Après Lampedusa, les défenseurs des migrants espèrent un changement

Après le drame Lampedusa, les défenseurs des migrants, dont un député d'origine marocaine, espèrent une nouvelle approche dans la législation et les mentalités dans une Italie qui peine à accepter la présence durable de 8% d’immigrés.  

Après Lampedusa, les défenseurs des migrants espèrent un changement

Le 11 octobre 2013 à 10h32

Modifié le 11 octobre 2013 à 10h32

Après le drame Lampedusa, les défenseurs des migrants, dont un député d'origine marocaine, espèrent une nouvelle approche dans la législation et les mentalités dans une Italie qui peine à accepter la présence durable de 8% d’immigrés.  

Sous le coup d'une vive émotion après le naufrage qui a fait plus de 300 morts, le chef du gouvernement Enrico Letta a annoncé une modification imminente du droit d’asile -pour l’aligner sur le reste de l’Europe - et appelé à dépénaliser le délit d’immigration clandestine.

«Dépasser les clivages idéologiques» selon un député d'origine marocaine

«C’est le moment ou jamais pour que les choses changent, pour réviser des lois instaurées dans un climat de peur par des gouvernements de droite ces 20 dernières années», a souligné à l’AFP Khalid Chaouki, député d’origine marocaine du Parti démocrate, première force de gauche.

La loi sur l’immigration clandestine (loi Bossi-Fini) est particulièrement critiquée car elle considère comme «suspect» tout migrant et sanctionne les personnes lui venant en aide, y compris les pêcheurs dont les bateaux peuvent être saisis.

Pour M. Chaouki, il est possible de «dépasser les clivages idéologiques» sur les questions d’immigration.

Mais chez les défenseurs des droits des migrants, l’humeur est plus morose. «Le gouvernement paraît très bloqué. Il a été constitué avec des responsables de droite qui ont signé des accords pour renvoyer les réfugiés en Egypte, Tunisie ou Libye», s’inquiète Igiaba Scego, écrivaine italo-somalienne de l’association «Incontri di civilta».

Plusieurs ONGs fustigent le renforcement prévu de Frontex, qui sert «plus à lutter contre l’immigration clandestine qu’à sauver des vies».

Pour Sandro Triulzi, spécialiste de la colonisation italienne en Afrique, «une bonne partie des institutions et de la classe politique» restent dans une approche «sécuritaire». «La difficulté pour l’Italie c’est d’accepter son caractère multiculturel», un processus «qui s’est produit en 20 ans seulement». Le pays était dans le passé une terre d’émigration. «Il y a 60 millions de personnes d’origine italienne à l’étranger, ce n’est pas un hasard», souligne cet historien.

En cause aussi à ses yeux le fait que «le pays n’ait pas réglé ses comptes avec son passé et la perte de ses colonies vécue comme une blessure. Le migrant reste perçu comme un sujet colonial, bon pour ramasser les tomates ou s’occuper de nos vieux pour pas cher».

Pour ces militants, l’une des étapes clef de la révolution culturelle escomptée est la révision de la loi pour l’octroi de la nationalité italienne basée sur le droit du sang.

Pour le député Chaouki, ce sera chose faite «d’ici la fin de l’année» en première lecture. Une bonne nouvelle pour les 500.000 enfants d’étrangers qui doivent actuellement attendre leurs 18 ans pour devenir Italiens.

Mais l’Italie a aussi des progrès à faire dans l’image qu’elle a des 5 millions d’étrangers vivant sur son sol, qui représentent 7,5 à 8% de la population et produisent 12% du PIB (rapport Caritas/Migrantes 2012), même dans une économie en proie à la crise.

«La présence étrangère n’est pas racontée dans la culture pop, dans les shows de variétés. Dans les films, la femme noire est prostituée ou aide à domicile, l’homme un toxico, un camorriste ou un migrant repêché en mer», souligne l’écrivaine Scego, également chercheuse spécialisée dans les stéréotypes.

Or l’immigration compte beaucoup d’histoires à succès, comme ces milliers de PME créées par des étrangers ou le conte de fées vécu par Rachid, Marocain de 26 ans qui vit en vendant mouchoirs et briquets, et a décroché un doctorat en ingénierie, relaté par Repubblica.

Autre reproche: les journaux font souvent leurs gros titres sur «le Roumain qui a tué...», contribuant à véhiculer une image négative des migrants.

Certes, la nomination de Cécile Kyenge, la toute première ministre noire italienne, chargée de l’Intégration, est très forte symboliquement. Mais elle a suscité des réactions de rejet: jet de bananes dans un meeting, insultes d’un parlementaire la comparant à un singe.

Aussi Khalid Chaouki recommande-t-il aux autorités moins d’indulgence. Il a demandé l’interdiction du parti néo-fasciste Forza Nuova et des groupements «qui reviennent à d’anciennes idéologies identitaires». «Ils cherchent à mobiliser les jeunes, les précaires, toutes les victimes de la crise sociale», a-t-il averti.

(Avec AFP)

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