L’un des paradoxes de la situation actuelle en Syrie et en Irak est que les groupes terroristes qui menacent les la France, les Etats-Unis ou encore le Maroc sont en partie financés par des Saoudiens, des Koweitiens et des Qataris.

Selon des sources du renseignement américain et du Doha Center de la Brookings Institution, les troupes d’Al-Bagdadi collectent plus de 3 M de dollars par jour en moyenne, 90 à 100 M de dollars par mois.

Selon le Washington Institute, l’une des premières sources de financement est constituée de donneurs de pays du Golfe, notamment des salafistes, bien représentés dans les rangs de Da’ech, en Arabie saoudite et au Koweït.

S’agissant plus précisément de l’Arabie saoudite où les canaux bancaires sont strictement contrôlés, l’argent des donneurs transite par le Koweït d’où il est transféré vers la Syrie et vers la Turquie.

Le Qatar,  « Club Med pour terroristes » ?

Le riche émirat du Qatar, qui se trouve au milieu de toutes les polémiques sur le financement de Da’ech en cette fin de semaine, tente pour sa part de se défendre. « Les groupes que nous finançons en Syrie ne sont pas des groupes terroristes » a affirmé Cheikh Tamim Al-Thani à Christiane Amanpour sur CNN jeudi 25 septembre. « Nous devons savoir faire la différence entre les mouvements » s’est défendu Cheikh Al-Thani. Certains observateurs, notamment américains et israéliens, qualifient le Qatar de « Club Med pour terroristes ».

La générosité saoudienne, qatarie ou koweitienne n’est la seule source de financement de Dae’ch.

Source : Washinton Institute

Pétrole. Le pétrole du nord-est syrien est revendu en Turquie, à la Syrie et jusqu’en Europe à 50% de son prix du marché, 96 dollars actuellement. A cela s’ajoute les produits pétroliers raffinés dans les installations, une dizaine, contrôlées par Da’ech autour de Raqqa. Ce sont ces installations qui sont la cible des attaques aériennes américaines, saoudiennes, émiraties et bahreinies de ces dernières 48 heures. Le pétrole et ses dérivés constituent aujourd’hui l’essentiel des revenus de Da’ech, 1,2 à 1,5 M de dollars par jour selon des estimations du Doha Center de la Brookings Institution.

Braquages. L’offensive sur Mossoul et le nord-ouest irakien au début de l’été dernier avait permis à Dae’ch de mettre la main sur d’importantes sommes déposées dans les banques. Pour la seule prise de Mossoul, le butin en espèces est estimé à 500 M de dollars.

Impôts. Avant la prise de Mossoul, Da’ech arrivait à lever jusqu’à 8 M de dollars d’impôts sur les territoires qu’il contrôlait selon des sources du renseignement britannique et le Council on Foreign Relations (CFR) new-yorkais.

Antiquités. Des fonds sont collectés grâce au commerce des antiquités selon le Guardian. Ce commerce aurait rapporté près de 40 M de dollars au cours des six derniers mois. Dae’ch autorise les villageois à fouiller les sites archéologiques et vendre des objets avant de les taxer.

Kidnapping et trafics d’êtres humains. Otages turcs, européens et américains sont enlevés, et parfois libérés contre des rançons quand ils ne sont pas assassinés. Concernant le trafic d’êtres humains, la guerre en Irak et en Syrie a engendré la création de filières de vente de femmes et d’enfants à des réseaux de prostitution présents en Turquie, en Jordanie et au Liban notamment.

Au total, Dae’ch fonctionne avec un budget d’un milliard de dollars sur une base annuelle. De l’argent pour payer ses troupes, 30 à 35.000 personnes, ses fonctionnaires et acquérir des munitions et des armes. « Pour battre Da’ech, il faut suivre le fil de l’argent » écrit Politico.com.

Depuis cette semaine, Washington et la communauté internationale ont également décidé de s’attaquer au recrutement de combattants jihadistes et aux filières. Une résolution votée à l’unanimité aux Nations unies jeudi 25 septembre impose aux Etats de « prévenir et d’empêcher » le recrutement et les déplacements de leurs citoyens vers l’étranger « pour participer à des actions terroristes ».

Une première évaluation de cette mesure et un rapport onusien sont attendus dans six mois, le 25 mars 2015.