Tout savoir sur le paiement mobile au Maroc

Sara El Hanafi | Le 29/11/2018 à 15:55

La majorité des cas d'usage du paiement mobile pour les particuliers ont été définis. Cela étant, ces utilisateurs ne semblent pas encore saisir le fonctionnement global de la solution. Explications.

La solution nationale de paiement mobile en est encore au stade de démarrage. Bien que des offres aient été déjà lancées par certaines banques, il reste l'interopérabilité, l'offre dédiée aux commerçants, les applications des établissements de paiement et des autres banques... En attendant que l'écosystème soit entièrement constitué et que la solution soit bien expliquée au grand public, le flou persiste chez les futurs utilisateurs.

Cela dit, la majorité des cas d'usage pour les particuliers ont été définis. Pour cette catégorie, quelques opérations de paiement mobile ont déjà démarré. Néanmoins, ce segment ne semble pas encore saisir le fonctionnement global de la solution.

LeBoursier a donc élaboré un guide sous forme de Questions/Réponses pour simplifier le mode opératoire de ce nouveau service de paiement.

- Qu’est ce que le paiement mobile ?

Le paiement mobile désigne tout opération de paiement effectuée depuis un téléphone mobile, vers un autre téléphone mobile ou en effleurant un terminal monétique compatible (photo ci-après).

Au Maroc, le paiement à travers ces terminaux monétiques compatibles n'a pas encore été implémenté. Jusqu'à présent, le paiement mobile désigne donc seulement les transactions effectuées entre téléphones mobiles, à travers des applications dédiées.

- Comment utiliser le paiement mobile ?

Pour commencer à effectuer des paiements mobiles, il faut disposer d’un wallet, c’est-à-dire un portefeuille électronique, qui doit être bien évidemment alimenté en argent. Chaque wallet doit correspondre à un numéro de téléphone mobile national. 

Le mobile devient donc une sorte de porte-monnaie virtuel qu'il est possible de recharger.

- Comment avoir un wallet ? Comment le recharger ou le vider ?

Il faut d’abord choisir le compte sur lequel votre wallet sera adossé, c’est-à-dire le compte à partir duquel vous pouvez l'alimenter en argent ou vers lequel vous pouvez transférer de l'argent.

Vous pourrez choisir soit un compte bancaire, soit un compte de paiement ouvert auprès des établissements de paiement.

Une fois le compte choisi (compte bancaire ou de paiement), vous téléchargez l'application de wallet correspondante à l'institution auprès de laquelle vous avez créé votre compte bancaire ou votre compte de paiement.

Suite au téléchargement de l'application, vous la démarrez et vous renseignez le numéro de téléphone qui sera adossé à votre wallet. Vous recevez un code de vérification par SMS sur l'appareil téléphonique correspondant à ce numéro de téléphone. Vous entrez ledit code dans l'application, pour démontrer que vous êtes l'initiateur de la demande.

C'est parti! Votre wallet est actif. Pour commencer à effectuer des paiements par mobile, il faudra l'alimenter en argent. Cela peut se faire à travers un virement à partir de votre compte bancaire ou de votre compte de paiement, effectué en ligne ou en passant par une agence.

A travers le même procédé, les fonds dans votre wallet peuvent être restitués vers votre compte.

A noter que votre wallet sera protégé par un mot de passe, qu'il faudra entrer à chaque fois que vous désirez ouvrir l'application y afférente sur votre mobile. C'est le niveau de sécurité le plus basique.

Après, chaque banque ou établissement de paiement offrira  des niveaux de sécurité supplémentaires, parmi lesquels le titulaire du wallet choisira ceux qui lui conviennent le plus.

Le wallet peut être résilié, mais le processus de sa résiliation dépendra de chaque établissement.

- Qu'est ce qu'un compte de paiement ? Comment l'avoir ? Et comment fonctionne-t-il?

Contrairement aux comptes de dépôts ouverts auprès des banques, les comptes de paiement sont plafonnés et ne donnent pas droit à la délivrance d’un chéquier, ni la possibilité d’avoir un crédit (y compris le découvert).

