L’étrange rapprochement entre Bouteflika et Rached Ghannouchi

Rached Ghannouchi, chef d’un parti frériste tunisien en perte de vitesse, reçu comme un Chef d’Etat à Alger, à deux mois des élections tunisiennes. Les discussions ont porté sur la situation intérieure tunisienne et sur la guerre civile en Libye. Décryptage.  

L’étrange rapprochement entre Bouteflika et Rached Ghannouchi

Le 26 août 2014 à 11h05

Modifié le 11 avril 2021 à 2h36

Rached Ghannouchi, chef d’un parti frériste tunisien en perte de vitesse, reçu comme un Chef d’Etat à Alger, à deux mois des élections tunisiennes. Les discussions ont porté sur la situation intérieure tunisienne et sur la guerre civile en Libye. Décryptage.  

C’est étrange comme l’histoire a parfois des retournements.

Rached Ghannouchi connaît bien l’Algérie et les Algériens. L’Algérie, c’est le pays où il s’était enfui peu après avoir été sauvé de l’échafaud par Zine El Abidine Ben Ali. C’est le pays où ses amis du FIS ont été déclarés hors-la-loi, embastillés et pourchassés. Le pays où il était persona non grata.

Mais depuis la révolution, les choses ont changé. Il a été pendant le gouvernement de la troïka et sans assumer aucune responsabilité publique, le véritable maître de la Tunisie. En pleine crise politique, entre septembre et novembre dernier, Bouteflika reçoit à deux reprises et en tête à tête les deux protagonistes, Béji Caid Essebsi et Rached Ghannouchi. Une opération de médiation expliquent les journaux, mais des médias tunisiens y voient une ingérence inacceptable (par exemple La Presse de Tunisie).

Dimanche 24 août, revoilà Ghannouchi à Alger. Accompagné d’une forte délégation de son parti, Rached Ghannouchi a des entretiens avec Bouteflika en présence du premier ministre algérien, du président de l’assemblée nationale populaire et du directeur du cabinet présidentiel.

D’autres entretiens suivront avec le premier ministre et le président de l’ANP qui offrira un déjeuner en l’honneur de la délégation tunisienne.

Selon le journal digital tunisien Leaders qui cite une source au sein de la délégation d’Ennahdha, “le président algérien est paru cependant très préoccupé par la situation en Libye. Tout en réaffirmant son refus de toute ingérence extérieure, il a souligné la nécessité de rassembler les libyens, d’œuvrer pour rapprocher les différentes parties et favoriser une réconciliation nationale aboutissant à une large union nationale. Dans cet effort, estime-t-il, Rached Ghannouchi peut jouer un rôle important, usant de ses vastes relations et du respect dont il jouit auprès des frères libyens“.

Apparemment donc, le président Bouteflika est tellement préoccupé par la situation en Libye qu’il en est arrivé à demander la médiation d’un chef de parti tunisien en perte de vitesse!! Une telle demande ne pouvait justifier un tel accueil, à deux mois des législatives tunisiennes.

Au cours de son séjour à Alger, cheikh Rached Ghannouchi était accompagné d’une forte délégation de son parti: le directeur du parti Ameur Laârayedh, le président de majliss choura (parlement du parti), Fethi Ayadi, son conseiller politique et fils spirituel Lotfi Zitoun et enfin un certain Rafik Abdessalam.

Rafik Abdessalam est un cas. C’est d’abord le gendre de Rached Ghannouchi. Il affirme avoir soutenu une thèse de doctorat en sciences politiques à Westminster, en Angleterre. Il a publié à partir de cette supposée thèse un ouvrage sur la laïcité et l’Islam, une compilation fidèle du discours frériste anti-laïcité.

Lorsque le gouvernement de la troïka issu des premières élections tunisiennes post-révolution est formé en décembre 2011, les Tunisiens découvrent que ce parfait inconnu est ministre des Affaires étrangères. Il durera bien moins que le gouvernement troïka. Son parti est obligé de le faire remplacer sous la pression de l’opinion, car il multiplie les bourdes et semble fâché avec l’histoire, la géographie et même l’intelligence. Il a subi des accusations de malversations, affaire portée devant la justice et pas encore jugée.

Ce Monsieur donc qui ignore la longueur des côtes tunisiennes et le nom de la capitale turque, a accordé le 4 août dernier, une interview au journal algérien Ennahar. L’interview est longue. En gros, il y est dit que le Maroc a bloqué l’UMA et que c’est au Royaume de faire des concessions sur l’affaire du Sahara. L’étendue de l’ignorance de M. Abdessalam est plus vaste qu’on ne le croyait.

Au cours de sa visite en Tunisie début juin, le Roi Mohammed VI avait reçu le rival de Ghannouchi, Béji Caïd Essebsi, mais n’a pas reçu le leader d’Ennahdha.

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