Parfois avec réticence, la finance américaine adopte le bitcoin

| Le 14/6/2021 à 7:53

Parier sur le bitcoin et autres devises virtuelles est risqué, légalement incertain, mais potentiellement très lucratif. Face à ce dilemme, les géants de Wall Street avancent leurs pions, entre emballement et scepticisme.

Le patron de la plus grande banque américaine JPMorgan Chase a un avis tranché sur les cryptomonnaies.

« Si vous me demandez mon conseil, je vous dirais de ne pas vous en approcher », a asséné fin mai Jamie Dimon lors d’une audition parlementaire.

Mais « ce n’est pas à moi de dire aux gens comment dépenser leur argent », a-t-il ajouté. Sa banque étudie actuellement comment aider ses clients à parier sur les cryptomonnaies.

Dopée pendant la pandémie par des boursicoteurs ayant du temps et de l’argent, la valeur de nombreuses devises virtuelles s’est envolée en 2020 et en début d’année.

Quelques-uns ont raflé la mise, attirant les envieux. Banques, courtiers et sociétés d’investissement s’empressent de les satisfaire.

Le vénérable gestionnaire d’actifs State Street a ainsi annoncé jeudi la création d’une division dédiée aux actifs numériques.

Mercredi, le patron du courtier en ligne Interactive Brokers a de son côté affirmé que ses clients pourraient échanger des cryptomonnaies sur le site d’ici la fin de l’été.

Robinhood 

Comme ses concurrents Charles Schwab ou Fidelity, Interactive ne permet pas actuellement de parier directement sur le bitcoin et autres devises virtuelles comme l’ethereum, mais propose des produits financiers liés au bitcoin qui évitent d’en détenir dans son portefeuille.

Si les boursicoteurs veulent acheter et vendre des cryptomonnaies, ils peuvent se rendre sur une application comme Robinhood ou sur la plateforme spécialisée Coinbase.

La société ForUsAll, qui gère l’épargne-retraite de 70.000 employés, a passé lundi un accord avec Coinbase pour permettre à ses clients d’inclure jusqu’à 5% de cryptomonnaies dans leurs fonds.

La banque d’affaires Morgan Stanley a indiqué en mars qu’elle allait permettre à ses clients les plus riches d’investir dans des fonds en bitcoin. Goldman Sachs a récemment lancé une équipe dédiée au courtage des cryptomonnaies.

Les patrons des banques Wells Fargo, Citigroup et Bank of America ont tous indiqué lors d’une audition parlementaire fin mai être en train de se pencher sur la question, en insistant tous sur une nécessaire prudence.

Fidelity Investment, un des plus gros gestionnaires d’actifs dans le monde, propose depuis 2018 des services de courtage et de dépôt réservés à quelques investisseurs comme les hedge funds. Mais il a déposé un dossier pour un fonds coté en Bourse répliquant les fluctuations de la devise virtuelle, un « bitcoin ETF ».

Ce genre de produits, bien connus des boursicoteurs, pourrait faciliter l’accès des particuliers aux cryptomonnaies.

Malgré une ouverture progressive, parier sur ce genre d’actifs reste très hasardeux.

Hackers 

La réglementation n’est pas claire, les vols par des hackers sont fréquents. Surtout, la volatilité est énorme: le bitcoin est passé d’environ 30.000 dollars en début d’année à 63.000 dollars mi-avril, avant de redescendre à moins de 34.000 dollars début juin.

« Les spéculateurs et ceux qui craignent de rater une bonne occasion vont continuer à affluer vers les cryptos en espérant se faire beaucoup d’argent », remarque Ian Gendler du cabinet de recherche Value Line.

Il déconseille lui-même à ses clients d’y investir en raison des risques trop élevés et de l’impossibilité d’estimer sa valeur: contrairement à une entreprise ou une matière première, les cryptomonnaies ne reposent sur aucun actif tangible et contrairement aux devises, elles ne sont pas garanties par un gouvernement.

Les cryptomonnaies « ne valent que ce que le prochain investisseur acceptera de payer », rappelle M. Gendler.

Pour Chris Kuiper du cabinet CFRA, cette classe d’actifs, encore émergente, est là pour longtemps. Son adoption va probablement s’accroître « au fur et à mesure que le cadre légal et réglementaire va se construire », prédit-il.

Mais c’est encore l’inconnu de ce côté.

Le Comité de Bâle, chargé de définir les règles prudentielles pour le secteur bancaire, a indiqué jeudi vouloir demander aux banques s’exposant aux cryptoactifs de mettre plus d’argent de côté pour se protéger contre les risques de défaut.

Le nouveau président du gendarme américain de la Bourse, la SEC, martèle de son côté qu’il faut de nouvelles règles.

Les gens qui investissent dans les cryptomonnaies « n’ont pas les protections qu’ils ont sur le marché boursier ou des matières premières », a-t-il encore répété mercredi sur la chaîne CNBC.

(AFP)

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