Les comptes de paiement sont des comptes prépayés qui permettent de réaliser plusieurs opérations; notamment le dépôt et le retrait d'espèces, les virements, les prélèvements, et le paiement par carte ou justement à travers le mobile.

Pour avoir un compte de paiement, il faudra se diriger vers un établissement de paiement. Chacun de ceux-ci aura son propre procédé d'ouverture de compte mais cela dit, et dépendamment de leurs plafonds, les types de comptes de paiement sont au nombre de trois :

- Des comptes de paiement niveau 1: dont le plafond maximum ne doit, à aucun moment, dépasser un montant de 200 DH. L’ouverture de ce type de compte requiert seulement que le client possède un numéro national de téléphonie mobile.

- Des comptes de paiement de niveau 2 : dont le plafond ne doit pas être supérieur à 5.000 DH. L’ouverture donne lieu au renseignement d’une fiche d’ouverture de compte au nom du titulaire, sur présentation d’un document d’identité officiel (en cours de validité, délivré par une autorité marocaine habilitée ou une autorité étrangère reconnue), portant la photographie du client et dont une copie est annexée à cette fiche.

- Des comptes de paiement de niveau 3 : dont le plafond ne doit à aucun moment dépasser un montant de 20.000 DH. L’ouverture de ce type de compte se fait suite à un entretien avec le titulaire du compte, en vue de recueillir tous les renseignements nécessaires pour vérifier son identité, notamment le document d’identité officiel fourni pour l’identification ainsi qu’un justificatif de domicile.

Une fois le compte de paiement ouvert, il peut être alimenté par dépôt d'espèces ou virement, à partir d'un compte bancaire ou d'un autre compte de paiement déjà existant.

A noter qu'une personne peut disposer d'un compte de paiement sans avoir à utiliser le wallet de paiement mobile qui lui correspond, si la personne n'a pas de téléphone mobile par exemple. Elle peut se contenter d'utiliser la carte prépayée du compte, ou seulement effectuer des dépôts et des retraits d'espèces.

- Y a-t-il des établissements de paiement déjà opérationnels qui offrent ces comptes de paiement ?

Jusqu'à présent, la Banque centrale a accordé des agréments d'établissements de paiement à quelques opérateurs. Il s'agit de Wafacash, Maroc Traitement de Transaction (M2T), Cash Plus, NAPS, Maymouna Services Financiers, le Centre monétique interbancaire (CMI), Barid Cash, Fast Payment, en plus de Maroc Telecom et d'Orange, qui par l'obtention de cet agrément devront créer des filiales établissements de paiement. 

Parmi ces établissements agréés, c'est Wafacash uniquement qui a dévoilé son offre, baptisée Jibi. L'établissement de paiement a également commencé à ouvrir des comptes de paiement.

- Les banques peuvent-elles ouvrir et tenir des comptes de paiement?

Non. Elles devront créer des filiales établissements de paiement, qui seront habilitées à ouvrir des comptes de paiement.

- Mais plusieurs banques viennent de lancer des applications de paiement mobile...

Les applications de paiement mobile lancées par les banques (BPAY de la Banque Populaire, DabaPay de BMCE Bank, Beztam-E du Crédit Agricole du Maroc, et WEPay de CIH Bank) sont des wallets adossés à des comptes bancaires classiques, et non à des comptes de paiement. C'est-à-dire que ces wallets des banques peuvent être rechargés uniquement à partir des comptes bancaires des clients.

D'autres banques sont en train de peaufiner leurs offres en matière de paiement mobile, notamment la Société Générale et Al Barid Bank. Pour sa part, Attijariwafa Bank a annoncé qu'elle se contentera de l'offre de sa filiale Wafacash.

Le paiement mobile permet-il des transferts entre wallets adossés à des comptes bancaires et ceux adossés à des comptes de paiement?

Oui, et ce grâce à l'interopérabilité. Elle permet à un utilisateur disposant d'un wallet chez l'établissement A, d'interagir avec un wallet de l'établissement B ou C, que cet établissement soit banque ou établissement de paiement.

