1. Les tunnels: arme, ingéniosité ou légitime défense?

La propagande israélienne utilise les tunnels en les présentant comme des armes.

En réalité, lorsque l’on crée une prison à ciel ouvert comme Gaza, il est impossible que les habitants ne fassent preuve d’un minimum de débrouille pour survivre. Surtout que toutes les frontières de Gaza, terrestres, maritimes et aériennes, sont fermées.

Les premiers tunnels ont été créés pour commercer d’une manière informelle avec l’Egypte. Ce furent d’abord des tunnels de contrebande. Même le ciment destiné au bâtiment, et les voitures, ont transité par ces premiers tunnels.

La seconde génération de tunnel est celle que l’on voit sur la photo ci-dessus. Ce sont des tunnels plus sophistiqués, un vrai réseau qui s’étend bien au-delà du périmètre de la ville.

Voici comment l’AFP raconte la visite de l’un de ces tunnels. Attention, dans ce qui est rapporté par l’agence (dont la crédibilité n’est pas mise en doute), il est difficile de faire la part entre ce qui relève de l’info et ce qui relève de la propagande israélienne, car cette dépêche a une source unique : un officier israélien.

Visite guidée d’un tunnel (AFP)

Il part de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, et débouche trois kilomètres plus loin, de l'autre côté de la frontière, près du kibboutz Nir-Am: pour Israël, ce tunnel illustre la menace que les combattants palestiniens font peser sur ses civils.

Le point de sortie de celui-ci, dont l'armée israélienne a organisé une visite guidée vendredi pour la presse, a été découvert deux mois avant le début le 8 juillet de l'opération "Bordure protectrice". Son entrée, dans une serre, a été localisée il y a quelques jours.

Depuis le début du conflit, l'armée affirme en avoir découvert une trentaine, segment d'un impressionnant réseau souterrain où le Hamas dissimule des armes, des ateliers et des centres opérationnels, "le Gaza sous Gaza".

C'est par ces boyaux creusés depuis l'étroite enclave palestinienne que les combattants du Hamas lancent des attaques au coeur d'Israël. Et par l'un de ces souterrains que le tankiste franco-israélien Gilad Shalit avait été transporté à Gaza en 2006 avant d'être libéré cinq ans plus tard en échange de 1.000 prisonniers palestiniens.

Le 21 juillet, un des premiers soldats tués dans l'assaut terrestre lancé à Gaza l'a été dans des combats avec un commando du Hamas qui émergeait d'un de ces tunnels.

Et celui que fait visiter le lieutenant-colonel Max, ingénieur en chef de la Division de Gaza qui ne veut pas donner son nom, montre que le réseau souterrain n'a rien d'artisanal.

Bétonné sur les parois, au sol comme au plafond, haut d'1,75 mètre, large de 70 cm, l'ouvrage est "suffisant pour permettre à un homme armé jusqu'aux dents de se déplacer en restant debout", explique cet officier. "Le Hamas aurait pu faire passer des dizaines ou même des centaines de terroristes du côté israélien avant que nous nous en rendions compte", assure-t-il.

Il calcule que la construction a nécessité pas moins de 26.000 éléments différents et évalue son coût à trois ou quatre millions de shekels (environ un million de dollars).

Près du plafond d'un mur, un râtelier a été creusé pour y placer du matériel électrique. Au sol, des fils électriques et un double système de rails qui évoquent ceux des mines: "Cela sert à évacuer la terre déblayée, mais aussi à transporter les équipements et les armes vers le territoire israélien", précise le lieutenant-colonel Max.

Plus loin, une étroite niche a été creusée pour stocker des armes. L'armée prévoit de détruire totalement le tunnel dans les prochains jours à coups d'explosifs.

L'armée a besoin "d'au moins une semaine" supplémentaire "pour neutraliser tous les tunnels, du moins ceux dont nous connaissons l'existence", ajoute-t-il. "Nous ne nous contentons pas de détruire ces tunnels en faisant sauter leurs deux extrémités. Nous voulons les anéantir sur toute leur longueur, de telle sorte qu'ils ne puissent plus jamais servir", poursuit-il. Des explosifs israéliens sont introduits le long de l'ouvrage par des tuyaux étroits forés dans le sol pour le détruire." 

(Fin de la dépêche AFP)

2. Le Hamas isolé et en perte de vitesse reprend du poil de la bête

Trois ans après les révolutions arabes, la situation s’est totalement renversée pour le Hamas. Celui-ci a été courtisé et dorloté par des régimes arabes comme celui de Morsi. Aujourd’hui, les 40.000 fonctionnaires ne sont pas payés depuis plusieurs mois, le bureau de Damas est fermé alors que c’est par son canal qu’arrivait l’argent iranien, le mouvement est complètement isolé.

L’accord de réconciliation avec le Fatah n’a rien réglé.

Le maréchal Sissi de son côté, est absolument intransigeant avec le Hamas. Les tunnels de contrebande sont fermés. Le Hamas est absolument diabolisé en Egypte à cause de ses origines fréristes et de sa complicité supposée dans la fourniture d’armes aux jihadistes du Sinaï.

3. Des progrès militaires reconnus.

En matière de stratégie comme en matière de matériel, il y a eu des progrès de la part du Hamas.

Le premier d’entre eux est d’avoir anticipé une technique israélienne bien connu depuis 1967 et répétée avec succès lors des précédentes agressions contre Gaza : il s’agit de la technique de la première frappe. Israël a réalisé la plus grande partie de ses objectifs militaires lors de ces premières frappes aériennes. Cette fois ci il n’en a rien été : les dirigeants du Hamas, ses chefs militaires, le matériel le plus sophistiqué, tout avait été enterré.

Le second est l’usage qui a été fait des missiles. Le R-160 notamment a surpris par sa portée, qui a menacé le centre et le nord d’Israël. 120 missiles ont été en moyenne tirés par jour, saturant la défense israélienne. Un drone du Hamas a été également mis en scène.

Les commentateurs israéliens et américains sont les mieux informés. Mais il ne faut jamais exclure de leur part, une manipulation, voire une tentative de propagande. En tous les cas, nous avons bien constaté que les capacités opérationnelles du Hamas, sur le plan militaire, ont surpris : capacités de commandement, de maintien de la coordination et de la logistique malgré deux semaines de guerre, et de mener encore des opérations combinées par exemple artillerie-missiles-opérations terrestres.