Les Marocains, un enjeu politique, religieux et économique en Catalogne

La présentation des grandes lignes du Plan Catalunya-Marruecos 2014-2017 mercredi à Barcelone et le débat indépendantiste en Catalogne font des Marocains et du Maroc des pièces centrales du jeu politique catalan.  

Les Marocains, un enjeu politique, religieux et économique en Catalogne

Le 19 septembre 2014 à 15h20

Modifié le 11 avril 2021 à 2h36

La présentation des grandes lignes du Plan Catalunya-Marruecos 2014-2017 mercredi à Barcelone et le débat indépendantiste en Catalogne font des Marocains et du Maroc des pièces centrales du jeu politique catalan.  

Sur près de 700.000 Marocains établis en Espagne, 280.000 le sont en Catalogne, soit près 4% de la population de la région. Sur le plan du commerce, hors d’Europe, le Maroc figure parmi les trois premières destinations d’exportation des entreprises catalanes.

Tous ces éléments sont revenus au centre du débat politique catalan à l’heure où le gouvernement actuel d’Artur Mas a approuvé lundi  15 novembre, et présenté deux jours plus tard, un plan d’enseignement de l’arabe et de l’amazigh dans les écoles catalanes. Avec un double objectif : attirer le vote marocain, mais aussi algérien, vers le « oui » à l’indépendance de la Catalogne ; puis favoriser l’intégration culturelle, religieuse et sociale des Marocains de Catalogne.

Les résidents étrangers en Catalogne voteront en cas de référendum. Barcelone espère organiser un référendum d’indépendance le 9 novembre prochain. Pour parer à toute critique, la responsable de l’éducation du gouvernement catalan Irène Rigau a souligné cette semaine que « les dispositions en matière d’éducation s’intègrent dans le cadre des accords maroco-espagnols ».

La partie qui se déroule actuellement est subtile et ses résultats incertains. L’une des causes de cette incertitude est le fait que l’enseignement de l’arabe et de l’amazigh sera fourni par des enseignants en grande majorité marocains. Et qui dit éducation, dit aussi religion. Dans un article publié ce 19 septembre, El Mundo souligne que « la Generalitat offre au Maroc de s’occuper de l’islam en Catalogne ».

Les réactions à ce plan sont nombreuses. Les indépendantistes catalans de Plataform per Catalunya ont demandé à Mas de retirer son projet car « il offre à Rabat la possibilité de contrôler l’enseignement de l’arabe et de l’amazigh, langues des montagnes du Rif et de l’Atlas ».

Le quotidien ABC n’y est pas allé non plus avec le dos de la cuillère sur le Plan Catalunya-Marruecos. Titre critique de son article du 11 septembre dernier : « CiU veut endoctriner 500.000 musulmans pour son plan d’indépendance ». Le CiU est le parti du président catalan Artur Mas.

Mas et le CiU agissent de consert avec les autorités marocaines même si celles-ci se montrent aussi discrètes que possible dans leurs réactions. Jeudi 18 durant le point de presse postérieur au conseil de gouvernement, Mustapha El Khalfi n’a pas souhaité commenter le plan catalan, indiquant que « les relations avec Barcelone passent par les canaux diplomatiques ordinaires. » Ila rappelé la large gamme de programmes de coopération politique, économique, sociale et culturelle qui existent entre Le Maroc et la Catalogne.

Casablanca est l’un des 25 villes au monde où la Catalogne dispose d’un bureau de représentation. Il est certes d’abord un bureau de promotion des affaires, mais pas que cela.

En mars 2013 Artur Mas était à Casablanca où il a inauguré cette « ambassade » avec Angel Colom à sa tête. Politicien catalan indépendantiste, Angel Colom a négocié avec Rabat l’organisation du culte musulman et de l’enseignement de l’arabe en Catalogne pour le compte des autorités de Barcelone.

En juin dernier, une importante délégation d’imams et de professeurs de religion marocains s’est rendue à Barcelone où elle a rencontré des dirigeants de partis politiques catalans et les dirigeants d’associations marocaines et musulmanes. Cette visite était organisée par le parlement catalan et le ministère marocain des Habous et des Affaires islamiques.

Sur les plans politique et diplomatique, les relations « autonomes » entre Rabat et Barcelone sont importantes pour les deux capitales, Rabat devant surmonter ses sentiments anti-indépendantistes, et Barcelone les sentiments anti-musulmans d’une large frange des électeurs catalans. Comme Madrid sur le dossier du Sahara, Rabat peut avoir une influence sur le dossier de la Catalogne.

Mais Rabat et Barcelone ont toutes deux, en permanence, besoin de démontrer à Madrid que l’Espagne n’agit pas seule sur la destinée de la Méditerranée occidentale. Les futurs rapports entre Madrid et Barcelone se jouent aussi en partie à Rabat.


 

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