Le FMI souligne l'efficacité du paiement mobile face à la crise sanitaire, le Maroc en retard à cause des commerçants
Le Fonds monétaire international (FMI) a publié lundi 22 juin une étude sous le thème “les paiements mobiles aident les populations pendant la pandémie”. Le FMI souligne que la pandémie du Covid-19 a poussé un grand nombre de pays à renforcer leurs écosystèmes d’argent mobile et à résoudre des contraintes spécifiques. Le Maroc est toutefois en retard à cause des commerçants qui sont toujours réticents.
Dans le cadre de cette étude, le FMI souligne que beaucoup de pays émergents et à faible revenu renforcent leur appui direct aux ménages et aux particuliers afin de préserver l’emploi, lourdement impacté durant la crise sanitaire actuelle.
Les données manquantes sur la situation d’emploi et la distinction floue entre les entreprises et les particuliers dans l'économie informelle entravent la mise en œuvre de politiques de marché du travail efficaces. Par conséquent, les pouvoirs publics misent sur les transferts monétaires pour renforcer leurs dispositifs de protection sociale tout en s'efforçant d’en élargir leur couverture.
À l’échelle mondiale, 30% de toutes les initiatives prises par les pays depuis le début de la pandémie relèvent de transferts monétaires.
Selon le FMI, l’argent mobile est un moyen efficace, et conforme aux règles de distanciation physique, pour effectuer des transferts monétaires à grande échelle. Cela compte tenu du nombre très élevé de détenteurs et d’utilisateurs de téléphones mobiles dans les pays émergents et les pays en développement. Et du fait que, mondialement, il existe 228 points de services d’argent mobile, pour 100.000 adultes, contre seulement 11 banques et 33 distributeurs automatiques de billets.
Même indépendamment de la crise sanitaire, plusieurs pays ont cherché à dynamiser les plateformes de paiement mobile dans le but de réduire la corruption, d'accroître l’efficience et la transparence budgétaire, et d'élargir l’inclusion financière, surtout pour l'économie informelle et les femmes.
Mais la pandémie du Covid-19 a poussé un grand nombre de pays à renforcer leurs écosystèmes d’argent mobile et à résoudre des contraintes spécifiques.
L’argent mobile peut donc aider les populations rurales et éloignées, à accéder aux programmes publics de transferts sans devoir parcourir de longues distances ou faire la queue et sans même disposer de compte en banque. Ce qui représente un avantage crucial dans un monde où 1,7 milliard de personnes n’ont toujours pas accès aux établissements financiers formels.
Le Maroc, en retard à cause des commerçants
Durant le dernier point de presse organisé à l’issu du Conseil de Bank Al-Maghrib du 16 juin , Abdellatif Jouahri avait déclaré que la liquidité bancaire a été impactée par les sorties de cash dues aux aides accordées par l'Etat aux ménages durant cette crise sanitaire.. S'il y avait le mobile banking, on aurait pu limiter les sorties de cash. Et que ce qui bloquait c'est l'écosystème des commerçants.
BAM avait demandé l'année dernière un soutien aux commerçants pour qu'ils adhèrent. Mais dans la loi de finances 2020, il y a eu une seule mesure fiscale. Maintenant, avec l'expérience de cette année, le ministère des finances est assez sensibilisé sur la nécessité d'encourager l'adhésion au paiement mobile. Il y a une promesse de Benchaâboun suite à une lettre de BAM.
A rappeler que BAM avait préparé une panoplie de propositions d’incitations fiscales et non fiscales pour encourager l’utilisation des m-wallets par les petits commerces.
Ainsi, malgré le démarrage de l’interopérabilité dans le paiement mobile qui est effective depuis début juin 2020 et qui est opérationnelle chez CMI, les commerçants restent toujours réticents pour plusieurs raisons dont la traçabilité des opérations. Les commerces structurés ayant annoncé le lancement du paiement mobile ne représentant pas la majorité des opérateurs.
Le Maroc est donc appelé à accélérer ce chantier, en faisant adhérer les commerçants mais aussi en relevant d'autres défis soulignés par le FMI. Les personnes dans les régions rurales et reculées n’ont pas forcément accès à un réseau mobile, aux agents d’argent mobile ou tout simplement à l’électricité. L’échange de l’argent mobile contre des espèces peut encore être onéreux. D’autre part, l'illettrisme numérique et financier peut faire obstacle à l’utilisation des services mobiles numériques..
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