Dans l’optique d’accélérer son développement économique, social et environnemental, la région Souss-Massa avait été dotée de trois programmes phares : le Programme de développement régional (PDR 2022-2027), avec une enveloppe de 37 MMDH, le Programme de développement urbain (PDU), devant mobiliser 7,4 MMDH d’investissements, et le Plan d’action communal (PAC 2022-2027) qui mobilisera, 2,7 MMDH d’investissements.

La table ronde, organisée sous le thème "Agadir : horizon 2030" dans le cadre du "M24 Tour" dans la région Souss-Massa, a été l’occasion d’interpeller les différents intervenants sur l’état d’avancement et sur le financement des différents programmes. L’autre interrogation cruciale à laquelle les participants ont apporté des réponses, a trait au positionnement des programmes précités par rapport à l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030 qui se tiendra au Maroc, en Espagne et au Portugal. Pour rappel, le chef-lieu de la région Souss-Massa fait partie des six villes choisies par les autorités pour abriter les matchs de l’évènement planétaire qui fait vibrer les férus du ballon rond.

A Agadir, un effort d’investissement exceptionnel 

Signé en février 2020 devant le Souverain et visant à mettre à niveau la ville d’Agadir, le PDU, financé à hauteur d’un peu plus de 2 MMDH par la commune, a été une réponse idoine face à la perte d’attractivité de la ville, aujourd’hui en pleine transformation. Le programme concerne les infrastructures, les projets sportifs, culturels et sociaux ainsi que les espaces verts.

"Au niveau de la commune, nous considérons le PAC comme un PDU 2. Les montants du PDU et du PAC représentent au total plus de 10 MMDH d’investissements sur sept ans, ce qui équivaut à un effort d’investissement annuel de près de 1,5 MMDH. Ce qui est énorme pour une localité qui n’a pas connu un effort d’investissement semblable au cours des 10, 20 dernières années", explique El Bachir Benhmed, vice-président chargé du Budget et Financement à la commune d’Agadir.

La Coupe du monde, un élément accélérateur pour la mise à niveau de la ville

"La ville d’Agadir et la région Souss-Massa sont des bastions de planification. Nous avons un schéma d’aménagement du territoire très long-termiste, complété par un ensemble de programmes liés à des mandats électoraux, notamment le PDR et le PAC qui arriveront à échéance en 2027", argumente Zakaria Oulad, conseiller communal en charge de la coordination du PAC.

Et d’expliquer en substance : "Avec l’organisation de la Coupe du monde, nous avons certes une énorme échéance en 2030. Mais il faut savoir que le PDR et le PAC pour les aspects concernant la ville d’Agadir, avaient déjà fixé des objectifs ambitieux en termes d’attractivité, d’ouverture, de modernité et de modèle de transition durable et intelligente. A ce titre, la Coupe du monde génère pour la ville des ambitions supplémentaires qui accélèrent le rythme de mise œuvre. En réalité, l’évènement international ne chamboule pas les deux programmes."

L’existence de stades aux normes de la FIFA, de terrains d’entraînement, d’infrastructures de transport et d’hébergement, l’expérience touristique et culturelle, la capacité financière ainsi que la sécurité sont des paramètres déterminants pour l’organisation d’une Coupe du monde pour un pays. Or de l’avis de Zakaria Oulad, le PDR, le PDU et le PAC ont anticipé sur beaucoup de ces éléments. Concrètement, pour faire d’Agadir une cité olympique, le PAC avait prévu la réalisation de dix terrains (à onze), dotés entre autres de tribunes, de vestiaires et de parking.

 Infrastructures de transport : plusieurs projets structurants seront achevés avant le Mondial 2030

"Pour le Mondial 2030, les infrastructures sportives ne sont pas un défi pour Agadir dont le Grand stade est en cours de rénovation", assure le conseiller communal. Il a également apporté un éclairage sur la mobilité multimodale, un axe important des trois programmes précités.

Selon notre source, un effort d’investissement important a été consenti dans les infrastructures de transport, soit près de 2 MMDH pour la réalisation des grands axes : boulevard Mohammed V, voie express, voie de contournement d’Agadir par le côté Est (travaux de finition) et futur boulevard Mohamed VI dont les travaux sont achevés.

De plus, l’aéroport Agadir-Al Massira (3e aéroport du Royaume), principale voie d’accès de la destination par les touristes et les visiteurs lors de la Coupe du monde 2030, est en cours d’extension pour un coût global de près de 1 MMDH. Notons que Zakaria Oulad a aussi révélé que les travaux d’infrastructures du bus à haut niveau de service (BHNS) sont déjà achevés et que le BHNS sera opérationnel dans les prochains mois.

Autre annonce : avec la renégociation du contrat avec Alsa Agadir, la flotte de bus sera renouvelée. Mieux encore, certains bus seront électriques, notamment ceux dédiés à la ligne touristique et à celle de l’aéroport.

En clair, les projets d’infrastructures de transport en lien avec le Grand Agadir, planifiés dans le cadre des trois programmes susmentionnés, seront achevés avant 2027, dernière année de mise œuvre du PDR et du PAC.

Sur un autre registre, il est important de préciser que le fait que la ville d'Agadir soit la deuxième destination touristique du Royaume, avec tous les acquis que cela suppose en termes de capacité d’accueil, d’expérience culturelle et de sécurité, facilitera l’accueil de la Coupe du monde 2030.

Mise en place d’une stratégie financière pour financer le PAC

Le conseil communal d’Agadir, premier conseil communal à l’échelle nationale à faire appel au marché des capitaux pour lever 1 MMDH en 2022, a mis en place une stratégie financière pour financer le PAC. La stratégie visant l’amélioration des recettes communales, la rationalisation des dépenses et la détermination de l’assiette fiscale, s’appuie sur quatre principales composantes dont la diversification des sources de financement.

"C’est dans l’optique de diversifier les sources de financement que le bureau du conseil communal a pris l’initiative de faire appel au marché des capitaux pour répondre aux besoins de financement en 2022", rappelle El Bachir Benhmed, vice-président chargé du Budget et Financement à la commune d’Agadir, qui n’a pas manqué d’indiquer le caractère laborieux de la levée de fonds.

"Il a fallu d’abord convaincre le bureau du conseil communal, ensuite les ministères de l’Intérieur et de l’Economie et des finances pour obtenir leur autorisation avant de recourir au marché des capitaux", renseigne le vice-président de la commune d’Agadir, laquelle réalise, chaque année, un excédent budgétaire oscillant entre 200 et 250 MDH.

Toujours selon El Bachir Benhmed, les autres contraintes relatives à la levée de fonds résidaient dans la nécessité de persuader les investisseurs de souscrire à l’emprunt obligataire de la commune et celle d’avoir l’accord de l’Autorité marocaine des marchés de capitaux (AMMC).

"Après la décision du bureau du conseil communal, il a fallu une année pour lever 1 MMDH sur le marché des capitaux. Et ce, à des conditions intéressantes, notamment avec un taux fixe, ce qui permet à la commune d’avoir de la visibilité sur les charges d’intérêt", confie-t-il. Notons que la monétisation des actifs, autre composante phare de la stratégie financière de la commune d’Agadir, est censée rapporter jusqu’à 500 MDH qui serviront à financer les projets du PAC et du PDU.

Au final, au-delà des retombées économiques de la Coupe du monde 2030 sur le tissu économique du Grand Agadir, l’évènement planétaire permettra à la ville de réaliser des pas de géant en matière de réduction des disparités en infrastructures et équipements entre quartiers.