Dans le collimateur de qui au juste ?

Le 6 novembre 2014 à 8h50

Modifié 11 avril 2021 à 2h36

Raouf Sebbahi, réalisateur à la SNRT, a fait des déclarations “crues et cruelles“ selon ses propres termes, dans une interview publiée le 27 octobre par Al-Ahdath Al-Maghribia.

Il y déclare notamment qu’une partie des salariés de l’audiovisuel public est en chômage payé depuis 3 ans, à cause du bras-de-fer sur les cahiers des charges.

Suite à cela, il a été “gentiment“ prévenu qu’il était dans le collimateur.

Raouf Sebbahi a réalisé le film “Lferdi“ et prépare un second long-métrage.

Voici sa réponse.

 

 

«La vie est un voyage, avec un point de départ et un point d’arrivée». Ceci est la première réplique de mon prochain film. En effet, je suis réalisateur, je fais des films, avec toute la connotation et la dénotation que cela implique.

Depuis tout petit, ce monde m’a impressionné. Depuis tout petit, j’ai eu un rêve.­

 

En effet, je suis réalisateur, je raconte des histoires, voici la mienne :

 

Si je devais raconter mon histoire, je commencerais par sa fin, ou plutôt, le début de sa fin. Permette-moi d’imposer mon style, je suis un fanatique du montage éclaté, je n’aime pas le linéaire.

En effet, il y a trois ans de cela, sont apparus les nouveaux cahiers de charges et de nouvelles procédures avec lesquels tout devait désormais faire objet d’appels d’offres.

Vous me direz c’est normal, on parle d’argent public, et donc, pour plus de franchise, de clarté et de transparence ...

C’est beau tout ça, mais ce que vous semblez ignorer, pour ne pas dire occulter, c’est qu’on parle aussi de création, de culture et de rêve, on ne peux donc appliquer ces procédures sans aucune adaptation, comme s’il s’agissait d’une entreprise de BTP.

Le résultat est sans appel: des professionnels en plein désarroi, des boîtes de production qui font faillite et des fonctionnaires qui chôment, oups je récidive.

Oui on chôme, car hors sujet, aucune case n’a été prévue pour ces professionnels sous contrat avec les chaînes publiques. Un coup, c’est un conflit d’intérêts, un autre, c’est un changement de procédures, et puis tous ces genres télévisuels désormais inaccessibles hors appels d’offres, auxquels les internes n’ont pas accès.

La boucle est bouclée, qui est le premier ? L’œuf ou la poule? Ni l’un ni l’autre, ça doit être le rêve.

               

En effet je suis réalisateur,

Je suis réalisateur à la SNRT depuis 2005, et depuis, je rêve, je réalise, je raconte des histoires. Durant ces années, j’ai eu la chance de rencontrer des HOMMES de rêve.

Ca a commencé par M. Magazine, il fut cru, imprévisible mais sincère. Il m’a même, des fois, privé d’exprimer mon point de vue,  ce que j’ai accepté volontiers, il était vrai.

Puis j’ai rencontré M. Documentaire, mûr, partageur et généreux. Il m’a ouvert une nouvelle porte, celle de raconter des histoires vraies, mais selon ma vision.

Vint le moment où je fit la connaissance d’une Dame d’exception joueuse fidèle vicieuse, pudique, extravagante, propre ou pas là n’est pas la question, Mme Fiction.

                              

En effet je suis réalisateur, et un réalisateur est souvent un dictateur, il m’est venu l’idée d’arranger une rencontre entre Mme Fiction et M. Documentaire, ça a plutôt bien marché.

Revenant à celle qui m’a charmé, séduit et dont je ne peux plus me passer: Mme Fiction, éclater la narration c’est mon vice je vous avais prévenu, elle m’a emporté dans son univers à raconter des histoires à tort et à travers jusqu’à atterrir dans la planète revolver  «LFERDI» ma plus belle réussite jusqu’aujourd’hui.

Il fut un petit bout de chou,  ce qu’on appelle téléfilm ...  pardonnez-moi, télé-métrage, pardonnez-moi, un long-métrage, qui avec un petit peu de volonté et beaucoup d’amour a sillonné la planète, oui il a été aimé, chouchouté, encadré et même primé. Mais ça c’était avant, il y a de cela trois ans.

Retour au point de départ ou plutôt d’arrivée, celui des appels d’offres: La crise cardiaque.

Jusqu'à quand? Ne voyez vous pas l’urgence de tout un secteur, la détresse de tous ceux qui en vivent, ne comptez-vous pas le réanimer?

Notre domaine était tel un marié tiré à quatre épingles, propre sur lui bien rasé très excité par ce que l’avenir compte lui dévoiler. Le sort s’est acharné contre lui. 

Vos mesures ont échoué car mal préparées, Trois années se sont écoulées et aucun prémice de changement.

Alors oui les journées d’étude, les commissions et les ‘tawsiyate’on a tout notre temps et puis l’audiovisuel, c’est quoi? C’est juste un divertissement, un luxe dont on peut se passer. Ce n’est pas comme si c’était important pour la bonne santé culturelle du pays. Ce n’est pas comme si on parlait du quatrième pouvoir ou du septième, huitième voire du neuvième art.

Comment osez-vous, sous prétexte d’égalité des chances, avorter toutes les chances de rêver,  d’exister, de créer  et donc de réaliser ?

 

En effet Je suis réalisateur  et je continuerai de rêver, de raconter des histoires, la mienne, la votre ou la leur, en tout cas j’y crois, ceci est mon rêve.

La vie est un voyage, avec un point de départ et un point d’arrivée. J’ai connu mon point de départ, je connais mon point d’arrivée. Personne ne m’empêchera de l’atteindre.

 

En effet je suis réalisateur, et la politique n’est pas mon fort, que ce soit celle de l’autruche, ou du porc. Alors punissez-moi! S’il vous en vient l’envie. Détestez-moi!

 Si cela vous fait du bien, ou vous permet de vous rapprocher les uns des autres. Mais ce que je pense, je le clame haut et fort.

               

En effet, je suis réalisateur, dans le collimateur de qui au juste?


 

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