La France veut empêcher le départ de ses ressortissants pour le jihad

Le gouvernement a dévoilé mardi les grandes lignes de son plan pour tenter de freiner le mouvement de départ vers la Syrie, des mesures pour «dissuader» et «punir» les candidats français au jihad, un phénomène difficile à enrayer.  

La France veut empêcher le départ de ses ressortissants pour le jihad

Le 23 avril 2014 à 11h12

Modifié le 23 avril 2014 à 11h12

Le gouvernement a dévoilé mardi les grandes lignes de son plan pour tenter de freiner le mouvement de départ vers la Syrie, des mesures pour «dissuader» et «punir» les candidats français au jihad, un phénomène difficile à enrayer.  

Ce plan sera présenté mercredi en conseil des ministres, quelques jours après la libération, le week-end dernier, de quatre journalistes français otages en Syrie. Un des ex-otages, Nicolas Hénin, et le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius ont évoqué le fait que certains geôliers parlaient bien français.

Le plan comporte une dizaine de mesures qui seront mises en œuvre «dans les jours qui viennent», a déclaré mardi le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve sur France 2.

Parmi elles, la création d’un numéro vert et la mise en place d’une plateforme de signalement sur internet «à destination des familles qui constatent que leurs enfants sont en rupture», a-t-il expliqué. «Nous mobiliserons dans la foulée, immédiatement, les préfets qui parviendront sur les territoires à prendre contact avec ces familles». «Nous sommes désireux de faire en sorte que ceux qui peuvent partir ne partent pas», a résumé Bernard Cazeneuve.

 A cet effet, pour les mineurs, les parents pourront s’opposer préalablement à un départ de leur enfant vers la Syrie ou un pays frontalier. Pour les majeurs, «nous prenons des dispositions législatives (...) en versant l’identité de ces personnes qui sont susceptibles de partir (...) dans le système d’information Schengen » qui compte 26 Etats européens «de manière à ce qu’ils soient arrêtés à la frontière, ou dès lors qu’ils prennent un moyen de transport les acheminant vers la Syrie», a-t-il détaillé.

Autres mesures notables, la privation de passeports de jihadistes avérés, la possibilité d’expulser des étrangers impliqués dans des filières jihadistes ou encore le gel des avoirs des microfilières, selon une source proche du dossier.

«Efforts de pédagogie»

Le ministre a également évoqué le développement de cyber-patrouilles afin d’intensifier «la surveillance sur internet». Interrogé sur la possibilité de supprimer la nationalité française à des jihadistes, il a assuré que, face à «des cas particuliers, il est tout à fait possible que cette mesure, qui est dans le droit français, soit mise en œuvre », à condition que la personne concernée soit devenue française par naturalisation et dispose d’une double nationalité.

Le président François Hollande s’est engagé mardi à ce que la France prenne «toutes les mesures», «en utilisant toutes les techniques, y compris la cybersécurité», «pour dissuader, empêcher, punir ceux ou celles» qui seraient tentés par le jihad. Selon Laurent Fabius, environ 500 personnes sont parties de France pour la Syrie. Les services antiterroristes redoutent qu’à leur retour ils ne commettent des actes terroristes en France. Quelque 250 Français combattraient actuellement en Syrie et une vingtaine y seraient morts, selon les services de renseignements.

Le chef de la diplomatie a expliqué que l’action française consistait «à prendre les choses depuis l’amont jusqu’à l’aval». «L’amont, c’est déceler tous ceux, en particulier les jeunes, qui sont portés vers cette dérive tragique. Cela suppose une cybersurveillance parce que beaucoup de choses se font sur internet».

Les sites jihadistes et ceux qui les fréquentent sont surveillés, explique à l’AFP Dominique Thomas, spécialiste de l’islamisme radical à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, «mais à moins de criminaliser le simple fait de les consulter, comme c’est le cas pour les sites pédophiles, cela ne permettra pas (...) d’enrayer le phénomène».

«Le cœur du problème est qu’on ne peut pas arrêter quelqu’un sur de simples intentions», dit ce chercheur. «Simplement avoir l’intention de partir faire le jihad, avant d’avoir fait quoi que ce soit, n’est pas pénalement répréhensible. Il faut engager des efforts de pédagogie et de dé-radicalisation, qui ne peuvent fonctionner qu’à long terme.»

Les autorités françaises sont également confrontées à un paradoxe: elles veulent empêcher des jeunes de partir combattre en Syrie le régime de Bachar al-Assad, un pouvoir condamné par Paris, qui soutient officiellement les rebelles syriens.

(Avec AFP) 

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