Plasturgie : la législation actuelle encourage l’importation au détriment de la production marocaine

Le nouveau président de la Fédération de la plasturgie, M’Hamed Younès Lahlou, déplore la législation actuelle qui n’est pas favorable aux producteurs locaux et prône des mesures favorisant le PVC marocain, notamment pour les agriculteurs.  

Plasturgie : la législation actuelle encourage l’importation au détriment de la production marocaine

Le 10 juillet 2014 à 16h15

Modifié 10 juillet 2014 à 16h15

Le nouveau président de la Fédération de la plasturgie, M’Hamed Younès Lahlou, déplore la législation actuelle qui n’est pas favorable aux producteurs locaux et prône des mesures favorisant le PVC marocain, notamment pour les agriculteurs.  

Depuis le 18 juin dernier, M’Hamed Younès Lahlou est président de la Fédération marocaine de plasturgie. Il succède à Mamoun Marrakechi dont il était le vice-président. Il livre à Médias 24 le plan stratégique du secteur ainsi que les entraves qui ralentissent son développement.

Quel bilan d’étape faites-vous des différents objectifs fixés par le contrat programme portant sur votre secteur ?

Le principal objectif était de faire passer le chiffre d’affaires de la profession de 10,7 à 28 MMDH à horizon 2023 dans le cadre de l’émergence industrielle en faisant suscitant le développement de certains sous-secteurs de la plasturgie pour accompagner les Métiers mondiaux du Maroc. Ensuite, viennent les axes concernant la promotion des exportations et le développement de l’activité de recyclage des matières plastiques considérée comme  une niche prioritaire.

Qu’en est-il à présent ?

Avec les changements de gouvernements, les actions initialement prévues ont enregistré un retard dans leur déploiement. De même, la stratégie globale de développement de toute l’industrie nationale a évolué. Toutefois, cette mutation permet de passer de la stratégie Emergence vers la mise en place d’écosystèmes performants afin de renforcer les acquis et d'amplifier les résultats.

Quelle est votre perception du plan d’accélération industrielle initié par le ministère du Commerce et de l’industrie ? Quels impacts sont attendus sur votre secteur ?

A notre sens, ce nouveau concept, lancé par Moulay Hafid Elalamy, est pragmatique, novateur et efficient. En somme, le travail réalisé dans l’élaboration du contrat programme aura un effet levier pour toutes les initiatives que compte initier la fédération. D’autant plus que le secteur de la plasturgie a été officiellement reconnu comme prioritaire.

Rappelons que la production nationale de la plasturgie est destinée à 95% à l’industrie, majoritairement aux métiers mondiaux du Maroc. Ce qui place incontestablement le produit plastique comme facteur de compétitivité pour une meilleure intégration locale des autres industries. Malheureusement, le secteur de la plasturgie n’a pas été considéré jusqu’à maintenant à sa juste valeur par les pouvoirs publics.

Quels sont les textes législatifs et les règlements qui entravent toujours le développement du secteur ?

Certains d’entre eux sont proposés pour révision par le patronat. Concernant la plasturgie, il y a tout d’abord, les régimes préférentiels d’importation des produits plastiques destinés à l’agriculture. Il s’agit d’un cas d’école de dysfonctionnement fiscal à cause des régimes préférentiels fiscaux et douaniers appliqués aux produits finis destinés à l’agriculture, importés sans droits de douanes et sans paiement de la TVA. Ils sont ainsi subventionnés par l’Etat conformément à l’article 92-5 du Code Général des Impôts.

Ces mêmes produits finis fabriqués par l’industrie locale, passent par des circuits extrêmement lourds et subissent une forte concurrence au détriment de la production locale.

Les produits en question sont les abris serres, les films multi-trous, les produits d’irrigation, les géo membranes, etc. qui sont actuellement importés par simple engagement sur l’honneur (article 92-5° CGI) ou encore sous le régime douanier 243 de l’admission temporaire destinés pour les produits de l’agriculture.

