Produits agricoles : un marché aux multiples dysfonctionnements concurrentiels

CONSEIL DE LA CONCURRENCE. Des intermédiaires faiseurs de prix, des collusions "tacites" entre détaillants, un stockage spéculatif illégal, des marchés de gros informels et sans contrôle... Le Conseil de la concurrence a listé les dysfonctionnements concurrentiels du marché marocain des fruits et légumes.

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Produits agricoles : un marché aux multiples dysfonctionnements concurrentiels

Le 26 avril 2024 à 17h11

Modifié 26 avril 2024 à 17h22

CONSEIL DE LA CONCURRENCE. Des intermédiaires faiseurs de prix, des collusions "tacites" entre détaillants, un stockage spéculatif illégal, des marchés de gros informels et sans contrôle... Le Conseil de la concurrence a listé les dysfonctionnements concurrentiels du marché marocain des fruits et légumes.

Le Conseil de la concurrence a dévoilé son avis sur l’état de la concurrence dans les marchés de fruits et légumes au Maroc.

Présenté ce vendredi 26 avril au SIAM, l’avis met en exergue les dysfonctionnements concurrentiels de ce secteur, et appelle, notamment, à une profonde révision du cadre juridique régissant l’organisation et le fonctionnement des marchés de gros.

"Le cadre juridique régissant l’organisation et le fonctionnement des marchés de gros demeure incomplet et peu clair, tant au niveau global du secteur que pour chaque marché spécifique", estime le Conseil.

Dans le cas des marchés de gros de fruits et légumes, le Régulateur pointe même "l’absence d’un cadre juridique spécifique les régissant". On retrouve ainsi des textes épars et désuets pour la plupart, à l’image de loi relative à l’attribution des charges de mandataires datant du 7 février 1962.

"Ce texte régit l’exploitation des MGFL à travers des agréments octroyés gratuitement par l’Etat à des mandataires désignés par le ministre de l’Intérieur et qui comptent pour moitié des personnes ayant contribué au mouvement de résistance nationale. Ce régime de mandataires des MGFL est souvent considéré comme archaïque et limité dans sa pratique", lit-on dans le document.

Collusion des détaillants, pouvoir des intermédiaires

Au niveau de la commercialisation, l’enquête a mis en lumière "des pratiques de fixation des prix et des marges au sein du marché de détail". Le Conseil évoque même l’existence d’une "collusion tacite" entre les détaillants, qui "s’alignent les uns sur les autres pour déterminer des marges pouvant aller du double au triple".

"Cette situation soulève des préoccupations importantes quant à la transparence et à l’équité dans le fonctionnement du marché de détail, ainsi qu’à l’impact sur les consommateurs qui peuvent se retrouver à payer des prix disproportionnés en l’absence d’une véritable concurrence", indique l’avis.

Le prix est également impacté par la forte position qu’occupent les intermédiaires sur le marché. Cette "position stratégique entre les productions et les consommateurs" leur confère un pouvoir significatif dans la fixation des prix.

Outre ce pouvoir de marché, "la présence de nombreux acteurs d’intermédiation dans le circuit de distribution (grossistes, courtiers, commissionnaires, etc.) est critiquée pour son manque de structuration et son impact sur les prix pour le consommateur final. Chaque intervenant ajoute sa propre marge brute au prix d’achat, ce qui peut représenter une part importante du prix payé par le consommateur", tranche le rapport.

Des marchés de gros et de détail informels

Les dysfonctionnements sont également palpables au niveau de la distribution. Le Conseil souligne la prolifération de "marchés parallèles informels" qui se sont développés "en l’absence de tout contrôle". On cite les exemples de Casablanca et ses zones environnantes, où "plusieurs marchés informels opèrent en parallèle, proposant à la fois des ventes en gros et au détail : Route Bouskoura, Errahma, S’bit, Tit-Mellil, Mediouna, Route S’ouda".

Pour le Conseil, la multiplication de ces marchés parallèles informels atteste dans les faits d’un "laxisme" dans l’application des dispositifs de contrôle par les autorités compétentes.

L’autre écueil concerne la vétusté des infrastructures des marchés de gros et le manque de contrôle phytosanitaire, ce qui compromet "la sécurité sanitaire des produits". Le Conseil déplore l’absence "de laboratoire sur place pour vérifier leur conformité aux normes phytosanitaires en cas de doute".

L’avis pointe, en outre, des cas de "stockage spéculatif" qui constitue pourtant une infraction aux dispositions de l’article 62-§1de la loi 104-12. De même, certaines méthodes de stockage traditionnelles contribuent sensiblement à la hausse des pertes abiotiques (post-récolte) qui sont déjà significatives au Maroc. C’est notamment le cas pour les oignons secs, qui entreposés selon la méthode traditionnelle, connaissent une détérioration allant de 40% à 80% des stocks.

Les producteurs face à des contraintes

Au stade de la production, le Conseil relève que les producteurs font face à des "contraintes" liées, d’une part, à la nécessité de trouver des débouchés pour leurs produits afin de garantir leur rentabilité économique et, d’autre part, à l’absence de filets d’accompagnement en matière de financement et de couverture des risques".

Ces difficultés sont aggravées par le "morcellement excessif des terres agricoles", ce qui empêche les producteurs "de jouer sur les volumes pour influencer les prix sur le marché".

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