Elle permettra donc également des interactions entre les wallets de différents opérateurs bancaires entre eux, tout comme entre les wallets de différents établissements de paiement.

Jusqu'à présent, huit banques et établissements de paiement ont été homologués par le switch d'interopérabilité. Leur plateforme est donc raccordée au système de paiement mobile.

Ces établissements sont: Al Barid Bank, CIH Bank, la BCP, la BMCE, le Crédit Agricole du Maroc, Wafacash, Maymouna Services Financiers, et la Société Générale. C'est dire que ces établissements bancaires et non bancaires se préparent à lancer leurs applications pour ceux qui ne l'ont pas encore fait, et à commencer à effectuer des transactions interopérables.

Le démarrage de l'interopérabilité dans le paiement mobile n'est toutefois prévu que pour la fin de ce mois de novembre, selon les dires de Bank Al-Maghrib. Jusqu'à présent, les transferts ne se font qu'entre wallets du même établissement.

- Peut-on avoir plusieurs wallets, adossés à différents comptes bancaires ou comptes de paiement ?

Oui, chaque wallet devant correspondre à un numéro de téléphone mobile. Un seul numéro de téléphone pourra disposer de plusieurs wallets.

- Quels types de transactions puis-je effectuer à travers le paiement mobile ?

Il existe plusieurs types de transactions qui peuvent être effectuées par ce canal.

Pour l'instant, seuls les transferts nationaux entre particuliers sont permis. Le paiement mobile permettra également le paiement des achats dans le commerce de détail (l'offre de paiement mobile pour les commerçants est en plein développement) et le paiement de factures.

A terme, les prestations sociales, les indemnités et les salaires pourront également être versés sur les wallets.

- Concrètement, comment se passe la transaction ?

Prenons une personne A qui veut transférer une somme de 100 DH à une personne B, via paiement mobile.

Sur l'application mobile correspondant à son wallet, la personne A renseigne le numéro de téléphone de la personne B, ainsi que le montant de la transaction (soit 100 DH).

Si les paramètres de sécurité de son wallet le permettent, la personne A renseigne également le code confidentiel qu'elle a choisi pour autoriser le paiement.

Les deux personnes reçoivent ensuite une confirmation de la transaction, généralement par SMS. Le débit et le crédit des wallets de A et B se fait en instantané.

- L’utilisation du paiement mobile pour ces transactions a-t-elle un coût?

Bank Al-Maghrib a prévu 5 services gratuits dans le cadre du paiement mobile: La souscription au wallet, sa recharge en espèces, le paiement des commerçants pour l'acheteur (hors paiement de factures), la consultation de solde ainsi que la résiliation du wallet.

Hors ces services là, toutes les autres transactions seront payantes. Leur coût dépendra des choix commerciaux de chaque établissement, en plus de la typologie de la transaction et de son montant.

- Qu'est ce qui se passe si je perds mon appareil téléphonique, ou mon numéro de téléphone portable?

En cas de perte de votre appareil téléphonique, les opérateurs assurent que rien de dangereux ne se produit puisque l'application de votre wallet est protégée par mot de passe. Il faudra toutefois vous procurer une nouvelle carte SIM avec le même numéro de téléphone perdu avec votre appareil, si vous désirez continuer à utiliser le wallet lié à ce numéro.

Une fois que vous vous procurerez un nouveau téléphone portable et que vous y insérerez la nouvelle carte SIM qui porte votre ancien numéro de téléphone, vous pouvez réinstaller l'application de votre wallet sur votre nouvel appareil.

Après l'installation de l'application, lorsque vous renseignerez votre numéro de téléphone, l'application vous signalera que ce numéro est lié à un autre appareil téléphonique et vous donnera le choix d'utiliser le wallet sur le nouvel appareil.

Lorsque vous accepterez, un SMS avec un code de vérification sera envoyé à votre nouvel appareil. Vous devrez renseigner ce code de vérification sur l'application de votre wallet fraîchement installée sur votre nouveau téléphone, pour pouvoir réutiliser votre wallet normalement.

