Les leçons grecques

Le 27 janvier 2015 à 16h05

Modifié 10 avril 2021 à 4h27

La Grèce, dans l’imaginaire européen, est le berceau de la démocratie, de la civilisation Européenne. Le séisme politique de dimanche est commenté partout pour plusieurs raisons.  

D’abord parce que depuis 2009, ce pays est sous contrôle d’une troïka, union européenne, FMI et Banque mondiale, qui lui ont imposé un remède de cheval qui n’a servi à rien.

Le PIB a reculé de 25%, la dette est à 175% de ce PIB. Salaires, pensions, indemnités de chômage ont été drastiquement rabotés, des millions de grecs vivent sous le seuil de pauvreté, la soupe populaire a fait réapparition. C’est le pays qui a le plus souffert de la crise et des réponses qui lui ont été rapportées.

Syriza, le parti vainqueur, est une alliance de seize mouvements anti-austérité. Son succès paraît logique au vu de la situation sociale en Grèce. Mais il pose d’énormes questions politiques.

D’abord par rapport à l’union Européenne et sa cohésion. Si la Grèce sort des clous, refuse de payer sa dette ou demande un rééchelonnement, les turbulences sont assurées.

L’Italie et la France font du lobbying pour desserrer l’étau de l’austérité depuis deux ans, mais n’arrivent pas à convaincre l’Europe du Nord, l’Allemagne en tète.

La Grèce n’est pas un pays influent dans l’Union, mais si la confrontation est violente, si Tripas le chef de Syriza tient ses promesses, la zone  Euro est en danger.

Or sauf à être irresponsable, il n’est pas imaginable de voir la Grèce se détacher de la monnaie unique, car cela signifierait encore plus de sacrifices pour le peuple grec.

L’autre interrogation concerne le succès de Syriza et la manière avec laquelle il a balayé le socialisme traditionnel, le PASOK de Papandreou qui n’a eu que 4% des voix, lui qui était majoritaire il y a 6 ans.

Cette fulgurance est à étudier en relation avec les effets de la crise. En Espagne, Podemos, mouvement issu des indignés créé il y a 3ans est en tète des sondages.

L’Establishment politique traditionnel ne fait plus recette. La Grèce et l’Espagne sont les deux pays les plus touchés par la crise, mais aussi ceux qui ont connu des régimes fascistes après la seconde guerre mondiale.

Le ras le bol populaire s’est donc exprimé à travers des mouvements d’extrême gauche, parce que le rejet du fascisme est encore vivace. Par contre, partout ailleurs c’est la droite radicale qui a le vent en poupe. Le sentiment anti-européen est le lien entre les deux mouvances et c’est là où la fulgurance de la montée de Syiza marque les esprits.

Syriza est passé d’Epsilon à 37% en quelques années, que dire alors de la Ligue du Nord en Italie, du Front national en France qui partent d’étiages beaucoup plus élevés? La classe politique européenne ne peut plus faire l’économie d’un vrai débat sur l’Union.

La monnaie unique est inconcevable sans le fédéralisme disaient plusieurs penseurs, dont Attali. L’histoire est en train de leur donner raison.

 

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