Ahmed Faouzi

Ancien ambassadeur. Chercheur en relations internationales.

Echanges quotidiens entre familles et populations des deux côtés de la frontière.

Algérie-Maroc: Rupture attendue

Le 25 août 2021 à 9h30

Modifié 25 août 2021 à 9h30

Annoncée avec une mise en scène qui dure depuis plus d'une semaine, la rupture des relations diplomatiques était attendue. Voic la première réaction d'Ahmed Faouzi, ancien ambassadeur et chercheur en relations internationales.

Le ministre algérien des affaires étrangères Ramtane Laamamra a annoncé face à la presse de son pays, le 24 août courant, la décision de la présidence de rompre les relations de son pays avec le Maroc. Ce fût un non-événement tellement la décision était attendue et coulait de source. Le ministre a énuméré les griefs que son pays reprochait au Royaume depuis l’indépendance en 1962.

Le long discours pour justifier le divorce et trouver des arguments à la décision, témoignait du manque d’arguments. Il reflétait l’état des dirigeants algériens cherchant à imposer, à toute la région du Maghreb, leur manière de voir qui est pour le moins inacceptable. L’Algérie, qui a voulu depuis son indépendance, isoler le Maroc dans le Maghreb et en Afrique, s’est isolée elle-même de sa région. Elle fait désormais face à son bilan politique qui restera indélébile dans son histoire.

Avec la chute des cours du gaz et du pétrole et un secteur économique privé presque inaudible, l’Algérie n’a plus rien à offrir comme exemple aux pays du tiers monde, sauf une vétuste idéologie révolutionnaire qui ne nourrit plus son peuple. En Afrique, elle constate, certes avec amertume, que  le Maroc est partout présent. Les entreprises marocaines y travaillent, développent et concrétisent une coopération au profit de tous.

Quant au rêve d’isoler le royaume pour prendre le leadership du Maghreb, l’échec est palpable. Les militaires, qui gouvernent réellement le pays depuis l’indépendance, font face à leur bilan désastreux sur le plan politique et économique. Sur le plan intérieur, et face aux pénuries constatées des matières de première nécessité, la population algérienne réclame, à travers le Hirak, un gouvernement civil et une gestion différente du pays.

Quant à affaiblir le Maroc et l’isoler de son environnement, c’est l’Algérie qui s’est trouvée piégée par sa propre politique. Avec les crises malienne au sud et libyenne à l’Est, puis la fermeture à l’Ouest avec le Maroc depuis 1994, l’Algérie est entourée de foyer de tensions qu’elle a parfois elle-même provoqués et alimentés. La question qu’on est en droit de se poser est la suivante: qu’à fait le peuple algérien et la région pour mériter tout ça ?

Pour avoir une réponse à cette question, il faudrait se rappeler les déclarations des responsables algériens. Qui ne se rappelle pas de la terrible réponse de l’ancien président algérien Bouteflika quand on lui a posé la question sur les raisons de la fermeture des frontières avec le Maroc. Sa réplique fut révélatrice à plus d’un égard: Pourquoi voulez-vous que j’ouvre les frontières pour voir un million d’algériens partir au Maroc et moi je n’en reçois que 5000 marocains chez-moi ?

Le repêchage du général Khaled Nezzar, alors qu’il est lourdement condamné par la justice de son pays, et du diplomate Ramtane Laamamra, n’auguraient rien de bon ni pour le peuple algérien ni pour la région. Les feux déclarés récemment en Kabylie ont rappelé à beaucoup d’observateurs les méthodes utilisées durant la décennie noire.

Quant au retour de Laamamra, la feuille de route qui lui a été certainement tracée est de contenir l’envol du Maroc par tous les moyens. Les arguments ne manquaient pas, et il fallait simplement s’en servir. Son premier voyage vers Addis-Abeba pour intervenir dans la crise entre l’Éthiopie et l’Égypte à propos du barrage de la renaissance est édifiant.

Alors qu’aucun pays ne lui a demandé cette médiation, et que le Conseil de sécurité en a été saisi, Alger rêve de reprendre son rôle de pays révolutionnaire d’autrefois. Seulement, l’époque a changé. Les pays révolutionnaires d’autrefois l’ont compris, et il n’y a que les militaires algériens qui ne s’aperçoivent pas de cette métamorphose et qui s’abstiennent à maintenir le cap. C’est cette inadéquation, entre l’imaginaire d’un côté et le réel de l’autre, qui a fait dire au président algérien actuel que son pays a été derrière l’entrée de la Chine au Nations-Unies. Rien que ça.

L’Algérie est maintenant face à elle-même et à son histoire douloureuse d’un pays sans repères et tristement sans avenir. Échec sur tous les plans. En politique, la contestation de la rue est quotidienne. En économie, le secteur privé a été mutilé par des années de socialisme et de mauvaise prévoyance. En politique étrangère, des milliards engloutis au service d’une cause perdue qui s’appelle le polisario. Résultat des courses : le Maroc est plus présent en Afrique que jamais.  Par son secteur privé et le dynamisme de ses citoyens, par sa finance et sa compétitivité, le Royaume a relevé le défi et donné l’exemple. Contre vents et marées. Qui dit mieux ?...

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