Money for something: Des pétrodollars pour les think tanks américains

Du Qatar aux Emirats arabes Unis et à la Norvège, des Etats, petits mais riches financent les activités de centres de recherche prestigieux pour gagner de l’influence à Washington et peser sur la politique étrangère américaine sur des dossiers clés, révèle une longue enquête du New York Times.

Money for something: Des pétrodollars pour les think tanks américains

Le 20 septembre 2014 à 13h13

Modifié le 11 avril 2021 à 2h36

Du Qatar aux Emirats arabes Unis et à la Norvège, des Etats, petits mais riches financent les activités de centres de recherche prestigieux pour gagner de l’influence à Washington et peser sur la politique étrangère américaine sur des dossiers clés, révèle une longue enquête du New York Times.

Le NYT révèle ainsi que 28 centres de recherches et d’études américains dont la Brookings Institution, le Center for Strategic and International Studies (CSIS) ou l’Atlantic Council ont reçu plus de 92 millions de dollars de la part de 64 pays ou institutions étrangères depuis 2011.

Pour le quotidien américain, outre les questions soulevés sur la liberté intellectuelle des think tanks, ces financements s’apparentent à du lobbying déguisé, enfreignant la loi américaine qui autorise et encadre les activités de lobbying politique.

A titre d’exemple, le Center for Global Development a reçu des dons importants de la Norvège. Son président Todd Moss reconnaît que son institution a peut-être violé la loi américaine. «Nous allons prendre conseil sur le plan juridique,» indique-t-il dans une déclaration au NYT.

Riche pays gazier et membre de l’OTAN, la Norvège a dépensé 24 millions de dollars au cours des quatre dernières années auprès de think tanks et centres de recherches à Washington sur des sujets globaux en rapport avec les énergies fossiles, le climat et la politique américaine en la matière.

Pétrodollars

Cas emblématique de financements importants et de recherche d’influence sur la politique étrangère américaine, celui  de la Brookings Institution basée à Washington et qui dispose d’un centre à Doha au Qatar.

Son président Martin Indyk, ancien ambassadeur U.S. à Tel Aviv reconnaît que la Brookings a reçu 14,8 millions de dollars sur quatre ans pour ouvrir son centre de Doha et mener une étude sur les relations des Etats-Unis avec le monde musulman.

Qatar est notamment réputé pour son soutien au mouvement des Frères musulmans et son rôle actif au sein du Conseil de coopération du Golfe où l’émirat s’oppose souvent à l’Arabie saoudite et aux Emirats. Qatar entretient des relations régulières avec Tel Aviv depuis 30 ans.

Pour sa part, le Center for Strategic International Studies (CSIS) a reçu au cours de ces dernières années des fonds émiratis, Abou Dhabi ayant une position anti-Frères musulmans et proche de Ryad. Tous ces Etats pétroliers jouent de leur influence diplomatique au Moyen-Orient et Doha comme Abou Dhabi abritent d’importantes bases militaires américaines. Ryad dispose aujourd’hui du 5ème budget militaire du monde après les USA, la Chine, la Russie et la France.

“Ce n’est pas une fausse histoire, mais une histoire incomplète“

Selon un ancien chercheur à la Brookings à Doha, «si un membre du congrès américain utilise les études du centre, il n’aura pas l’histoire en entier». « Il n’aura pas une fausse histoire mais il aura une histoire incomplète», reconnaissant implicitement que les financements impliquent de limiter toute critique.

Principal soutien financier de la Brookings, le Qatar a pu en 2012 négocier un accord de partenariat qui indique que «le centre assume le rôle de refléter l’éclatante image du Qatar dans les médias internationaux, particulièrement les médias américains», un clair travail de communication et de lobbying. Un ancien premier ministre du Qatar siège désormais au sein du conseil d’administration de la Brookings.

A l’Atlantic Council où des membres du gouvernement marocains et des banquiers étaient invités début août en marge du sommet USA-Afrique, son président Frederick Kempe affirme que «notre unité de valeur est notre crédibilité». L’Atlantic Council reconnaît avoir obtenu des dons de 25 pays différents depuis 2008.

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