Européennes : après la poussée de l’extrême-droite, du changement en vue pour le Maroc

La poussée de l’extrême-droite à l’occasion des élections européennes du 25 mai conduira à une réévaluation des politiques européennes. Schengen, immigration, délocalisation ou politique agricole, les relations Maroc-UE risquent fort d’évoluer.  

Européennes : après la poussée de l’extrême-droite, du changement en vue pour le Maroc

Le 26 mai 2014 à 17h54

Modifié le 26 mai 2014 à 17h54

La poussée de l’extrême-droite à l’occasion des élections européennes du 25 mai conduira à une réévaluation des politiques européennes. Schengen, immigration, délocalisation ou politique agricole, les relations Maroc-UE risquent fort d’évoluer.  

Après le vote du 25 mai, qui a vu une poussée de l’extrême-droite europhobe en France, au Danemark, en Belgique, en Pologne et en Hongrie, les soucis viennent surtout de Paris et de Londres, deux poids lourds de l’UE. Paris est au cœur de la création de l’Europe moderne et de sa zone euro. A Londres, un référendum sur l’Europe est attendu pour 2015 ou 2016.

Avec plus de 20% et parfois plus de 25% des voix obtenues lors des élections pour le parlement de Strasbourg organisées dimanche 25 mai, l’extrême-droite européenne a le vent en poupe. La crise économique avec son cortège de chômeurs et ses avalanches de mauvaises nouvelles économiques depuis 2008 a fini par affecter fortement les résultats des urnes.

A Paris, le Front national, arrive largement en tête obtenant près de 26% des votes,  et dépasse  largement l’UMP (21% des voix) et le Parti socialiste du président Hollande (moins de 14%).  Le FN propose dans son programme la sortie de l’euro, la sortie de l’espace Schengen et la  mise en place d’une politique agricole française qui protège les productions hexagonales. Reflet du climat politique européen actuel, dans une tribune publié dans les colonnes de l’hebdomadaire Le Point la veille du scrutin, l’ancien président Nicolas Sarkozy appelait ouvertement à l’abolition des accords de Schengen à leur remplacement par un « Schengen 2 ».

Ambiance similaire à Londres où le UKIP, United Kingdom Independence Party, devance conservateurs et libéraux actuellement au pouvoir. Idem en Belgique avec les Flamands du Vlaamse Blok, en Hongrie avec le Jobbik ou au Danemark avec le Parti du peuple. La poussée de l’extrême-droite et des idées anti-européennes est notable en Allemagne où malgré le vote global équilibré, les néo-nazis enverront un élu à Strasbourg et le parti anti-Euro nouvellement créé obtient plus de 4% des voix. Les Grecs aussi enverront des élus néo-nazis du pari Aube dorée à Strasbourg.

Mais toutes les nouvelles en provenance du Vieux continent tiraillé par des courants contradictoires ne sont pas négatives.  Le vote du 25 mai en Espagne s’est passé plutôt « à l’allemande », c’est-à-dire centré sur les deux principaux partis politiques avec une percée des héritiers du mouvement de protestation du 15-Mai, la gauche du PSOE. En Italie, malgré le score supérieur à 20% des protestataires de Grillo et son parti 5 Etoiles, le Parti démocrate du premier ministre réformiste Mattéo Renzi est le grand vainqueur du 25 mai. En Grèce, la gauche pro-européenne et anti-austérité  devance les conservateurs et les socialistes. En Suède, également, les sociaux-démocrates, les Verts et les féministes gagnent du terrain.

751 députés et une majorité de centre-droit et social-démocrate… qui peut changer

« Dans l’ensemble, estime le député du PAM et président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense au parlement marocain Mehdi Bensaid, le Parti populaire européen (droite) garde sa majorité suivi des socialistes ; donc il n’y a pas de changement particulier si ce n’est le score des extrêmes-droites, principalement en France ; le choc est plus symbolique qu’autre chose, et inquiétant pour l’avenir ». Trop optimiste ?

Au parlement de Strasbourg,  le PPE (Parti populaire européen) devrait obtenir 221 sièges, les socialistes et les sociaux-démocrates 185 sièges, la droite eurosceptique et l’extrême-droite 76 sièges, les libéraux et les centristes 71 sièges, les Verts 55 sièges et l’extrême-gauche 45 sièges. L’extrême-droite à elle seul dispose de 40 sièges dont 25 à 26 pour le seul FN français. 751 députés de 28 pays européens siègent à Strasbourg.

Après le vote, vient la bataille pour le poste de président de la Commission, celui de José Maria Barroso.  Le social-démocrate allemand Martin Schulz espère obtenir un nombre de suffrages suffisants pour diriger la Commission européenne grâce à un accord avec le PPE, mais un accord entre le PPE, les centristes et les libéraux, des Verts et des élus conservateurs pourraient faire pencher la balance du côté du libéral luxembourgeois et vétéran de la politique européenne Jean-Claude Juncker.

Les relations du Maroc avec l’Union européenne mais également avec la France seront affectées par le vote d’hier. On peut prévoir des échanges sur l’émigration ou la religion moins sereins et des discussions agricoles sans concessions. Sur l’émigration maghrébine et africaine en France et sur la place de la religion musulmane en Europe,  le FN en France ou l’UKIP au Royaume-Uni énoncent des positions tranchées qui relèvent de l’exclusion pure et simple. Des positions déjà revendiquées par des forces politiques de poids aux Pays-Bas, au Danemark ou en Autriche. Alors que les dossiers de la sécurité, de l’émigration et de l’islam européen s’imbriquent, des tensions sont prévisibles.

Mais cela ne constitue pas obligatoirement une mauvaise nouvelle là où certains réseaux et  processus de décision ont besoin d’être fortement revus pour plus d’efficacité. En matière économique, après les polémiques qui ont marqué un temps les dossiers de l’implantation de Renault à Tanger et celui des centres d’appels français au Maroc, il ne fait aucun doute que les entreprises françaises ou européennes ne vont pas arrêter de délocaliser. Mais le choix pourrait désormais être systématiquement l’Europe low-cost afin d’éviter tout parasitage politique ou syndical : l’Espagne, la Roumanie, la Bulgarie ou la Slovaquie. La « colocalisation », concept industriel neuf est déjà à réinventer.

Sur le dossier agricole, dès dimanche 25 mai au soir sur les plateaux de télévision françaises et espagnoles, les accords d’échanges agricoles européens avec les pays tiers, dont le Maroc et ses tomates, étaient  débattus et critiqués. La notion de préférence nationale ou communautaire est désormais  à la hausse et sera défendue avec plus d’agressivité à l’avenir.


 

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