En cas de perte de votre numéro de téléphone (cessation de paiement de factures téléphoniques, numéro non utilisé pendant longtemps, etc.), des opérateurs soulignent que la solution à cet éventuel problème n'a pas encore été définitivement formulée.

Les opérateurs Télécom planchent sur l'idée de déterminer une période jachère durant laquelle le numéro en question ne sera pas réattribué à une autre personne, en attendant que le propriétaire du numéro et donc du wallet qui y est adossé se manifeste, régularise sa situation ou même retire son argent du wallet auprès d'une agence.

D'autres opérateurs proposent que le numéro perdu ne soit jamais réattribué, car le numéro de téléphone reste le seul identifiant unique à un wallet.

- Quels sont les avantages des comptes de paiement et du paiement mobile ?

L’objectif ultime de la solution de paiement mobile est de réduire l’utilisation et la circulation du cash et des aléas qui entourent sa manipulation (perte, vol, manque de traçabilité, etc.). Pour leur part, les comptes de paiement constituent une première étape d’inclusion financière et un outil de familiarisation des personnes pour la plupart non bancarisées aux services de paiement.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.
lire aussi
  • | Le 28/3/2024 à 9:52

    LafargeHolcim Maroc : hausse de 11,2% du résultat net dans un contexte compliqué en 2023

    Le groupe est parvenu à maintenir ses revenus dans un marché 2023 flat pour les cimentiers. La profitabilité a progressé du fait de la hausse du résultat d'exploitation et de la révision de la base d'impôts différée suite à la hausse progressive de l'IS.
  • | Le 26/3/2024 à 16:12

    Un déficit maîtrisé du Trésor attendu en 2024 à 62 MMDH (AGR)

    Le besoin de financement brut du trésor d'ici la fin de l'année est de près de 110 MMDH. Sur ce montant, 65 MMDH seront couverts par le financement extérieur. La dette du Trésor devrait progresser de 6% en 2024 à 1.086 MMDH. Sa composante extérieure devrait, quant à elle, progresser de 19% à 315 MMDH.
  • | Le 26/3/2024 à 12:34

    HPS : recul de 14,6% du RNPG en 2023

    Le groupe a pu capitaliser sur la bonne tenue de son activité de paiement, en hausse de 19% et comptant pour 86% des revenus. La profitabilité a été impactée par l’effet de change défavorable et par la nouvelle réglementation en vigueur concernant l’IS. Un dividende de 6,8 dirhams sera proposé, en hausse de 13,3% par rapport à celui de 2022.
  • | Le 25/3/2024 à 10:24

    Akdital : les bénéfices doublent en 2023, dividende de 6 dirhams par action

    Le groupe a affiché une forte croissance de ses revenus et de sa profitabilité en 2023 du fait de la bonne performance des établissements historiques et des nouveaux établissements du périmètre 2023. Le dividende passe de 3,25 dirhams par action en 2022 à 6 dirhams en 2023. Une quinzaine de nouveaux établissements seront ouverts cette année.
  • | Le 24/3/2024 à 8:35

    Bourse : Voici pourquoi certaines petites ou moyennes capitalisations sont léthargiques

    Plusieurs valeurs de la cote ne sont pas ou peu échangées sur le marché. Il y a plusieurs raisons expliquant le manque de dynamisme de certains titres en bourse. L'illiquidité est une des raisons et cette dernière peut être causée par plusieurs variables. Bachir Tazi, DG de CFG Marchés nous livre sa vision. La communication financière lacunaire est également un frein pour les investisseurs qualifiés.
  • | Le 21/3/2024 à 17:01

    Managem : “Des projets en cours vont changer la taille du groupe à court terme” (Imad Toumi)

    L’année 2024 sera principalement axée sur le déploiement des grands projets en cours qui sortiront de terre l’an prochain. Une hausse des revenus et des marges est attendue dès l’an prochain grâce au cuivre de Tizert, l’usine de sulfate de cobalt de Guemassa, l’extension de la mine de Tri-K et le démarrage du projet sénégalais Boto. D’ici 2030, le groupe ambitionne les 500.000 onces d’or de production et l’enrichissement des chaînes de valeur.