Résultat : l’incitation à l’origine destinée à promouvoir l’agriculture et à soutenir l’agriculteur présente un effet pervers. Elle encourage l’importation et subventionne les industries des pays concurrents moyennant les deniers publics versés par les contribuables marocains, dont les entreprises de plasturgie.  Il est à noter que plusieurs entreprises de la plasticulture ont connu une chute de leur activité durant ces 2 dernières années. Et que les importations en régime préférentiels ont enregistrées des valeurs disproportionnées par rapport au développement de l’agriculture marocaine.

Existe-t-il d’autres législations paralysantes ?

Il s’agit de la loi 22-10 portant sur le plastique dégradable. Depuis que le Maroc a lancé la normalisation des sacs en plastique, la plasturgie marocaine a enregistré la disparition de 70 entreprises de production des sacs et sachets. La raison essentielle, mais pas l’unique, est la loi 22-10 sur les sacs et sachets dégradables. Une loi inéquitable, mal conçue et mettant en péril la continuité de l’activité, aujourd’hui en passe d’être révisée par l’administration de tutelle. Sous peu, une nouvelle réglementation verra le jour.

Quelles sont vos doléances ?

Des propositions ont été remises au ministère de tutelle. Que tous les opérateurs de la plasticulture (industriels et importateurs) paient la TVA sur leurs produits et leurs intrants. D’autre part, l’Etat subventionne l’agriculteur directement en lui restituant le montant de la TVA sur la base de ses factures et en fonction de la surface à couvrir dont il dispose. Ce dispositif pourrait être cogéré par les ministères de l’Agriculture et des Finances.

Autre proposition : ne seront éligibles à la subvention que les produits locaux de la plasticulture marocaine, sinon il faut imposer une taxe de soutien à l’agriculture sur les importations des produits finis de la plasticulture qui équivaut à l’apport fiscal apporté par les fabricants locaux.

Qu’en est-il des mesures anti-dumping appliquées sur le PVC en provenance des Etats-Unis ?

Aujourd’hui, le PVC produit aux USA reste le plus compétitif à l’achat et tous nos concurrents en produits finis achètent le PVC américain. Alors que les industriels marocains sont pénalisés par les mesures anti-dumping appliquées sur le PVC en provenance des Etats Unis. Dans le sens ou le Maroc se retrouve sur son marché avec des importations de produits finis en PVC très compétitifs fabriqués à partir de PVC américain.

La profession n’est pas contre la préservation de l’industrie nationale du PVC, bien au contraire, nous soutenons le développement de cette industrie qui est stratégique. Mais nous préconisons que l’Etat accompagne techniquement et financièrement le producteur pour développer sa compétitivité. Il peut par exemple réduire l’impact d’un ou de plusieurs facteurs de production sur son prix de revient en le subventionnant.

Le problème reste d’actualité et continuera à exister tant que ces mesures existeront. Par ailleurs, il est temps que les pouvoirs publics mettent en place des mesures anti-dumping sur les produits finis en PVC qui inondent le marché marocain.

Vous souhaitez développer les exportations marocaines vers l’Afrique subsaharienne. Comment allez-vous faire ?

En effet, le développement des exportations vers l’Afrique est un des plus importants.

La majorité des entreprises de la plasturgie marocaines sont en phase de croissance, fortes de l'importance et la vigueur de leur marché intérieur. Elles sont motivées pour leur  internationalisation à travers des modèles de développement comme la franchise en passant par des représentations locales, des filiales de commercialisation ou même l’instauration d’alliances.

La surcapacité de production du secteur de la plasturgie marocaine et le succès de l’offre sur le marché local sont incitatifs. A cet effet, nous envisageons d’une part, de contracter des partenariats avec les organismes de soutien du commerce extérieur marocain et de la promotion des exportations et de l’autre de développer des partenariats locaux dans les pays d’Afrique subsaharienne afin d’appuyer nos membres dans leurs initiatives d’export sur ces plateformes.

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