Objectifs pour le développement et condition de la femme

Le 26 septembre 2014 à 16h11

Modifié 10 avril 2021 à 4h21

NEW YORK – À l’approche de l’échéance 2015 des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), les dirigeants mondiaux vont devoir faire un choix : reporter à nouveau la démarche d’une ou deux décennies, ou tenir pour responsables ceux qui ont échoué à honorer leurs engagements. S’agissant de la condition de la femme, ce choix ne fait aucun doute.  

Cette situation n’a rien d’inédit. En 1978, lors de la Conférence internationale d’Alma-Ata sur les soins de santé primaires, quelque 134 pays avaient ratifié une déclaration censée promouvoir une santé de qualité pour tous d’ici l’an 2000. Seize ans plus tard au Caire, en 1994, 179 gouvernements avaient reconnu comme fondamentaux les droits liés à la sexualité et à la procréation, et adopté plusieurs résolutions destinées à garantir l’accès universel à tout un ensemble de services de santé en matière de procréation, parmi lesquels le planning familial.

Autant d’échéances plus ou moins respectées, jusqu’à ce qu’en septembre 2000, lors de la 55e Assemblée générale de l’Onu, les dirigeants de 189 nations s’entendent sur la fixation des OMD. Plusieurs autres résolutions et engagement ont par ailleurs été adoptés par les responsables mondiaux, antérieurement et postérieurement à la déclaration des OMD.

Où en sommes-nous ainsi aujourd’hui ?

Nous savons que plusieurs échéances des OMD ont d’ores et déjà été honorées. La pauvreté extrême a été réduite de plus de moitié depuis l’an 2000, jusqu’à environ 22% en 2010 – ce qui a permis d’extraire près de 700 millions d’individus de la catégorie des plus pauvres de la planète. Nous avons également constaté des résultats positifs dans la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme, et la tuberculose. Plusieurs milliards de personnes ont pu accéder à une eau potable de meilleure qualité, de nombreuses populations ayant par ailleurs bénéficié d’un accès à des installations sanitaires (bien qu’un milliard d’individus soient encore aujourd’hui contraints de recourir à la défécation en plein air – un risque sanitaire majeur).

Un certain nombre d’avancées ont également été accomplies en matière d’égalité des sexes. Filles et garçons suivent aujourd’hui une scolarité en nombre équivalent, tandis que les femmes se font de plus en plus entendre sur la scène politique.

Le tableau ne tarde malheureusement pas à s’assombrir. Bien que la malnutrition chronique chez les jeunes enfants ait connu une diminution, un enfant sur quatre – soit 162 millions d’enfants selon l’Organisation mondiale de la santé – est encore aujourd’hui concerné par un retard de croissance. Si la mortalité en couche et la mortalité infantile ont en effet diminué à hauteur de plusieurs millions de vies, beaucoup de ces décès évitables emportent encore avec eux plusieurs centaines de milliers de femmes et d’enfants chaque année.

Par ailleurs, la Fondation de l’Onu a révélé que 222 millions de femmes ne bénéficiaient toujours pas d’un accès aux informations, produits et services les plus basiques, qui leur permettraient de décider du nombre d’enfants qu’elles souhaitent avoir et du moment de leurs grossesses, de sorte de préserver leur santé ainsi que de bénéficier d’une instruction et d’une existence meilleure. Ce même rapport a relevé que plus de 300.000 adolescentes et jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans décédaient chaque année des suites de complications liées à une grossesse, étant encore plus nombreuses à en sortir avec un handicap invalidant.

Le rapport 2013 du Secrétaire général de l’Onu, intitulé "Une vie de dignité pour tous", en appelle à un programme universel destiné à ce que nul ne soit laissé sur le bord du chemin. Malheureusement, plusieurs millions de personnes – et notamment les femmes – le sont d’ores et déjà. Et dans la mesure où les dirigeants mondiaux et leurs partenaires pour le développement ont de nouveau échoué à répondre aux besoins les plus essentiels en matière de santé reproductive des femmes, il sera d’autant plus difficile de réaliser des progrès concrets dans le cadre de l’accomplissement des objectifs du développement durable.

Le fait que l’Onu ait de son propre chef décidé d’accélérer la cadence, à l’heure du lancement d’un compte à rebours de 500 jours jusqu’à l’échéance des OMD, souligne combien les inégalités, la mortalité maternelle en couche, le manque d’éducation universelle et la dégradation de l’environnement constituent de sérieux défis.

Afin de promouvoir un changement véritable – et pas seulement en faveur des femmes – un soutien global est nécessaire qui permette un accès au planning familial, aux services de santé pour les mères et leurs enfants, ainsi qu’à des initiatives d’autonomisation. Une femme instruite sera toujours plus à même de mieux prendre soin d’elle, de prendre des décisions plus éclairées, et d’élargir sa contribution à la communauté. Car lorsque nous délaissons les femmes, nous délaissons au passage leur communauté.

Nul ne remet en question le caractère nécessairement inclusif et équitable du développement. Le besoin réside davantage dans l’emploi d’un discours diplomatique à l’appui d’un cadre solide qui permette de tenir pour responsables les gouvernements et leurs partenaires de développement dans la transcription de nobles idéaux tels que les droits de l’homme – et notamment l’accès aux services sociaux et de santé les plus essentiels – en solutions concrètes.

À l’heure où sont rédigées les lignes du programme de développement durable pour l’après-2015, il est nécessaire que les dirigeants mondiaux et leurs partenaires réfléchissent au-delà de la simple fixation de nouvelles visées et de nouveaux objectifs voués à s’estomper au fil du temps, et qu’ils œuvrent pour l’instauration de mécanismes, procédés et systèmes de responsabilisation des acteurs engagés, de sorte que nous puissions honorer ceux des objectifs que nous nous sommes déjà fixés.  

Il nous faut nous affranchir de ce consensus qui ne dit pas son nom et qui consiste en une "responsabilité zéro" des dirigeants face à leurs engagements non respectés, autour d’objectifs pourtant convenus sur le plan international. Autrement dit, il est temps que nos gouvernements honorent concrètement leurs promesses. En l’absence de solides mécanismes de responsabilisation des acteurs, la résolution des problématiques de mortalité maternelle évitable ainsi que de promotion d’un développement durable et équitable continuera de nous échapper, alors même que nous entrons dans une ère de plus en plus périlleuse.

© Project Syndicate 1995–2014

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