention sécuritaire se sont déroulés au cours de ces dernières semaines sur certains sites industriels du Nord marocain.

La particularité de Sebta et de Melilia réside dans le fait que plus de 20.000 contrebandiers, commerçants, travailleurs journaliers et touristes franchissent quotidiennement les postes frontières.

Les passages de candidats à l’émigration clandestine se chiffrent également par milliers chaque année : 3.000 pour le seul premier semestre 2014. Les résidents marocains de Tétouan (pour Sebta), et de Nador (pour Melilia) n’ont pas besoin de visa pour s’y rendre.

Selon l’Osac, « les réseaux qui recrutent des jihadistes profitent de cette situation » notamment à Fès et autour de Sebta et de Melilia. L’Osac estime à plus de 1.500 le nombre de Marocains actuellement enrôlés dans les rangs des réseaux jihadistes syriens et irakiens.

La participation du Maroc et de l’Espagne à la coalition dirigée par Washington contre Da’ech rendent ces deux pays vulnérables au risque terroriste, souligne l’Osac.

Le fait que le nombre de Marocains présents en Syrie et en Irak soit important et que « nombre d’entre eux soient originaires du Nord et accèdent facilement à Sebta et Melilia, élargit ce risque à l’Espagne » souligne l’Osac.

L’Osac précise cependant  que le contenu de son rapport « ne représente ni  la politique ni les opinions du département d’Etat ou du gouvernement américain ».

Une part importante des sources de l’Osac est constituée d’informations publiées et/ou communiquées par les services diplomatiques américains.

Ces analyses et alertes existent sur pour tous les points sensibles du globe. Ils concernent le Maroc ou l’Espagne, tout comme le Mexique, voisin du Texas, de l’Arizona et de la Californie, où plus de 60.000 personnes sont décédés de mort violente au cours de la dernière décennie victimes des cartels de la drogue ou des forces de sécurité.

A titre d’exemple, le compte Twitter de l’Osac de ces derniers jours cite des alertes à Jérusalem, Addis-Abeba, Kuala Lampur ou Stockholm où une recrudescence des braquages de banques a été enregistrée au cours de ces dernières semaines.