Finances publiques : un solde ordinaire à l'équilibre est possible à partir de 2022-2023 (Attijari)

| Le 6/1/2021 à 10:13

Dans une note de recherche, Attijari global research anticipe un retour à l’équilibre du solde ordinaire de l’Etat à compter des années 2022-2023. Voici les facteurs qui pourraient contribuer au rebond des recettes vers leur niveau pré Covid-19.

La crise du Covid-19 a eu un impact considérable sur l’économie marocaine, comme partout ailleurs.

Concrètement, l’impact de cette crise se traduit à travers un recul de 6,6% du PIB (contre +2,6% pré-Covid), un solde ordinaire du budget de l'Etat négatif pour la première fois depuis 2014 et un déficit budgétaire en hausse à 7,5%, comme le rappelle Attijari Global Research au niveau d’une note de recherche analysant les différentes rubriques des recettes & dépenses de l’Etat et anticipant un retour à l’équilibre à compter des années 2022-2023.

Les économistes d’Attijari rappellent que, sur la base de l’hypothèse d’une dissipation progressive de la pandémie à partir du 2ème trimestre 2021 ; l’année 2021 devrait enregistrer une croissance économique de 4,8%, d’après la LF 2021.

Mais, en matière d’équilibre budgétaire, le solde ordinaire demeurerait déficitaire de 10 milliards de DH. Face à ce constat, les analystes soulèvent deux principales questions :

- Qu’est-ce qui expliquerait un tel retard dans le rétablissement de l’équilibre budgétaire ?

- Après le glissement budgétaire des années 2020 & 2021, le Trésor est-il capable de redresser la barre et de rétablir l’équilibre du solde ordinaire, et dans tel cas, à quel horizon ?

Les 2 causes du retard dans le rétablissement de l’équilibre budgétaire

L’Etat peinerait à rétablir l’équilibre du solde ordinaire à cause principalement de deux éléments : les effets décalés du choc Covid-19 sur les revenus du Trésor et la nécessité d’alimenter la croissance économique par la dépense publique.

Les dommages collatéraux de la crise du Covid-19 n’ont pas été limités à 2020. Parmi les résultats du choc du Covid, Attijari se focalise sur les recettes d’impôts qui devraient afficher une nouvelle baisse en 2021 après celle enregistrée en 2020.

Les économistes expliquent cette contre-performance par l’impact de la hausse du chômage sur la consommation, l’anticipation d’une baisse des bases imposables assujetties à l’IR et l’IS pour les contributeurs au fonds de solidarité Covid-19 et, aussi, par la prévision d’un autre recul des bases imposables assujetties à l’IS lié à la possibilité pour les entreprises d’amortir sur 5 ans les frais fixes engagés en période de sous activité constatée en temps de pandémie Covid-19.

En parallèle, « Le contexte économique actuel appelle à une forte participation de l’État dans l’alimentation de la croissance économique », soulignent les analystes qui prévoient ainsi une hausse des dépenses ordinaires de 4% en 2021 (après 6,3% en 2020).

D’après Attijari, la hausse anticipée des dépenses ordinaires tient compte de l’impact du dialogue social sur la masse salariale (estimé à 7 MMDH en 2021) et du maintien du niveau de recrutements observé lors de la période 2016-2020. S’ajoute à cela le retour progressif du budget de la compensation à un niveau normatif dans l’hypothèse d’une reprise de l’activité mondiale qui engendrerait une hausse mécanique des prix du butane.

« L’ensemble de ces éléments précités mène vers un solde ordinaire déficitaire de -10 MMDH. Allégé certes par rapport à sa valeur attendue en 2020 (-15 MMDH) ce niveau vient, de nouveau, transgresser la règle dite d’or de réserver le financement de la dette aux investissements », commentent les analystes.

Le redressement du solde ordinaire devrait se réaliser via un relèvement des recettes 

Les économistes estiment que « le redressement du solde ordinaire constitue davantage un enjeu de rehaussement des recettes plutôt que des économies sur les coûts. Rappelons que celles-ci, bien que pertinentes jusqu’à un certain seuil, s’amenuisent avec le temps. En effet, la structure des dépenses vient appuyer nos propos. La part dominante présente peu de marge de manœuvre ».

Plus précisément, « les salaires et les intérêts de la dette seraient peu enclins à la baisse : Celles-ci pèsent pour plus des deux-tiers (68%) des dépenses ordinaires en 2021E, et présenteraient peu de possibilités d’économies dans un contexte de choc ». 

De son côté, « la réforme de la caisse de compensation est, de nouveau, l’économie de coûts la plus en vue. Les avancées réalisées dans le processus de ciblage de la population au-delà de l’expérience acquise lors de la pandémie Covid-19 permettraient l’accélération de cette réforme », indiquent-ils.

Représentation du poids et du rythme d’évolution des principales dépenses

Source : AGR.

En face, « le rehaussement des recettes présenterait des niveaux de complexité disparates », estiment-ils.

Dans le détail, les recettes d’impôts directs constituent un véritable chantier en cours des finances publiques. « Historiquement durant la période (2012 -2019), la progression des recettes d’impôts directs a été moins rapide que celle du PIB. A contrario, celles-ci se montrent très affectées en période de choc, et devraient se délaisser de 16 MMDH (-15%) en l’espace de 2 ans (2020-2021) », expliquent-ils en soulignant que « le Trésor escompte un retour sur les actions de relance, notamment les amnisties fiscales, la création d’un fonds d’investissement de 15 MMDH et les incitations fiscales accordées aux nouveaux recrutements par les sociétés ».

De leur côté, les recettes douanières sont inscrites dans une tendance haussière. « Cela va de pair avec la reprise des flux d’échange à l’international et une stabilité des taux de droits de douane dans leur ensemble ».

Les recettes non fiscales, quant à elles, représentent un réel appoint pour le Trésor. « Une reprise économique contribuerait à une progression des recettes de monopoles et surtout présenterait les conditions nécessaires à la relance du programme de privatisation », soulignent-ils.

Représentation du poids et du rythme d’évolution des principales recettes

Tenant compte de l’ensemble de ces éléments, Attijari voit qu’un retour à l'équilibre du solde ordinaire serait possible à compter des années 2022-2023.

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